La fonction alliancielle du Psautier (Meredith G. Kline)
L’état de la relation entre le Psautier et le culte est un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre. Quelles que soient les conclusions tirées concernant les origines cultuelles des différentes catégories représentées dans le Psautier ou les psaumes individuels, il est clair que plusieurs psaumes étaient employés dans le culte d’Israël, même si la définition de « culte » était réduite au service de l’adoration sous la responsabilité immédiate du ministère lévitique. Puisque le Temple était le point sacramentel central des prières d’Israël, venues de localités rapprochées ou éloignées (voir 1 R 8.30s) il peut être dit que les psaumes sont orientés vers le culte, en règle générale. Ceci signifie que l’alliance est la sphère d’existence du Psautier.
Les Psaumes magnifient la majesté de Yahvé
Les psaumes de louange, qu’ils magnifient la majesté de la personne de Yahvé ou les merveilles de ses œuvres créatrices ou rédemptrices, faisaient partie des obligations tributaires d’Israël ; ils servaient de sacrifices spirituels offerts par leurs lèvres au grand Roi. En tant qu’agents de la dévotion privée et publique, ils étaient le retentissement de l’« amen » d’Israël à la ratification de l’alliance. Les psaumes qui retraçaient le cours de l’histoire de l’alliance (voir, par ex., Ps 78, 105 – 106, 135 – 136) étaient des réponses confessionnelles qui servaient de reconnaissance envers les récits des grandes œuvres de Yahvé en faveur d’Israël contenus dans les prologues historiques des traités. Il s’agissait là de réponses adéquates à la récitation lors de cérémonies de réaffirmation de l’alliance, lorsque ces actes étaient commémorés (voir De 26.1s ; Jos 24.16-18). En usant les psaumes qui exaltaient la loi de Dieu, Israël se soumettait à nouveau aux stipulations de l’alliance. Les psaumes de complainte ou de pénitence pouvaient trouver leur place dans l’interaction avec les réquisitoires prophétiques contre Israël au cours du procès allianciel1. Ainsi, le plaidoyer en faveur de la fonction alliancielle du Psautier ne dépend pas d’une théorie (comme celle de Weiser) qui attribuerait à une grande partie du Psautier un rôle dans une fête annuelle unique de renouvellement de l’alliance, reconstituée de façon spéculative. Plutôt, le Psautier servait plus largement d’instrument cultuel dans le maintien d’une relation alliancielle adéquate avec Yahvé.
Les Psaumes et la confession alliancielle
La fonction du Psautier dans la confession alliancielle suggère qu’il peut être vu comme une extension de la réponse de ratification du vassal, qui se trouve dans certaines alliances bibliques et extrabibliques comme partie intégrante du texte du traité. Il y a d’autres aspects des relations littéraires entre le Psautier et la forme littéraire du traité. Muilenberg note « le degré auquel la terminologie et la forme de l’alliance étaient adoptées pour leur utilisation dans l’adoration » en Israël, faisant ressortir des textes comme les Psaumes 50, 81, 89 et 132 et des prières en dehors du Psautier comme la prière de dédicace du Temple de Salomon2. Une analyse fructueuse des différents types de psaumes peut être faite en les comparant à la séquence thématique des traités. Baltzer retrace l’origine de l’influence de la forme alliancielle dans la liturgie du judaïsme plus tardif, incluant les textes de Qumrân et le christianisme primitif. Il est donc approprié que le Psautier commence avec un écho aux bénédictions ainsi qu’aux malédictions des traités, et avec la déclaration que le jugement dépend de l’attitude de l’homme envers la loi de l’alliance3.
1. J. Harvey, Le plaidoyer prophétiques contre Israël après la rupture de l’alliance, Paris, Desclée de Brouwer, 1967, p. 157-163, conclut que le procès d’alliance donnait lieu à une reconnaissance de la part de la partie jugée. Dans l’Ancien Testament, on retrouve ceci dans les prières de type tôdâ. Harvey voit une attestation claire de l’association du procès d’alliance et de la tôdâ dans le Psaume 50.
2. Voir « The Form and Structure of the Covenant Formulations » [La forme et la structure de la formulation de l’alliance], dans Vetus Testamentum, IX, 1959, p. 356, avec n. 2 et 3. Voir aussi J. H. Tigay, « Psalm 7:5 and Ancient Near Eastern Treaties » [Psaume 7.5 et les traités du Proche-Orient ancien], Journal of Biblical Littérature, LXXXIX, 1970, p. 178-186 ; et A. Millard, « For He Is Good » [Car il est bon], Tyndale Bulletin, XVII, 1966, p. 115-117.
3. Le Psaume 1 utilise les termes « marcher » et « connaître » dans le sens technique des traités. Notez, également, la relation symétrique des comparaisons employées dans ce psaume pour dépeindre les sanctions doubles.
Cet article est adapté du livre : « La structure de l’autorité biblique » de Meredith G. Kline