La connaissabilité et l’incompréhensibilité de Dieu (John MacArthur)
En révélant dans l’Écriture le fait de son existence, Dieu a fait quelques assertions qui permettent aux humains d’avoir au moins une certaine connaissance de lui. La Bible rend Dieu connaissable aux humains dans la mesure où son contenu fait connaître la vérité le concernant. L’Écriture enseigne que l’homme peut vraiment connaître Dieu, mais pas de manière exhaustive. Selon la terminologie classique, Dieu est vraiment connaissable, mais pas exhaustivement compréhensible.
Connaissabilité suffisante de Dieu
La Bible affirme qu’on peut connaître Dieu, et même le connaître dans une relation personnelle d’amitié. Il marchait avec Adam et Ève dans le jardin d’Éden (Ge 3.8). Il est apparu à Moïse dans le buisson ardent (Ex 3.3,4). Il a donné sa loi à Moïse sur le mont Sinaï (Ex 19). Dans l’Israël antique, Dieu se rendait présent dans le tabernacle et dans le temple sur le propitiatoire qui recouvrait l’arche de l’alliance (1 S 4.4 ; 1 R 8.10,11). Jésus a affirmé qu’on pouvait connaître Dieu de façon personnelle (Jn 17.3). Jésus lui-même est l’incarnation de Dieu (Col 2.9). Le Nouveau Testament révèle que Dieu habite l’Église (1 Co 3.16), établit sa demeure dans les croyants (Jn 14.23) et qu’il est l’ami des croyants (Ja 2.23).
L’incompréhensibilité de Dieu
Même si Dieu peut vraiment être connu, l’Écriture révèle qu’il n’est pas connaissable de façon complète ou exhaustive dans aucun aspect de son être ou de ses actions. Les humains sont contraints de demeurer dans le temps et dans l’espace ; de plus, en Adam, ils sont corrompus par le péché qui demeure en eux (Ro 7.15-23), qui les a rendus rebelles à Dieu et a obscurci leur compréhension de la révélation de Dieu dans la Bible et dans la nature (2 Co 4.3,4 ; Ép 4.17-19). Dieu est éternel et saint, il transcende le temps et l’espace, il est infiniment omniscient, et absolument pur moralement. Dieu seul est grand. L’homme a été créé dans un ordre d’existence différent et inférieur. Même dans l’état originel où elle a été créée, l’humanité ne pouvait pas connaître Dieu de façon exhaustive ; or, depuis la chute d’Adam, même la connaissance que les humains peuvent avoir de Dieu est corrompue par le péché.
La Bible déclare de façon incontestable que même si leur corruption intérieure par le péché ne les avait pas aveuglés, les hommes ne pourraient pas connaître Dieu pleinement. L’homme ne peut voir Dieu et vivre (Ex 33.20 ; Lé 16.2). Dieu « est le Roi des rois… qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu et ne peut voir » (1 Ti 6.16 ; voir aussi Jn 1.18 ; 6.46). La forme spirituelle de l’essence de Dieu n’est pas révélée (De 4.12,15). Dieu seul connaît les profondeurs de son être (1 Co 2.11).
Dieu ne peut être pleinement découvert
Faisons un pas de plus : Dieu ne peut être pleinement découvert. « L’Éternel est grand et très digne de louange, et sa grandeur est insondable » (Ps 145.3). Le mot « insondable » traduit l’hébreu ‘en kheqer, « sans mesure ». L’Ancien Testament utilise la racine hébraïque khaqar, d’où vient le vocable « sonder » ou « mesurer », pour exprimer « mesurer exhaustivement ». La même expression se retrouve dans Ésaïe 40.28 : « Ne le sais-tu pas ne l’as-tu pas appris C’est le Dieu d’éternité, l’Éternel, qui a créé les extrémités de la terre ; il ne se fatigue point, il ne se lasse point; on ne peut sonder son intelligence. » La même racine apparaît dans sa forme verbale à propos des mineurs qui creusent inlassablement à la recherche du minerai : « L’homme fait cesser les ténèbres; il explore, jusque dans les endroits les plus profonds, les pierres cachées dans l’obscurité et dans l’ombre de la mort » (Job 28.3 ; voir aussi Job 11.7,8 ; 36.26). Considérez encore d’autres expressions de l’incompréhensibilité de Dieu :
Ce sont là les bords de ses voies, c’est le bruit léger qui nous en parvient (Job 26.14).
Dieu… fait de grandes choses que nous ne comprenons pas (Job 37.5).
Ajoutons à l’affirmation biblique de l’incompréhensibilité de Dieu, le fait qu’il ne nous a pas révélé tout ce qu’il est ni tout ce qu’il sait : « Les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu ; les choses révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi » (De 29.29). D’après Apocalypse 10.4, il fut ordonné à Jean de ne pas écrire ce qu’il venait d’apprendre : « Quand les sept tonnerres eurent fait entendre leurs voix, j’allais écrire, mais j’entendis du ciel une voix qui disait : Scelle ce qu’ont dit les sept tonnerres, et ne l’écris pas. »
L’incompréhensibilité de Dieu vient des Écritures
Finalement, l’incompréhensibilité de Dieu ressort aussi des déclarations scripturaires selon lesquelles les pensées de Dieu transcendent les capacités intellectuelles de l’homme, leur mécanisme de traitement et leurs résultats. Selon le Psaume 139.6, « la science de Dieu est merveilleuse… au-dessus de ma portée, elle est trop élevée pour que je puisse la saisir ». Le psalmiste affirme que « les pensées de Dieu… sont plus nombreuses que les grains de sable » (Ps 139.17,18) et que « son intelligence n’a point de limite » (Ps 147.5). Dieu met en contraste la supériorité de ses pensées et l’infériorité des pensées de l’homme : « Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées » (És 55.9). C’est cette incompréhensibilité de l’intelligence de Dieu que Paul célèbre dans sa doxologie, dans Romains 11.33,34 : « Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller? »
Lorsque nous essayons de sonder la nature de Dieu, nous constatons qu’elle est infiniment au-delà de ce qui peut être appris ou raisonné. C’est vrai pour chaque aspect de la nature de Dieu. Grudem le résume utilement :
Non seulement nous ne pourrons jamais comprendre pleinement Dieu, mais nous ne pourrons jamais comprendre pleinement la moindre chose au sujet de Dieu. Nous ne pourrons jamais comprendre pleinement sa grandeur (Ps 145.3), sa science (Ps 147.5), son savoir (Ps 139.6), ses richesses, sa sagesse, ses jugements et ses plans (Ro 11.33)… Nous pouvons donc connaître quelque chose au sujet de l’amour de Dieu, de sa puissance, de sa sagesse, etc. Mais nous ne pourrons jamais connaître son amour parfaitement ou de manière exhaustive. Nous ne pourrons jamais connaître sa puissance de manière exhaustive. Nous ne pourrons jamais connaître sa sagesse de manière exhaustive, et ainsi de suite. Pour connaître la moindre chose au sujet de Dieu de manière exhaustive, il faudrait que nous la connaissions comme lui-même la connaît. Autrement dit, nous devrions la connaître dans son rapport avec tous les autres aspects de la nature divine et de la création à travers les âges. Nous ne pouvons donc que nous exclamer avec David : « Merveilleux savoir hors de ma portée, savoir trop sublime pour que je l’atteigne ! » (Ps 139.6.)1
- Wayne Grudem, Théologie systématique, Charols, Excelsis, 2010, p. 144-145.
Cet article est tiré du livre : Théologie systématique de John MacArthur.