La clé du courage (Kent Hughes)
La course qui vous attend
La persévérance acharnée possède une rare beauté, et cette beauté est éternelle lorsqu’elle est consacrée à la course spirituelle menée dans la vraie vie et tracée pour nous. Le sens biblique du mot « persévérance» implique un courage patient, «tenir patiemment le coup».
Chacun de nous a une course distincte à parcourir, tracée uniquement pour lui. Son caractère unique a été décidé par Dieu, qui le détermine selon qui nous sommes: selon nos dons, nos antécédents, nos responsabilités, notre âge, notre santé et, surtout, selon qui nous sommes en Christ. Votre parcours ne ressemble à aucun autre. Il est dessiné pour vous, là où vous en êtes en ce moment: étudiant, célibataire ou parent.
Certains parcours sont relativement droits. D’autres ne sont que virages. Certains semblent toujours aller en montant. D’autres sont des sentiers de marche sans dénivelé. Ils ne sont pas tous égaux. Toutes les courses sont longues et certaines sont même très longues. Mais la gloire vient de ce que chacun de nous (sans exception!) terminera l’épreuve « qui lui est proposée». Je serais peut-être incapable de faire votre course et vous pourriez trouver que la mienne est impossible, mais je peux finir mon épreuve et vous, la vôtre. Et nous pouvons l’achever avec brio si nous décidons de nous appuyer sur celui qui est notre force et notre guide. Nous pouvons connaître la même joie que l’apôtre Paul près de la ligne d’arrivée: «J’ai combattu le bon combat, j’ai terminé la course, j’ai gardé la foi» (2 Timothée 4: 7). Avec Dieu, il n’y a aucun doute que nous terminerons «l’épreuve qui nous est proposée» et que nous en serons satisfaits. Qui que vous soyez et où que vous vous trouviez, vous pouvez y arriver!
Votre cœur, pas vos capacités
Notre persévérance n’a rien à voir avec nos dons, mais a plutôt affaire avec notre cœur. En 1981, Bill Broadhurst s’est inscrit au défi Pepsi, une course de 10 000 mètres à Omaha, au Nebraska. Une opération pour un anévrisme au cerveau dix ans auparavant l’avait laissé paralysé du côté gauche. Mais, en ce matin brumeux du mois de juillet, il se tenait debout sur la ligne de départ, au milieu de 1 200 hommes et femmes alertes et souples. Le coup de départ a retenti et le peloton s’est élancé. Bill a ramené sa jambe gauche inerte en avant et a pivoté dessus quand son pied a touché le sol. Le rythme lent de ses «ploc, ploc, ploc » semblait le railler, tandis que les coureurs s’éloignaient à grands pas. De la sueur coulait sur son visage et la douleur transperçait sa cheville, mais il continuait. Les gagnants ont mis environ trente minutes pour terminer la course; quant à Bill, il atteignit la ligne d’arrivée deux heures et vingt minutes plus tard.
Un homme se détacha du petit groupe de spectateurs qui restait et s’approcha. Bien qu’épuisé, Bill le reconnut pour avoir vu sa photo dans les journaux. Il s’agissait de Bill Rodgers, le célèbre marathonien. Celui-ci passa la nouvelle médaille qu’il venait de gagner, autour du cou de Bill. Parce qu’il avait couru avec persévérance, l’arrivée de Bill Broadhurst était aussi glorieuse que celle du champion du monde, même s’il était le dernier.
La persévérance biblique est réalisable par chacun de nous: elle refuse d’être déviée de sa route, elle surmonte les obstacles et les retards, et n’est pas arrêtée par le découragement intérieur ou l’opposition extérieure. Il est certainement à la portée de chacun de nous de manifester une persévérance positive et victorieuse, de mettre nos pieds lourds l’un devant l’autre jusqu’à la glorieuse arrivée. La course n’est pas faite pour des sprinteurs dont l’ardeur s’éteint après 100, 200 ou même 400 mètres. Elle est pour ceux qui travaillent dur et fidèlement: des gens comme vous et moi. Rapides ou lents, faibles ou forts, nous devons tous persévérer.
Fixons nos regards !
Après avoir rejeté nos fardeaux et le péché qui nous enveloppe si facilement, et avoir commencé à courir avec persévérance, il nous reste à savoir sur quoi centrer notre attention pour nous garantir la victoire finale. La suite du passage nous donne la réponse: «Les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection» (Hébreux 12:2).
SE CONCENTRER SUR JÉSUS Ce n’est pas par hasard que l’auteur nous commande de fixer nos regards sur Jésus, plutôt que sur le Christ ou Jésus-Christ. Nous devons nous concentrer sur Jésus, le Fils de Dieu incarné, qui a vécu sur terre comme un homme. Jésus était le coureur par excellence. On lui a mis toutes sortes de bâtons dans les roues pendant son parcours, mais il n’est pas tombé une seule fois, et il a fini haut la main.
Il est tout à fait possible à chacun d’entre nous de faire preuve d’une persévérance positive et conquérante, en mettant un pied lourd devant l’autre jusqu’à ce que nous atteignions la fin glorieuse.
Il est devenu «l’auteur de notre foi [littéralement «le fondateur»] et celui qui la mène à la perfection » à cause de la façon dont il a vécu. Il n’y a pas eu une seconde de sa vie au cours de laquelle il n’a pas mis sa confiance dans le Père, s’appuyant constamment sur lui. Sa confiance était telle qu’il vivait de chaque parole qui sortait de la bouche de Dieu (cf. Matthieu 4 :4). Et il continue à être «l’auteur de notre foi et celui qui la mène à la perfection» par l’œuvre qu’il fait en nous. Il accorde le don de la foi (cf. Éphésiens 2: 8-9 et Matthieu 11:27) puis la rend parfaite dans ses enfants (cf. Hébreux 11).
Puisque nous avons besoin de foi pour accomplir notre course, nous devons «fixer nos yeux sur Jésus, l’auteur de la foi et celui qui la mène à la perfection». On peut le lire littéralement ainsi, dans le grec original: nous devons délibérément détourner nos yeux de ce qui nous distrait et nous concentrer parfaitement sur lui, et le faire sans relâche. Nous ne devons pas regarder ailleurs, même pour un instant. C’est indispensable à notre vie de foi et pour achever la course.
Le 7 août 1954, à Vancouver, au Canada, durant les British Empire Games, a eu lieu le plus célèbre des duels disputés sur une piste d’environ 1,6 kilomètre. On l’annonçait comme étant le «Miracle mile» car Roger Bannister et John Landy étaient les deux seuls hommes au monde à pouvoir le courir en moins de quatre minutes. Bannister avait été le premier à réussir l’exploit. Les deux coureurs étaient au sommet de leur forme.
Roger Bannister, un médecin, qui a depuis reçu le titre de Sir et est aujourd’hui directeur d’un collège d’Oxford, avait élaboré ainsi sa stratégie. Il ralentirait pendant le troisième tour de piste, puis il donnerait tout ce qu’il avait pour le dernier. Mais, alors qu’ils entamaient ce troisième tour, John Landy mit le paquet, creusant davantage l’écart entre les deux. Aussitôt, Bannister ajusta sa stratégie, accéléra le rythme et gagna du terrain sur Landy. L’écart se rétrécit bientôt de moitié et au son de la cloche annonçant le dernier tour, ils étaient à égalité. Landy se mit à courir encore plus vite et Bannister le talonnait; les deux hommes volaient littéralement. Bannister sentait qu’il allait perdre si son adversaire ne ralentissait pas.
Puis vint cet instant historique (qu’on a pu revivre des milliers de fois dans les journaux et à l’écran): au dernier tournant avant la dernière ligne droite, la foule se mit à hurler. Landy, ne pouvant plus entendre les bruits de pas de Bannister, jeta un coup d’œil en arrière – une perte de concentration qui lui fut fatale. Bannister relança son attaque et gagna le «Miracle mile» d’environ quatre mètres et demi.
Ceux qui détournent leurs regards du Christ – qui est le but de notre course – ne finiront pas en beauté. Et c’est exactement ce qui arrivait à quelques-uns des premiers lecteurs de l’épître aux Hébreux. Ils essayaient de se maintenir à flot par leurs propres efforts dans les eaux tumultueuses que traversait alors l’Église primitive. Ils avaient commencé à détourner leurs yeux du Christ et à les fixer sur les épreuves qui se trouvaient devant eux. Certains avaient commencé à chercher des réponses ailleurs.
Se concentrer sur ce qui inspire Jésus
En plus de porter toute notre attention sur Jésus, nous devons nous concentrer sur ce qui l’inspire: «En vue de la joie qui lui était réservée, [il] a souffert la croix, méprisé l’ignominie» (Hébreux 12 : 2 – Segond). Parce que Jésus n’a pas détourné son attention de la joie qui découlerait de sa résurrection, son ascension et son couronnement à la droite de Dieu, ainsi que du bonheur de racheter un peuple qui lui appartiendrait, il a eu la force de faire deux choses. D’abord, endurer la terrible agonie de la croix avec une «intensité, une cohésion de ses sens qu’aucun d’entre nous ne peut sonder […] parce que son âme était entièrement en son pouvoir […] totalement abandonnée, tellement simplement soumise à la souffrance» (John Henry Newman). L’agonie qu’a supportée Jésus sur la croix était pire pour lui justement parce qu’il était Dieu. Ensuite, il a méprisé la honte de la croix. En d’autres mots, il n’a fait aucun cas de cette honte: il l’a écartée avec mépris, comme un rien. Jésus a fait tout cela parce qu’il savait parfaitement quelle joie abondante, céleste et sans fin l’attendait.
Voici maintenant ce qui est merveilleux : La joie de Jésus est aussi la nôtre! Sa joie est devant nous! Comment cela peut-il être? La réponse est que nous sommes un avec lui. Le Christ est en nous et nous sommes en lui (2 Corinthiens 5:17). Là où est le Christ, nous sommes aussi ! Dieu nous a déjà fait asseoir dans les lieux célestes, en lui, « afin de montrer dans les temps à venir l’infinie richesse de sa grâce par la bonté qu’il a manifestée envers nous en Jésus-Christ» (Éphésiens 2: 7). Nous sommes «héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi part à sa gloire» (Romains 8 : 17). Sa joie abondante, céleste et sans fin sera nôtre!
Si vous doutez de cela, vous doutez de la sainte parole de Dieu. Si nous nous concentrons sur la joie que le Christ a placée devant nos yeux, nous endurerons les souffrances de ce monde et nous mépriserons toute honte subie pour son nom. Nous courrons notre épreuve pour sa gloire.
Cet article est adapté du livre : « Homme de Dieu, exerce-toi à la piété » de Kent Hughes