La grossesse avant le mariage annule-t-elle le « joug étranger » ? (John Piper)
Aujourd’hui, nous répondons à une question sur les grossesses prénuptiales : une grossesse prénuptiale annule-t-elle le commandement de ne pas se mettre sous un « joug étranger » ? La question vient d’un auditeur nommé Patrick, un pasteur.
« Bonjour, Pasteur John, merci pour la façon dont ce podcast me sert en tant que pasteur. Un jeune couple de mon église n’est pas marié, et ils ont un enfant ensemble. Ils vivent maintenant dans un état de chasteté, séparés. Cet homme n’est pas croyant. Elle l’est. Ils ont l’intention de se marier, bien que je lui aie conseillé de ne pas l’épouser à moins qu’il ne devienne croyant (d’après 2 Corinthiens 6.14-18). Catégoriquement parlant, ai-je raison ? Ou est-ce que le fait de mettre un enfant au monde passe outre le principe de “ne pas se mettre sous un joug étranger” de Paul ? »
Dans le Seigneur seul
Je pense que l’interprétation et l’instinct de Patrick sont corrects. Je voudrais simplement ajouter quelques passages de l’Écriture et en tirer quelques implications pratiques.
Patrick se réfère à 2 Corinthiens 6.14, où Paul appelle les croyants à ne pas se mettre sous un joug étranger avec des non-croyants. L’instruction de Paul dans 1 Corinthiens 7.39 est encore plus directe sur cette question du mariage avec un non-croyant :
« Une femme est liée aussi longtemps que son mari est vivant ; mais si le mari meurt, elle est libre de se marier avec qui elle veut ; seulement, que ce soit dans le Seigneur. »
Telle est la déclaration explicite de Paul à ce sujet. Les chrétiens n’épousent que des gens « dans le Seigneur », des personnes qui sont chrétiennes.
Bien sûr, derrière ces deux commandements selon lesquels les croyants ne peuvent épouser que des croyants se cache la sagesse que le mariage doit être construit sur le fondement de la foi en Christ avec tous les défis et les buts du mariage façonnés par l’autorité de Jésus Christ. Cela ne peut pas être dans une union où l’on ne se soumet pas à l’autorité de Jésus-Christ.
Je pense que ces commandements de l’apôtre sont le guide perpétuel du mariage dans l’Église chrétienne, et le fait qu’une personne ait eu des rapports sexuels avant le mariage, ou même donné naissance à un enfant avant le mariage, ne change rien à cette instruction.
La création d’une alliance
Maintenant, à l’appui de cette conviction, je citerai 1 Corinthiens 6.15-18 :
Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres de Christ ? Prendrai-je donc les membres de Christ, pour en faire les membres d’une prostituée ? Loin de là ! Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle ? Car, est-il dit, les deux deviendront une seule chair [c’est une citation de Genèse 2.24]. Mais celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit. Fuyez la débauche. Quelque autre péché qu’un homme commette, ce péché est hors du corps ; mais celui qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps.
Maintenant, il me semble que nous pouvons déduire de cet avertissement contre les relations sexuelles hors du mariage que Paul ne croit pas qu’une telle union sexuelle crée une alliance. C’est d’autant plus frappant, n’est-ce pas, parce qu’il dit que cela crée une sorte d’union d’une seule chair, fût-ce même avec une prostituée :
« Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle ? » (1 Corinthiens 6.16).
Puis il cite ce texte étonnant qui s’applique au mariage : « car les deux deviendront une seule chair. » Si Paul voulait dire quelque part qu’une personne est tenue d’épouser quelqu’un avec qui elle a eu une union d’une seule chair, ce serait bien après ce verset. « Dis-le, Paul. N’est-ce pas ce que tu veux dire ? » Mais ce n’est pas le cas. Ce n’est pas ce qu’il veut dire.
L’union sexuelle isolée de l’alliance de mariage ne crée pas une alliance de mariage
L’union sexuelle est précieuse, unique et profonde. Elle est conçue par Dieu pour être la consommation d’une alliance de mariage. Mais par elle-même – isolée dans un bordel ou dans une maison sur la plage à l’adolescence – elle ne crée pas d’alliance. Isolée de l’alliance de mariage, elle ne crée pas une alliance de mariage.
Je pense que nous pouvons aller plus loin. Si l’union d’une seule chair ne crée pas une alliance de mariage, le fruit de cette union d’une seule chair – à savoir un précieux enfant – ne crée pas non plus une alliance. Ça ne crée pas un mariage.
Il me semble que l’instruction biblique de se marier seulement dans le Seigneur demeure, même s’il y a eu une union sexuelle, et même s’il y a eu le fruit de cette union sexuelle, un enfant.
Les conséquences du péché
Maintenant, bien sûr, cela soulève des questions extrêmement difficiles. Le couple dont Patrick parle a déjà manifestement traversé certaines de ces difficultés. Ils ont gardé le bébé en vie et, de toute évidence, ils sont publiquement connus pour avoir eu des rapports sexuels ensemble pour produire cet enfant, ce qui, bien sûr, a dû être douloureux.
Il y a maintenant des questions légales, bien sûr. Il y a des questions morales et légales : qui sera le principal parent de cet enfant s’ils ne se marient pas ? Quelles sont les responsabilités financières du parent qui n’élève pas immédiatement son enfant s’ils ne se marient pas ? Quel genre d’accès les deux parents auront-ils à l’enfant s’ils ne se marient pas ?
Un grand défi
Mais voici peut-être le plus grand défi pastoral : pouvez-vous aider ce couple, en particulier la femme chrétienne, à voir vingt ou trente ans dans le futur et ce à quoi ressemblera un mariage de vingt ou trente ans avec un non-croyant ? Qui sait si le mariage tiendra le coup si longtemps ?
Les problèmes actuels leur paraissent beaucoup plus importants que ces problèmes lointains. Ils ne le sont pas. Ils ne le sont pas.
Il est très difficile, probablement, pour cette jeune femme chrétienne d’imaginer que dans deux ou trois ans, elle tombera amoureuse d’un homme différent qui est chrétien et qu’elle aura un mariage de cinquante ans d’unité et de foi commune avec lui. Mais c’est de cela qu’elle devrait rêver : ou si ce n’est pas le cas, attendre dans la prière que le Seigneur donne une nouvelle vie au père de cet enfant.
Il n’y a pas de réponses faciles aux circonstances créées par le péché. Que Dieu vous donne, Patrick, une grande sagesse alors que vous les conseillez, et qu’il donne à cette femme chrétienne, en particulier la grâce, le courage et la vision clairvoyante pour agir avec sagesse.
Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts