La main et le plan omniprésents de Dieu dans l’histoire d’Israël (John Piper)
La providence divine en action
Avant de se poser la question : « Quel était le but ultime de Dieu dans l’histoire d’Israël ? », il serait bon que l’on se rappelle que le récit de l’histoire d’Israël est réellement celui de la providence divine en action. La Bible établit clairement Dieu comme étant l’acteur décisif de l’histoire d’Israël. Je ne connais aucune narration de l’histoire d’Israël, en dehors de celle de la Bible, qui peut se mesurer à cette dernière, quant à la manière de s’y prendre.
Dans l’Ancien Testament, ainsi que dans le Nouveau, l’histoire est dépeinte en tant que réalité globalement accomplie par Dieu. En dépit des réels agencements humains à quasiment chaque tournant, Dieu y est considéré comme celui qui fait tout aboutir. C’est pourquoi l’on peut parler d’un objectif de la providence divine dans l’histoire d’Israël.
L’exemple de Paul en Actes 13
Pour seul exemple, on peut citer le premier sermon de Paul dans Actes 13, celui qu’il a prêché dans la synagogue à Antioche de Pisidie. J’insère ce texte assez long pour permettre de suivre plus aisément les points que j’ai inscrits par la suite, dans le même ordre qu’ils apparaissent dans le sermon. Peut-être sommes-nous devenus si habitués à cette façon biblique d’écrire l’histoire que nous en venons facilement à ne pas voir à quel point elle est étonnante.
Aujourd’hui, personne n’écrit l’histoire de cette manière. Dans la liste qui suit le passage biblique ci-dessous, j’ai mis en italiques les endroits où Dieu est dépeint (dix-sept fois) comme étant l’acteur de l’histoire d’Israël.
Écoutez !
Paul se leva, et, ayant fait signe de la main, il dit : Hommes Israélites, et vous qui craignez Dieu, écoutez ! Le Dieu de ce peuple d’Israël a choisi nos pères. Il mit ce peuple en honneur pendant son séjour au pays d’Égypte, et il l’en fit sortir par son bras puissant. Il les nourrit près de quarante ans dans le désert ; et, ayant détruit sept nations au pays de Canaan, il leur en accorda le territoire comme propriété. Après cela, durant quatre cent cinquante ans environ, il leur donna des juges jusqu’au prophète Samuel. Ils demandèrent alors un roi. Et Dieu leur donna, pendant quarante ans, Saül, fils de Kis, de la tribu de Benjamin ; puis, l’ayant rejeté, il leur suscita pour roi David, auquel il a rendu ce témoignage : J’ai trouvé David, fils d’Isaï, homme selon mon cœur, qui accomplira toutes mes volontés. C’est de la postérité de David que Dieu, selon sa promesse, a suscité à Israël un Sauveur, qui est Jésus. Avant sa venue, Jean avait prêché le baptême de repentance à tout le peuple d’Israël. Et lorsque Jean achevait sa course, il disait : Je ne suis pas celui que vous pensez ; mais voici, après moi vient celui dont je ne suis pas digne de délier les souliers. Hommes frères, fils de la race d’Abraham, et vous qui craignez Dieu, c’est à vous que cette parole de salut a été envoyée. Car les habitants de Jérusalem et leurs chefs ont méconnu Jésus, et, en le condamnant, ils ont accompli les paroles des prophètes qui se lisent chaque sabbat. Quoiqu’ils n’aient trouvé en lui rien qui soit digne de mort, ils ont demandé à Pilate de le faire mourir. Et, après qu’ils eurent accompli tout ce qui est écrit de lui, ils le descendirent de la croix et le déposèrent dans un sépulcre. Mais Dieu l’a ressuscité des morts. Il est apparu pendant plusieurs jours à ceux qui étaient montés avec lui de la Galilée à Jérusalem, et qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple. Et nous, nous vous annonçons cette bonne nouvelle que la promesse faite à nos pères, Dieu l’a accomplie pour nous, leurs enfants, en ressuscitant Jésus […] (Ac 13.16‑33.)
Dieu, le seul acteur décisif dans l’histoire d’Israël
Voici ma version condensée de ce sermon, pour montrer l’incessant intérêt porté sur Dieu comme seul acteur décisif dans l’histoire d’Israël.
- « Le Dieu de ce peuple d’Israël a choisi nos pères » (13.17a).
- « [Dieu] mit ce peuple en honneur pendant son séjour au pays d’Égypte » (13.17b).
- « [Dieu] l’en fit sortir par son bras puissant » (13.17c).
- « [Dieu] les nourrit près de quarante ans dans le désert » (13.18).
- « [Dieu détruisit] sept nations au pays de Canaan » (13.19a).
- « [Dieu] leur en accorda le territoire comme propriété » (13.19b).
- « [Dieu] leur donna des juges jusqu’au prophète Samuel » (13.20).
- « Ils demandèrent alors un roi. Et Dieu leur donna […], Saül » (13.21).
- « [Dieu] l’ayant rejeté […] » (13.22a.)
- « [Dieu] leur suscita pour roi David » (13.22b).
- « C’est de la postérité de David que Dieu […] a suscité à Israël un Sauveur, qui est Jésus » (13.23a).
- « […] selon la promesse de Dieu […] » (13.23b.)
- « Hommes frères […] c’est à vous que cette parole de salut a été envoyée [par Dieu] » (13.26).
- « Car les habitants de Jérusalem et leurs chefs ont méconnu Jésus, et, en le condamnant ils ont accompli [guidés par la main de Dieu] les paroles des prophètes » (13.27).
- « Mais Dieu l’a ressuscité des morts » (13.30).
- « Nous vous annonçons cette bonne nouvelle que la promesse [de Dieu] faite à nos pères […] » (13.32.)
- « Dieu l’a accomplie […] en ressuscitant Jésus » (13.33).
L’action omniprésente de Dieu
L’action omniprésente de Dieu est dépeinte dans cette narration, non seulement par la fréquence et la régularité des œuvres divines, mais aussi par la façon remarquable dont Paul parle de l’accomplissement de cette histoire en Jésus. Par exemple, au verset 27, l’apôtre insiste pour démontrer que même ceux qui ne connaissaient pas Dieu – qui en étaient déconnectés et qui ne saisissaient pas les prophéties des Écritures – accomplissaient néanmoins ces mêmes prophéties. Ils faisaient ce que Dieu avait planifié et annoncé :
Car les habitants de Jérusalem et leurs chefs ont méconnu Jésus, et, en le condamnant, ils ont accompli les paroles des prophètes qui se lisent chaque sabbat.
Ils ont accomplies les prophéties
Voilà qui est stupéfiant ! Précisément, du fait que les chefs ne connaissaient pas les prophéties, ils les ont accomplies ! Pourquoi en faire la remarque ? Parce que si quelqu’un lit et comprend ce que Dieu a prédit puis l’accomplit, on pourrait supposer qu’il a choisi de s’associer au Seigneur pour leur réalisation. Mais si les dirigeants en question ne connaissent pas les prophéties, mais agissent pourtant exactement en accord avec elles, alors qui fait en sorte que cela se produise ? Dieu, bien sûr. C’est tout l’enjeu. Paul s’est donné pour mission de rendre visible pour tous, que l’histoire d’Israël est l’œuvre de Dieu[1]. C’est la providence divine.
[1] Pour un récit similaire des interventions divines dans l’histoire d’Israël, voir Jos 24.1‑13, où Dieu lui-même narre cette même histoire dans laquelle les humains accomplissent effectivement des actions, mais où Dieu se déclare en être la cause décisive : « Je pris votre père Abraham de l’autre côté du fleuve, et je lui fis parcourir tout le pays de Canaan ; je multipliai sa postérité, et je lui donnai Isaac. Je donnai à Isaac Jacob et Ésaü ; je donnai en propriété à Ésaü la montagne de Séir […]. J’envoyai Moïse et Aaron, et je frappai l’Égypte par les prodiges que j’opérai au milieu d’elle ; puis je vous en fis sortir. […] L’Éternel mit des ténèbres entre vous et les Égyptiens, il ramena sur eux la mer, et elle les couvrit. […] Je vous conduisis dans le pays des Amoréens […]. Je les livrai entre vos mains […], et je les détruisis devant vous. […], je vous délivrai de la main de Balak. […] Je livrai [ces peuples] entre vos mains […] et j’envoyai devant vous les frelons […] ; ce ne fut ni par ton épée ni par ton arc. Je vous donnai un pays que vous n’aviez point cultivé […] »
Cet article est tiré du livre : « La providence de Dieu » de John Piper