La cause de notre élection : une élection inconditionnelle (Paulin Bédard)
La cause de cette élection gratuite est le seul bon plaisir de Dieu. Elle ne consiste point en ce qu’il a choisi pour condition du salut certaines qualités ou actions humaines, parmi toutes celles qui sont possibles ; mais en ce que, du milieu de la commune multitude des pécheurs, il a pris à soi en héritage particulier un certain nombre de personnes, ainsi qu’il est écrit : « Car les enfants n’étaient pas encore nés, et ils n’avaient fait ni bien ni mal, […] il fut dit à Rébecca : L’aîné sera assujetti au plus jeune, selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Ésaü » (Ro 9.11-13). Et : « Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent » (Ac 13.48).
— Canons de Dordrecht, article I.10
Pourquoi Dieu a-t-il choisi certaines personnes et pas d’autres ? Pourquoi Dieu m’a-t-il choisi ? Ce n’est pas à cause de notre foi ni à cause de notre sainteté. Ce n’est pas parce que Dieu a vu d’avance que nous allions croire en lui et persévérer. Alors, pourquoi nous a-t-il choisis ? Qu’est-ce qui a bien pu le motiver ou le pousser à nous choisir ?
Le bon plaisir de Dieu
L’article I.10 nous dit que « la cause de cette élection gratuite est le seul bon plaisir de Dieu ». Pour le dire comme l’on parle : il nous a choisis parce qu’il en avait le désir. Il nous a choisis parce qu’il voulait le faire.
« Il nous a prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté » (Ép 1.5).
Le texte grec utilise le mot « eudokia » qui veut dire « bon plaisir ». Selon le bon plaisir de sa volonté. Quelques versets plus loin, Paul ajoute :
« Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, selon le bienveillant dessein qu’il avait formé en lui-même », ou encore le bon plaisir qu’il avait établi d’avance (Ép 1.9).
Ce mot « eudokia » revient à quelques reprises dans la Bible. Au baptême de Jésus et à sa transfiguration, le Père a dit que son Fils était l’objet de son bon plaisir (« eudokéô », Mt 3.17 ; 17.5). C’était une marque d’affection toute particulière. Jésus a dit : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi » (ton bon plaisir) (Mt 11.25,26). Paul a déclaré : « C’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Ph 2.13). Il a dit aussi : « C’est pourquoi aussi nous prions continuellement pour vous, afin que notre Dieu vous juge dignes de la vocation, et qu’il accomplisse par sa puissance tous les desseins bienveillants de sa bonté » (tout le bon plaisir de sa bonté) (2 Th 1.11). Il faut laisser Dieu être Dieu. Son bon plaisir est inexplicable en dehors de lui. Il trouve sa racine en lui seul.
Le bon plaisir de Dieu ne tient compte d’aucune considération humaine
La cause de cette élection « ne consiste point en ce qu’il a choisi pour condition du salut certaines qualités ou actions humaines, parmi toutes celles qui sont possibles » (I.10). Dieu n’a pas cherché les gens les plus riches, les plus beaux, les plus civilisés, les plus intelligents. Il a simplement choisi selon son bon plaisir. Autrement dit, il n’a nullement pris en considération des qualités qu’il aurait pu trouver en nous-mêmes. Il a trouvé en lui-même, en lui seul, les raisons de nous choisir librement. « Il y a un reste selon l’élection de la grâce » (Ro 11.5). Quelle belle expression : l’élection de la grâce !
L’article I.10 cite en exemple Romains 9 où Paul rappelle l’histoire d’Ésaü et de Jacob, ou plutôt ce qui précède l’histoire d’Ésaü et de Jacob : « Car les enfants n’étaient pas encore nés et ils n’avaient fait ni bien ni mal (afin que le dessein d’élection de Dieu subsiste, sans dépendre des œuvres, et par la seule volonté de celui qui appelle), quand il fut dit à Rebecca : L’aîné sera assujetti au plus jeune, selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob et j’ai haï Esaü » (Ro 9.11-13). Dieu a déclaré ses intentions envers Ésaü et Jacob alors qu’ils étaient encore dans le ventre de leur mère. Pourquoi a-t-il choisi Jacob et pas Ésaü ? La Bible nous dit que c’est simplement parce que Dieu le voulait ainsi.
L’humilité
Évidemment, une telle vérité nous oblige à rester humbles. Si la cause de l’élection est purement le bon plaisir de Dieu, cela m’amène à me demander : pourquoi Dieu m’aime-t-il ? Pourquoi a-t-il fait de moi son enfant ? Pourquoi m’a-t-il donné le cadeau de la vie éternelle ? Pourquoi moi et pourquoi pas d’autres ? La réponse est que cela n’a rien à voir avec moi, ce n’est pas parce qu’il aurait trouvé quelque chose d’intéressant en moi. « Du milieu de la commune multitude des pécheurs, il a pris à soi en héritage particulier un certain nombre de personnes » (I.10). La seule raison se trouve en lui. Cela lui plaît de le faire.
Il a trouvé plaisir de m’aimer, de me donner son Fils et de me donner son Saint-Esprit. Il trouve sa joie de nous donner la foi et la vie éternelle et de faire de nous son bien le plus précieux, ses enfants chéris, son héritage éternel. Il a agi envers moi comme il l’avait prévu dans son décret éternel depuis toujours ! Je ne suis pas meilleur que les autres. Dieu a commencé son œuvre de salut en moi parce qu’il en a décidé ainsi depuis toute éternité. Il ne l’a pas fait à cause de moi, mais malgré moi.
« Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles ! […] Qui lui a donné le premier, pour qu’il ait à recevoir en retour ? C’est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses ! À lui la gloire dans tous les siècles ! » (Ro 11.33-36.)
Cet article est tiré du livre : Le solide fondement du salut de Paulin Bédard