La joie qui lui était réservée – Jour 3

Un médecin compatissant se rend au cœur de la jungle afin d’apporter des soins médicaux à une tribu primitive luttant contre une maladie contagieuse. Il fait venir son équipement par avion. Il diagnostique correctement le problème et obtient les antibiotiques nécessaires, qu’il met à la disposition de la tribu.

Étant financièrement autonome, il n’a nul besoin qu’on le rémunère. En revanche, lorsqu’il s’apprête à offrir ses soins, les malades s’y refusent. Ils veulent se soigner eux‑mêmes. Ils veulent guérir selon leurs propres conditions. Finalement, quelques jeunes hommes courageux acceptent de recevoir les soins qui leur sont offerts gratuitement.

Que ressent alors le médecin ? De la joie.

Sa joie augmente proportionnellement au nombre de malades qui viennent à lui pour obtenir de l’aide et la guérison. C’est précisément pour cette raison qu’il est venu auprès d’eux. Et sa joie sera d’autant plus grande si les malades en question ne sont pas des étrangers, mais bien des membres de sa propre famille. Ainsi en va-t-il pour nous avec Christ. 

Il n’est ni irrité ni contrarié lorsqu’au milieu de la détresse, dans le besoin et avec un sentiment de vide intérieur, nous venons à lui pour implorer une fois de plus son pardon. C’est justement ce qu’il est venu guérir. Il est descendu dans les horribles tréfonds de la mort et en est ressorti pour offrir à son peuple sa miséricorde et sa grâce d’une infinie richesse.

Nous avons tendance à penser que, lorsque nous nous approchons, miséreux, de Jésus pour implorer sa miséricorde en raison de nos péchés, nous le dévalorisons, nous le diminuons, nous l’appauvrissons. Étant le vrai Dieu, Christ ne peut connaître une plénitude plus grande ; il a part à la plénitude immortelle, éternelle et immuable du Père. Toutefois, comme Christ est pleinement homme, le fait que nous venions à lui n’a pas pour effet de le lasser, mais plutôt de le combler.

Autrement dit, lorsque nous hésitons à nous approcher de Christ, en restant tapis dans les ténèbres, apeurés et défaillants, nous nous privons non seulement d’un grand réconfort, mais nous privons aussi Christ du sien. Il vit précisément dans ce but. C’est ce qu’il se plaît tant à faire. Sa joie et la nôtre correspondent.

Notre cœur incrédule use ici de prudence. N’est-ce pas faire preuve d’une audace présomptueuse que de puiser inlassablement dans la miséricorde de Christ ? Ne devrions‑nous pas plutôt nous montrer modérés et raisonnables, en veillant à ne pas trop profiter de lui ?

Le père dont l’enfant est en train de suffoquer voudrait‑il que ce dernier utilise la bombonne d’oxygène de manière modérée et raisonnable ?

L’ennui, c’est que nous ne prenons pas la Bible au sérieux lorsqu’elle parle de nous en tant que Corps de Christ. Christ en est la tête ; nous sommes les membres de son propre corps. Que ressent une tête par rapport à sa chair ? Voici ce que l’apôtre Paul nous dit : « [Il] la nourrit et en prend soin » (Ép 5.29). Puis Paul fait explicitement le lien avec Christ : « [Comme] Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps » (Ép 29,30).

Comment nous occupons‑nous de l’un de nos membres blessés ? Nous le soignons, le pansons, le protégeons, lui accordons du temps pour guérir. Car ce membre du corps n’est pas simplement un ami intime ; il fait aussi partie de nous. Ainsi en est‑il de Christ et des croyants. Nous faisons partie de lui. Voilà d’ailleurs pourquoi le Christ ressuscité demande à un persécuteur de son peuple : « [Pourquoi] me persécutes‑tu ? » (Ac 9.4.)

Quand nous puisons dans les richesses de son œuvre expiatoire, Jésus‑Christ éprouve un réconfort du fait que son propre corps guérit par la même occasion.


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