La grâce irrésistible (John Benton)

C’est par la foi, ou par le moyen de la foi, que l’on reçoit les avantages de l’œuvre salvifique de Jésus-Christ.

Le grand appel de l’Évangile, adressé à tous, est le suivant : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé ». Nous devons inciter les hommes et les femmes à se soumettre à l’appel de Dieu qui consiste à se détourner du péché et à croire en Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur. Il ne fait aucun doute que, selon la Bible, la responsabilité de se repentir et de croire revient au pécheur. Ne pas se soumettre à l’appel de Dieu est un grand péché.

Sans la grâce de Dieu, il est impossible de répondre à l’appel de l’Évangile

Les chrétiens croisent parfois des gens qui avouent sincèrement : « Oui, je le vois bien. J’aimerais vraiment croire. Si seulement je le pouvais. Mais je n’y arrive pas ». Ils peuvent quelquefois se poser des questions intellectuelles légitimes qui demandent une réponse. Par exemple, ils ont peut-être besoin qu’on leur montre pourquoi l’Évangile chrétien est la vérité. Cependant, même si leur difficulté à croire semble provenir d’un doute intellectuel, leur vrai problème réside en réalité au-delà de l’intellect. On peut en trouver l’origine dans la doctrine de la dépravation totale. Sans la grâce de Dieu, nous sommes spirituellement morts et totalement incapables de nous soumettre à l’appel de l’Évangile.

Toutefois, la bonne nouvelle de l’Évangile est que Dieu conduit des « morts » à la vie spirituelle.

« Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés) » (Éphésiens 2.4,5).

En Christ, Dieu a assuré et accordé la vie spirituelle à son peuple, tout comme il a assuré et accordé la réponse à l’Évangile

La grâce de Dieu fonctionne de façon à garantir la réponse nécessaire à l’appel de l’Évangile. Plus tard, dans sa lettre aux Éphésiens, Paul continue d’expliquer cela en ce qui concerne notre croyance en Jésus :

« Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie ».

Voilà la vérité de la grâce irrésistible.

Le Saint-Esprit renverse toute notre opposition

Lorsque le Saint-Esprit commence à travailler dans notre cœur, nous opposons souvent une certaine résistance. Ce n’est pas étonnant. Après tout, Dieu sauve ceux qui, par nature, sont contre lui, et il faut s’attendre à lutter et à se débattre. Il existe chez tous les pécheurs une forte antipathie à l’égard de la sainteté de Dieu, et la puissante attraction du péché les retient de devenir des disciples du Christ. Cependant, même s’ils résistent, la grâce de Dieu finira par devenir irrésistible pour eux.

L’apôtre Paul lui-même put se souvenir à quel point il avait résisté au Christ. En racontant l’histoire de sa conversion, il se souvint comment le Christ ressuscité lui était apparu sur le chemin de Damas et lui dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il te serait dur de regimber contre les aiguillons». Pendant les jours précédant sa conversion, l’apôtre avait résisté au Christ en persécutant ses disciples, en les jetant en prison et en sanctionnant leur mort. Comme un gardien de troupeau qui aiguillonne son bœuf, le Seigneur l’aiguillonnait vers le jour de sa conversion qu’il avait déterminé d’avance. En persécutant l’Église, l’homme non converti regimbait contre les aiguillons. En fin de compte, le Seigneur Jésus révéla sa grâce à Paul d’une manière qui mit un terme à toute résistance. S’inclinant devant la seigneurie de Jésus-Christ, « le premier des pécheurs » devait bientôt découvrir que c’était Dieu qui l’avait choisi et conduit à la foi. Voilà en quoi consiste la grâce irrésistible.

Un espoir pour ceux qui se sentent incapables de croire

Cette doctrine constitue alors une aide et un encouragement extraordinaires pour ceux qui, en toute sincérité, disent : « J’aimerais beaucoup avoir ta foi, mais je n’arrive pas à croire. » La grâce irrésistible dit à ces personnes : « Tu te crois incapable de croire, mais la foi ne vient pas de toi. C’est le don de Dieu. » Ils se sentent incapables de croire et se sentent privés du pouvoir de produire la foi dans leur cœur. Mais Dieu peut leur procurer la foi. Par conséquent, encouragez-les à aller vers Dieu et à lui demander de l’aide. Être sans foi, c’est être spirituellement mort, mais Dieu donne la vie aux morts. Il y a de l’espoir pour eux.

En effet, s’ils désirent sincèrement obtenir la foi, c’est en soi un signe certain que Dieu est déjà à l’œuvre en eux. Laissez-les aller vers Dieu et ayez l’assurance qu’il leur procurera une vraie confiance dans le Sauveur. Un désir sincère d’obtenir la foi est le début de la foi. Donnez-leur les paroles de l’Écriture pour qu’ils les utilisent dans leur prière : Seigneur, « Je crois ! Viens au secours de mon incrédulité ! »

La doctrine de la grâce irrésistible : une bonne nouvelle pour ceux qui sont réticents à l’idée de devoir se repentir

L’Évangile demande une foi qui va de pair avec la repentance. Dans Actes, Paul nous enseigne « la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus-Christ ».

Lorsqu’invités à se détourner d’un style de vie pécheur, certains répondent en soupirant : « Je ne pourrai jamais changer. » Ils sont peut-être aux prises avec une dépendance ou un certain comportement. Dans le passé, ils ont peut-être tenté péniblement de tourner la page ou essayé différents programmes pour se sortir de l’impasse, mais en vain. Ils meurent d’envie de se libérer de leur terrible esclavage, mais ils n’y arrivent pas. Lorsque l’appel à la repentance les atteint, ils se remémorent leurs échecs passés et rejettent l’appel avec désespoir, sachant qu’ils n’ont pas la volonté de changer.

Or, la grâce irrésistible de Dieu procure la puissance à ceux qui n’en ont pas. Cela doit être effectivement vrai, puisque par nature, nous sommes tous « morts par [nos] offenses et par [nos] péchés ».

Suivez bien la logique du grand théologien américain du xxe siècle, B. B. Warfield:

Si l’Évangile est laissé aux soins de la volonté morte des pécheurs et que rien d’autre ne peut intervenir, qui peut être sauvé ? […] Je dois me repentir si je veux être pardonné ; mais comment me repentir ? Je fais le mal parce que j’aime ça. Je n’arrive pas à détester faire le mal ou à aimer autre chose davantage simplement parce qu’on me dit de le faire ou qu’on me prouve que ce serait mieux pour moi. S’il faut que je change, quelque chose doit me changer.

Paul affirme qu’en Christ, c’est exactement ce qui se produit. Dieu nous rend vivants en Christ, nous qui étions morts par nos offenses et par nos péchés. Et ce n’est pas grâce à nos propres efforts ou capacités, « afin que personne ne se glorifie ». Si le changement spirituel est un don de Dieu et non notre propre action, alors le changement devient une possibilité très réelle.

La question n’est pas de savoir si, par nature, nous avons une détermination à toute épreuve ou si nous tombons facilement dans la tentation. Ces caractéristiques naturelles ne sont pas pertinentes lorsqu’il est question de la grâce irrésistible ; elles font toutes partie de la mort spirituelle. Mais Dieu peut se saisir des hommes et il le fait. Il ressuscite les morts spirituels. Il permet aux pécheurs de naître de nouveau. Par la nouvelle naissance, les pécheurs reçoivent la vie spirituelle qui ne vient pas de la chair, mais du Saint-Esprit. Puisque cette nouvelle naissance provient entièrement de Dieu et non de nous-mêmes, personne ne doit conclure : « Je ne peux pas changer, je ne serai jamais différent ». « Car tout est possible à Dieu ». Par conséquent, ils doivent se détourner du péché et placer leur confiance dans le Seigneur Jésus en se tournant vers un Dieu miséricordieux qui leur donnera les moyens de le faire.

Le but de la grâce irrésistible de Dieu n’est pas de forcer la volonté de l’homme, mais de la libérer de son esclavage au péché

Le pécheur n’est pas sauvé contre son gré. En réalité, aucune violence n’est faite à sa volonté. C’est plutôt la direction morale de la volonté du pécheur qui est transformée à la suite de sa nouvelle naissance. Le petit catéchisme de Westminster affirme que « c’est l’œuvre de l’Esprit de Dieu par laquelle nous convainquant de notre péché et de notre misère, illuminant notre esprit par la connaissance de Christ, et renouvelant notre volonté, il nous persuade et nous rend capables d’embrasser Jésus-Christ, à nous gratuitement offert dans l’Évangile ».

En d’autres termes, lorsque le Saint-Esprit œuvre dans le cœur de ceux qui entendent l’Évangile, ces derniers se retrouvent à désirer ardemment ce qu’ils n’ont jamais désiré auparavant. Ils veulent désormais le Christ. Cela ne veut pas dire que le pécheur devient soudainement un automate qui n’a plus son mot à dire sur ce qu’il fait, mais plutôt qu’il se retrouve merveilleusement attiré par l’objet de son désir. Par-dessus tout, le pécheur désire désormais Jésus-Christ et le salut qu’il offre. Auparavant, le pécheur était aveugle aux choses de Dieu, au péché et à Jésus-Christ. Toutefois, le Saint-Esprit a ôté le voile qui cachait la vue de son cœur et lui a donné des yeux spirituels pour qu’il puisse clairement voir ces choses. Il voit maintenant la nécessité et la sagesse du salut de l’Évangile. Il voit la beauté et la bonté salvatrices du Seigneur Jésus-Christ ; et donc, par la grâce de Dieu, il se tourne vers le Sauveur, librement et avec toute sa volonté.

Philip Doddridge l’exprime dans les paroles de son hymne :

Il m’a attiré, et j’ai suivi,

Heureux de confesser sa voix divine.

L’Évangile selon Marc nous raconte comment Jésus guérit un homme à la main sèche. Jésus lui adressa cet ordre : « Étends ta main ». Or, c’est exactement ce qu’une personne à la main sèche ne peut faire puisque ses muscles se sont atrophiés. Toutefois, l’homme a constaté que l’ordre divin était accompagné du pouvoir d’obéir, et sa main sèche fut restaurée. De la même manière, l’appel de Jésus nous arrive pour que nous nous repentions et croyions à l’Évangile, et la grâce irrésistible de Dieu nous rend capables d’obéir.

Une réponse à ceux qui se croient incapables de croire ou de changer

Voici ce que vous pouvez répondre à tous ceux qui sont devenus si cyniques à propos d’eux-mêmes qu’ils se pensent incapables de croire ou de changer : « En effet, si tout repose sur toi, tu as raison ; mais Dieu est tout-puissant et il est gracieux. Va vers lui et demande-lui de te changer. »

L’incapacité n’est pas une excuse

Nous avons utilisé cette vérité pour encourager les pécheurs qui sont conscients de leur pauvreté spirituelle. Bien sûr, il existe un tout autre type de pécheurs. Ceux qui sont orgueilleux et insensibles à l’appel de Dieu. Ils sont déterminés à continuer de pécher et ils utilisent leur incapacité comme excuse pour ne pas venir à Jésus-Christ. « Tu m’appelles à changer, mais je ne peux pas changer », disent-ils. De telles personnes doivent être appelées à l’action.

Imaginez une personne qui emprunte une somme colossale, dilapide tout son argent et n’a maintenant plus les moyens de la rembourser. Le fait qu’elle se soit appauvrie elle-même ne la dégage aucunement de sa responsabilité morale de rembourser sa dette. De même, si les pécheurs ont perdu leur capacité de se tourner vers Dieu, ils sont toujours responsables de le faire.

Maintenant, imaginez un grand bienfaiteur qui, connaissant l’incapacité du dépensier à rembourser sa dette, lui fait un énorme don qui lui permet d’éponger la totalité de sa dette. Si le dépensier refuse l’offre du bienfaiteur et refuse de rembourser sa dette, ne rendra-t-il pas sa position digne d’une double condamnation ? De même, étant donné que le pécheur dispose de la puissance de Dieu qui lui permet de se repentir du péché et de croire en Christ, sa responsabilité de se soumettre à l’Évangile augmente au lieu de diminuer. C’est à Dieu que nous devons obéissance et, dans l’Évangile, Dieu lui-même est le grand bienfaiteur qui rend disponible le pouvoir d’obéir. L’incapacité n’a jamais été une excuse, encore moins lorsque la puissance de Dieu pour sauver est rendue disponible. Les pécheurs doivent venir au Christ !

Ainsi, la doctrine de la grâce irrésistible a un double objectif dans le cadre de la prédication de l’Évangile. Elle réconforte ceux qui ressentent leur faillite spirituelle et réprimande sévèrement les frondeurs.


Cet article est tiré du livre : Le calvinisme et l’évangélisation de John Benton