La lecture de la Bible en public
Pendant des siècles, on a inclus la lecture de passages entiers de la Bible dans les liturgies protestantes et réformées. Comment se fait‑il donc qu’une personne puisse assister aujourd’hui à la plupart des cultes d’adoration évangéliques et rarement y entendre une telle lecture de la Parole de Dieu ? Bien que les Églises se vantent de s’appuyer sur l’autorité, la suprématie et la toute suffisance des Écritures, il est ironique que de nombreux cultes d’adoration abondent en chants chargés d’émotions, en prières remplies de clichés, en témoignages personnels et en prédications thérapeutiques, mais qu’ils fassent abstraction de lectures bibliques. Si on y lit un tant soit peu la Parole, on le fait au début du sermon sans ne jamais plus y revenir par la suite. Or, qu’est‑ce qui cloche à cet égard ?
L’apôtre Paul a demandé à Timothée de faire ceci : « Jusqu’à ce que je vienne, applique‑toi à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement » (1 Ti 4.13). C’est précisément en raison de cette directive explicite, et parce que la Bible fait autorité et suffit à la foi et aux pratiques chrétiennes, que la plupart des Églises au fil de l’Histoire ont fait de la lecture de la Bible un élément non négociable de l’adoration le jour du Seigneur. Dans l’Église luthérienne conservatrice au sein de laquelle j’ai grandi, la lecture de la Bible constituait une partie importante de la liturgie. Chaque culte renfermait effectivement une lecture dans l’Ancien Testament, une lecture dans le Nouveau Testament et une lecture dans un des Évangiles. Même si le sermon du pasteur était moyen (ou même mauvais), au moins les personnes présentes entendaient lire la pure Parole de Dieu plusieurs fois durant le culte. Et n’est‑il pas ironique que beaucoup d’Églises libérales sur le plan théologique aient retenu des liturgies riches en contenu scripturaire alors que des Églises se disant conservatrices les ont abandonnées ?
La lecture de la Bible devrait constituer un élément important et nécessaire des cultes d’adoration du matin et du soir le jour du Seigneur. Dans notre Église en particulier, l’appel à l’adoration, l’assurance du pardon et la bénédiction sont tous tirés de la Bible, et on lit également des passages de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ayant lieu en général juste après le cantique ou le psaume d’ouverture, l’élément que nous décrivons comme « la lecture de la Bible » constitue typiquement un chapitre entier de l’Ancien ou du Nouveau Testament. Dans les dernières années, notre Église a entendu lire de grands pans de l’Ancien et du Nouveau Testament durant ses cultes d’adoration, une pratique que nos membres en sont venus à aimer et à valoriser.
Le fait de garder la lecture de la Parole au cœur du culte d’adoration met en lumière le principe selon lequel, lorsqu’on lit la Bible, on affirme non seulement que Dieu a parlé par les prophètes et les apôtres, mais aussi qu’il nous parle encore aujourd’hui. En effet, la Parole de Dieu est vivante et efficace (Hé 4.12). Il s’agit d’un outil que le Saint‑Esprit utilise pour apporter la vie et la nourriture spirituelles aux élus (Jn 17.17 ; Ép 6.17). Terry Johnson affirme ceci de façon convaincante :
Par la lecture de la Bible, Dieu parle le plus directement à son peuple. On ne doit donc ni négliger ni éradiquer cet acte d’adoration, par lequel Dieu se révèle directement au cœur des siens rassemblés. Il est déjà assez irritant de devoir supporter des prédicateurs qui disent : « Je n’ai pas le temps de lire mon texte aujourd’hui » (comme s’ils disaient : « Il faut passer vite sur la Parole de Dieu pour arriver à la mienne ! ») sans devoir en plus assister à des cultes d’adoration dont la lecture officielle de la Parole est complètement absente, imposant ainsi une famine scripturaire au peuple de Dieu (cité dans Thomas et Duncan, éd., Give Praise to God, Ryken, p. 142).
Durant le culte d’adoration, prêtons donc attention à la lecture de la Parole de Dieu avec joie et empressement. En usant de révérence et d’émerveillement, ainsi qu’en soumettant notre cœur et notre esprit à la seigneurie de Christ, réjouissons‑nous du fait que Dieu se révèle à nous par sa Parole, nous transmettant ainsi sa vérité, ses conseils, sa consolation et sa grâce.
Cet article est extrait du livre : «La splendeur de la sainteté» de Jon D. Payne