La grande leçon du livre de Daniel (Stuart Olyott)

Dieu ne se préoccupe pas beaucoup du nombre. En revanche, il atteste qu’il ne restera jamais sans témoins. La vraie foi a toujours existé dans le monde, sans jamais connaître d’éclipse totale. Mais il est vrai que ses adeptes sont souvent bien peu nombreux. À Babylone, Dieu permit que son véritable Israël s’amenuise jusqu’à ne plus compter que quelques individus. Les six premiers chapitres du livre de Daniel racontent comment ce petit reste parvint à demeurer fidèle à son Dieu dans un environnement hostile.

La grande leçon

Ceci nous amène directement à la grande leçon de ce livre : Comment demeurer fidèle à Dieu dans un environnement défavorable ? Comment vivre pour Dieu quand toutes les circonstances sont contraires ? Page après page, nous apprenons comment chanter « les cantiques de l’Éternel sur une terre étrangère ». Daniel et ses trois compagnons y sont parvenus, et nous le pouvons aussi.

On peut effectivement vivre pour Dieu quand tout s’y oppose. Noé, Abraham, Moïse et David furent tous des hommes de piété. Pourtant, la Parole de Dieu rapporte que chacun d’eux se rendit coupable d’une faute grave à un moment ou à un autre de sa vie. Chacun d’eux porte la marque d’au moins une flétrissure, et certains de plusieurs. La Bible ne « blanchit » pas ses grands hommes. Elle ne les prétend pas meilleurs qu’ils n’étaient dans la réalité. Elle ne fait pourtant état d’aucune tache dans la vie de Daniel. La spiritualité et l’intégrité n’exigent pas des conditions optimales pour se développer. Ce ne sont pas des plantes de serre ou de salon, mais des plantes rustiques qui prospèrent mieux dans le vent et la tempête, la neige ou la sécheresse, sous la grêle ou le soleil brûlant.

Imaginons en effet un jeune garçon de quatorze ans (c’est l’âge de Daniel au début du livre), arraché à son pays, sa famille, ses amis et entraîné de force vers une terre étrangère. Là, il subit une forme d’endoctrinement subtil et efficace. Des années plus tard, nous le retrouvons entouré d’ennemis jaloux qui en veulent à sa vie. Sans cesse exposé à la tentation de la prospérité matérielle et de l’ambition personnelle, Daniel vécut sa jeunesse, son âge mûr et sa vieillesse assiégé par le mal. Il est sans doute peu de nos tentations qu’il n’ait eu à affronter, lui aussi. Pourtant, l’Écriture ne rapporte aucune chute de sa part ! Il résolut dans son cœur de plaire à Dieu, et rien ne parvint à ébranler cette résolution. Il est effectivement possible de vivre pour Dieu dans un monde hostile. La piété peut s’épanouir (et elle le fait en réalité) dans des circonstances défavorables.

Bien peu parmi nous (si même il y en a) ont eu à affronter les difficultés que Daniel traversa. Quand nous parlons de difficultés, nous pensons habituellement aux seules nôtres. Nous nous persuadons facilement que tout est plus facile pour les autres et que, placés dans un contexte favorable, nous ferions bien plus de progrès sur le plan spirituel. L’ouvrier pense qu’il lui serait plus facile de vivre sa vie chrétienne dans un bureau. La secrétaire est persuadée qu’elle vivrait plus facilement une telle vie si elle restait à la maison. La mère au foyer n’a pas conscience des difficultés que rencontrent à l’école ceux qui veulent vivre pour Christ, et l’étudiant attend avec impatience le jour où il pourra affronter le monde du travail dont il imagine les défis plus faciles. La boucle est bouclée ! Chacun s’imagine que les difficultés de l’autre sont moins grandes que les siennes. Nos circonstances servent d’excuse à la pauvreté de notre vie chrétienne. Le livre de Daniel nous arrache sans ménagement à nos illusions. Il apporte la preuve que la vraie spiritualité ne dépend jamais de la facilité des circonstances.

Le secret de Daniel

Quel est le secret de Daniel ?

Il est simple. Que fait-il avant d’interpréter le rêve de Nebucadnetsar ? Il prie (2:17-19). Que fait-il alors qu’on complote contre lui ? Que fait-il dans la fosse aux lions ? Il prie (6:10). Que fait Daniel au chapitre 9 ? Il prie. Daniel est un homme de prière. Une vie de prière authentique est une grande partie du secret qui permet de demeurer fidèle à Dieu dans un monde hostile.

L’autre pendant de ce secret est tout aussi simple. Nous voyons Daniel étudier et comprendre « les livres » (9:2). De quels livres s’agit-il ? Des livres prophétiques de l’Ancien Testament déjà écrits à l’époque. Daniel se réfère à « la loi de Moïse » (9:11,13). Il lit et connaît sa bible. Son secret est beaucoup plus facile à découvrir qu’à mettre en pratique ! Il demeura fidèle à Dieu dans un monde hostile parce qu’il lisait sa bible et priait.

Il est important aujourd’hui de souligner cette discipline très simple, banale à la limite. On pense souvent que le secret de la vie chrétienne réside dans les expériences inédites et exceptionnelles faites avec Dieu. Chacun use d’une terminologie différente pour décrire ces expériences, mais l’idée fondamentale est presque toujours la même : une nouvelle expérience avec Dieu me permettra d’atteindre un niveau spirituel supérieur à celui où je vis en ce moment. Que j’arrive seulement à faire cette expérience nouvelle, et je ne serai plus jamais le même. Il me faut consacrer toute mon énergie à tenter d’accéder à cette vie de qualité supérieure et n’avoir de cesse de faire mienne cette nouvelle expérience qui m’y amènera.

Daniel vécut des expériences merveilleuses avec le Seigneur, mais il ne les rechercha pas. Il recherchait Dieu pour lui-même, pour ce qu’il est, et non pour ce que lui, Daniel, pouvait en retirer. Il se réjouissait d’être avec le Seigneur, de discerner sa volonté dans sa Parole et de communier avec lui dans la prière. Répétons-le ! Le secret de Daniel est très simple et accessible à tous : il lisait sa bible et il priait.

Les premiers martyrs chrétiens, les chrétiens persécutés à l’époque de la Réforme et leurs descendants possédaient tous le même secret. Ce fut le secret de ceux qui se sont tenus debout pour Dieu dans chaque période de l’Église. Tous ces gens savaient que « ceux du peuple qui connaîtront leur Dieu agiront avec fermeté » (11:32). Comme Daniel, ils appartenaient à deux mondes. Comme Daniel, ils virent souvent l’autre monde intervenir dans les affaires de celui-ci. Ils devinrent des amis de Dieu et furent « bien-aimés » dans le ciel (10:19). Tel est le secret !


Cet article est tiré du livre : Daniel – debout, jusqu’au bout de Stuart Olyott