La certitude de notre élection (Paulin Bédard)
Les élus sont, en temps opportun, rendus certains de cette élection dont ils sont l’objet – élection éternelle et immuable au salut – quoique ce soit par degrés et dans une mesure inégale ; non pas en sondant avec curiosité les secrets et les profondeurs de Dieu, mais en prenant conscience en eux-mêmes, avec une joie spirituelle et une sainte liesse, des fruits infaillibles de l’élection distingués dans la Parole de Dieu, comme le sont la vraie foi en Jésus-Christ, la crainte filiale envers Dieu, la tristesse selon Dieu, la faim et la soif de justice, etc.
— Canons de Dordrecht, article I.12
Nous pouvons être certains de notre élection
Les Écritures enseignent que Dieu a élu certaines personnes à la vie éternelle et qu’il en a laissé d’autres dans leur perdition. Inévitablement, cela soulève la question : suis-je un élu ? Puis-je le savoir ? Les arminiens ont répondu que nous ne pouvons pas être certains de notre élection jusqu’au jour de notre mort, puisque notre élection dépendrait de notre foi. Bien sûr, Dieu ne nous donne pas une liste de noms de ses élus. Par contre, Jésus a dit : « Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux » (Lu 10.20). Paul parle également avec beaucoup de certitude. « En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui ; il nous a prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté » (Ép 1.4,5). De qui Paul parle-t-il ? De lui-même et des croyants d’Éphèse. Paul est convaincu : « Dieu nous a élus, […] il nous a prédestinés. » C’est la raison pour laquelle nous pouvons dire : « Les élus sont, en temps opportun, rendus certains de cette élection dont ils sont l’objet » (I.12).
Nous pouvons être assurés de notre élection. Ce n’est pas le privilège d’une minorité de super-spirituels, c’est plutôt la norme. Certains pensent qu’il serait préférable de douter. Ce serait moins prétentieux. Nulle part, les Écritures ne nous encouragent à douter. Soyons assurés de la fidélité de Dieu à ses promesses. Les élus parviendront à cette assurance au moment opportun. Pourquoi Dieu nous parlerait-il de l’élection si c’était pour nous laisser tout seuls dans le doute ?
Paul a fait preuve d’une grande certitude quand il a dit :
« Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Ro 8.38,39).
Une certitude pour toute l’Église
Cette certitude était-elle seulement pour des « super-apôtres » ? Non, car il s’adresse à toute l’Église ! Il parle de tous ceux qui aiment Dieu et qui sont appelés selon son dessein, de tous ceux que Dieu a connus d’avance et qu’il a prédestinés à être semblables à l’image de son Fils (Ro 8.28,29). La doctrine de la prédestination ne l’amène pas à faire un discours abstrait du genre : « Je vous informe que tous les élus iront au ciel. » La Parole de Dieu n’est pas là seulement pour nous transmettre des vérités froides et abstraites. Elle nous interpelle, elle va droit au cœur. « Qui accusera les élus de Dieu ? […] Qui nous séparera de l’amour de Christ ? […] Dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car j’ai l’assurance que [rien] ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Ro 8.31-39). Voilà des paroles victorieuses et très personnelles qui devraient enflammer nos cœurs.
Ce n’est pas pour rien que Romains 8, qui enseigne si clairement le dessein éternel de Dieu et la prédestination au salut, conclut sur une note d’une aussi grande certitude. Lorsque la seule gloire de Dieu est mise en valeur, le peuple de Dieu reçoit toujours un immense réconfort. Ce réconfort est que l’élection est bien vraie et que je peux être personnellement certain d’être élu.
Nous ne sommes pas tous certains au même degré
En même temps, Dordrecht fait preuve d’une grande sensibilité pastorale lorsqu’il est dit que cette assurance vient « par degrés et dans une mesure inégale » (I.12). Nous ne sommes pas tous pareils. Nous avons des personnalités différentes et des talents différents. La croissance spirituelle n’est pas la même pour tous. Certains parviennent à maturité plus jeune ; d’autres, plus vieux. Le Seigneur n’agit pas exactement de la même manière avec chacun de nous. Il sait ce qui convient le mieux à chacun. Il ne s’agit donc pas pour nous de comparer nos expériences respectives. De plus, dans chacune de nos vies, nous pouvons passer par des hauts et des bas. Nous pouvons expérimenter dans nos propres vies différents degrés de certitude.
L’important n’est pas de mesurer l’intensité de nos sentiments, mais de revenir au fondement qui nous procure la certitude. « Car j’ai l’assurance que [rien] ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Ro 8.38,39). Voilà le fondement inébranlable : l’amour de Dieu en Jésus-Christ ! Par la grâce de Dieu, la foi grosse comme une minuscule graine de moutarde est suffisante pour demeurer solidement accrochée à Jésus-Christ, car en réalité, c’est Jésus qui nous tient accrochés à lui et rien ne peut nous arracher de lui. « Je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main » (Jn 10.28).
Comment être certains de notre élection ?
Dordrecht commence par nous dire ce qu’il ne faut pas faire : « non pas en sondant avec curiosité les secrets et les profondeurs de Dieu » (I.12). Il ne nous est pas permis de scruter les secrets de Dieu, car « les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu ; les choses révélées sont à nous et à nos enfants » (De 29.29). Certains disent que Dieu confirmerait notre élection par un rêve ou une vision, par un message particulier qu’il met dans nos cœurs ou par un texte biblique qui nous parle très fort. Faisons attention à ne pas fonder notre certitude sur notre expérience, car nous sommes encore pécheurs et toutes nos expériences sont entachées par le péché. Quand je traverse des difficultés, des luttes ou des doutes, comment me souvenir de ce que Dieu m’a dit exactement et comment être sûr que c’est bien Dieu qui m’a parlé ? Attention aux sables mouvants du mysticisme !
Comment donc savoir si je fais partie des élus qui appartiennent à Dieu ? « En prenant conscience en eux-mêmes, avec une joie spirituelle et une sainte liesse, des fruits infaillibles de l’élection distingués dans la Parole de Dieu, comme le sont la vraie foi en Jésus-Christ, la crainte filiale envers Dieu, la tristesse selon Dieu, la faim et la soif de justice, etc. » (I.12.)
Nous pouvons être certains de notre élection quand nous portons des fruits de l’élection
Jésus a dit aux pharisiens : « On connaît l’arbre par le fruit » (Mt 12.33). Les pharisiens prétendaient être le peuple de Dieu, mais leurs paroles mauvaises et leurs œuvres mauvaises démontraient le contraire. Un cœur régénéré produira de bons fruits, un cœur non régénéré produira seulement de mauvais fruits. Paul a écrit aux Thessaloniciens : « Nous savons, frères bien-aimés de Dieu, que vous avez été élus ». Comment le savait-il ? Par les fruits qu’ils portaient : « Notre Évangile ne vous a pas été prêché en paroles seulement, mais avec puissance, avec l’Esprit-Saint, et avec une pleine persuasion. […] Vous avez été mes imitateurs et ceux du Seigneur, en recevant la parole au milieu de beaucoup d’afflictions, avec la joie du Saint-Esprit » (1 Th 1.4-6).
Pour être certains de notre élection, nous devons marcher dans la voie de l’élection
La question n’est pas de savoir si Dieu, à un moment précis, m’a révélé que j’étais un élu, mais plutôt : Est-ce que je crois en Jésus aujourd’hui ? Est-ce que je prends plaisir à pécher ou est-ce que cela m’attriste d’offenser Dieu ? Est-ce que je cherche en lui le pardon de mes péchés ? Est-ce que j’ai soif de justice ? Est-ce que je suis émerveillé d’adoration devant la majesté de Dieu ? Est-ce que je veux grandir dans la foi ? Pensons également au fruit de l’Esprit qui manifeste que nous avons bel et bien l’Esprit de Dieu (Ga 5.22,23).
Pierre nous dit : « Appliquez-vous […] à affermir votre vocation et votre élection. » Affermir son élection signifie en être absolument sûr et certain. Comment faire ? Pierre dit : « Faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la connaissance, à la connaissance la maîtrise de soi, à la maîtrise de soi la patience, à la patience la piété, à la piété, l’amitié fraternelle, à l’amitié fraternelle, l’amour. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais celui en qui ces choses ne sont point est aveugle » (2 Pi 1.5-10). Pierre nous encourage à rechercher ces choses qui vont produire des fruits et qui démontrent que nous appartenons au Seigneur. Quand nous grandissons dans la foi, nous pouvons être certains de notre élection et grandir dans notre certitude.
Ne recherchons pas des fruits parfaits
Comment être certain de mon élection ? Je dois regarder aux fruits que je porte pour voir quelle sorte d’arbre je suis. Je n’ai pas à me comparer aux autres et me dire que les autres portent plus de fruits ou de meilleurs fruits que moi, pour ensuite conclure que je ne suis pas un élu… je dois simplement me demander quelle œuvre Dieu fait dans mon cœur et dans ma vie. Rappelons-nous que Dieu ne nous rend pas parfaits dans cette vie et que les fruits qu’il nous fait porter ne sont jamais parfaits sur cette terre. Même nos meilleurs fruits seront toujours entachés par le péché. Si nous recherchons des fruits parfaits, personne ne sera jamais certain de son élection. Mais le principe demeure : on reconnaît un arbre à ses fruits. Quand nous prenons conscience des fruits que Dieu produit dans nos vies, cela devrait nous remplir d’une joie immense.
Cet article est tiré du livre : Le solide fondement du salut de Paulin Bédard