La christophanie : Préfiguration de la mission prophétique (Michael Barrett)
Le prophète représente Dieu auprès des hommes en leur apportant sa parole. La mission prophétique est sans conteste la fonction principale des christophanies ; preuve en est l’emploi fréquent du terme «ange» ou «messager» pour les définir. L’ange de l’Éternel apporte le message de l’Éternel, révèle les desseins de Dieu, encourage par les promesses de Dieu et instruit le peuple de Dieu.
Prenons quelques passages clés pour illustrer ce point. Malachie donne à Christ le titre de «messager de l’alliance» (Malachie 3.1), et ce que je considère comme la première des christophanies en fournit une illustration claire. En Genèse 3.8, Adam et Ève cherchent à se cacher dans le jardin après avoir péché lorsqu’ils entendent «la voix de l’Éternel Dieu». Même si l’expression «ange de l’Éternel» n’apparaît pas ici, je suggère que cette voix n’est pas juste le bruissement mystérieux des feuilles. La Postérité que Dieu va bientôt promettre fait ici une apparition avant l’incarnation. L’expression «voix de l’Éternel Dieu» ressemble fort au titre que Jean donne à Christ, à savoir la «Parole» (Jean 1.1).
De même, dans son exil, l’apôtre entend les paroles de son Christ glorieux, il se retourne «pour savoir quelle était la voix» (Apocalypse 1.12). Le fait qu’il soit appelé «voix de l’Éternel Dieu» en Genèse 3.8 et que l’Éternel Dieu parle au verset suivant renvoie à son ministère prophétique. Nous sommes en présence de celui qui est la manifestation visible de Dieu et qui déclare sa volonté. Il est remarquable que l’annonce de l’Évangile se situe au cœur du premier message christophanique : la Postérité vient renverser la malédiction du péché. Cette voix est le messager de l’alliance.
Quelques exemples de christophanies
L’ange de l’Éternel fait sa première apparition en tant que tel lorsqu’il s’approche d’Agar dans le désert où elle s’est réfugiée après avoir fui Sara. Il s’adresse à elle en tant que l’Éternel pour l’assurer de sa promesse (Genèse 16.10). En Genèse 18, l’Éternel apparaît à Abraham sous forme visible et lui annonce la conception et la naissance imminentes d’Isaac, ainsi que le jugement de Sodome. Remarquez que les Écritures identifient clairement à l’Éternel l’un des visiteurs d’Abraham (Genèse 18.13). Quand l’ange de l’Éternel apparaît à Moïse dans le buisson ardent, il lui annonce que Dieu a décidé de délivrer Israël de l’Égypte, et il lui fait part de son propre appel et de sa mission (Exode 3). Au temps des Juges aussi, les christophanies annoncent au peuple la délivrance divine et instruisent de sa mission le juge choisi (cf. l’appel de Gédéon, Juges 6.12). Dans le cas de Samson, l’ange apparaît pour annoncer sa naissance et pour prédire la délivrance que Dieu va opérer à travers lui (Juges 13.3-20).
Si, comme le dit le Grand catéchisme de Westminster, «Christ exécute l’office de prophète en révélant à l’Église, dans tous les âges, par son Esprit et sa parole, et par diverses manières de révélations, toute la volonté de Dieu dans toutes les choses qui concernent son édification et son salut.» (Q.43), alors il est certain que les christophanies de l’Ancien Testament sont la manifestation de son office prophétique. Ces apparitions périodiques avant l’incarnation de Christ apportent la preuve marquante que Dieu ne cessera jamais de parler à son peuple. Dans sa grâce, elles sont un gage de sa promesse qui stimule le peuple à attendre la venue de la Parole faite chair. Même si je ne peux pas voir de mes yeux ce que les croyants ont vu dans le passé, les leçons des christophanies concernant Christ sont encore valables pour moi aujourd’hui.
Cet article est tiré du livre : Commençant par Moïse… de Michael Barrett