La justification : le remède à notre plus grand problème (John Piper)
Permettez-moi de démontrer que certaines des facettes les plus éclatantes du diamant de l’Évangile nous absorbent parfois à un point tel qu’elles détournent notre attention de la gloire de Dieu qui brille dans le joyau entier.
Pensons à la justification. Peu d’aspects de l’Évangile me sont plus précieux. J’ai même écrit un livre qui explique pourquoi cette doctrine se situe au coeur de la Bonne Nouvelle et pourquoi elle inclut l’imputation de la justice de Christ au croyant, uniquement par la foi, sans les oeuvres de la loi1. Je n’insisterai pas sur ce point, sinon pour citer quelques voix connues. G. C. Berkouwer, par exemple, a écrit : « La doctrine de la justification divine est au coeur de la vie de l’homme dans sa relation avec Dieu. Elle définit le message de l’Église, l’existence et la progression d’une marche dans la foi, la source de la sécurité des humains ainsi que leurs perspectives pour l’avenir ».
L’Évangile aborde le besoin le plus fondamental de l’homme en lui offrant la justification. Non seulement nous étions ennemis de Dieu, mais nous étions dignes de sa colère (Jn 3.36 ; Ro 1.18 ; 5.9 ; Ga 3.10). Cela signifie que cette dernière, provoquée par nos péchés (Ro 3.23), doit premièrement être apaisée. Nous sommes incapables non seulement d’avoir un effet sur la personne de Dieu, mais aussi de payer notre dette envers lui. « Ils ne peuvent se racheter l’un l’autre ni donner à Dieu le prix du rachat » (Ps 49.8). Voilà pourquoi, dans sa grande miséricorde, le Seigneur est intervenu en notre faveur en offrant Christ comme propitiation pour subir sa colère (Ro 3.25). Christ a donc reçu la malédiction qui devait être la nôtre (Ga 3.13). « [Lui] qui a porté lui‑même nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pi 2.24).

La grande transaction
Christ n’a pas seulement pris sur lui nos péchés, mais il nous a également imputé sa justice ; c’est ce que l’on pourrait appeler « la grande transaction ». J. I. Packer l’explique ainsi : « Le juge déclare que des individus coupables à cause du péché ne sont plus passibles de son jugement et qu’ils sont dorénavant justes à ses yeux. La grande transaction n’est ni une fiction juridique, ni une excuse arbitraire, ni un jeu de mots divin, mais une oeuvre accomplie à un énorme pri3. » C’est ce que l’on voit lorsque nous lisons 2 Corinthiens 5.21 : « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. »
La justification a donc deux aspects : la purification du péché, parce que Christ a pris sur lui notre malédiction, et l’imputation de sa justice, parce que nous sommes en lui et que sa justice nous est attribuée. Calvin définit la justification comme étant l’acceptation par laquelle il nous reçoit en sa grâce et nous tient pour justes. Par elle, nos péchés nous sont remis et la justice de Jésus-Christ nous est imputée. » De même, Luther (qui croyait que la valeur accordée à cette doctrine dans une Église déterminera la résistance ou l’effondrement de cette dernière) attribue deux aspects importants à la justification : « Christ s’est chargé de tous nos péchés, en mourant sur la croix » ; et « les croyants sont justifiés à cause de leur foi en Christ, dont la justice les couvre et leur est imputée. »
Cet article est adapté du livre : Dieu est l’Évangile de John Piper