La nature et l’importance de la repentance (John Colquhoun)

Les mots grecs traduits par « se repentir » et « repentance » sont metamellomai et metanoia. Le premier signifie « une attention qui vient après ». Il décrit un sentiment désagréable de regret et d’insatisfaction concernant un acte commis, mais il ne tient pas compte de la durée ni des effets de ce sentiment. Il dénote un simple changement de sentiment, en mieux ou en pire ; une tristesse qui n’entraîne pas nécessairement un réel changement de conduite ni ne l’exige. Il n’implique pas d’examen pour déterminer si l’action incriminée est bonne ou mauvaise ; il suffit de changer sa motivation ou sa cause. C’est donc le terme que les auteurs inspirés utilisent pour désigner la repentance, quelle qu’en soit la sorte.

D’après le sens communément accepté, on peut effectivement dire qu’il est possible de se repentir d’une bonne action comme d’une mauvaise. Un homme cupide se repent de l’élan de compassion passager qui l’a poussé à donner l’argent à un malheureux. Le mot original équivaut donc au remords ou à l’insatisfaction de soi-même pour ce qu’on a fait. 

Le second des deux mots définit « un changement de pensée », de jugement, de disposition, d’objectif et de comportement. Il indique vraiment un changement en mieux, durable et qui engendre une bonne conduite. En plus de tristesse et de remords à propos du passé, il inclut un changement de disposition et de comportement pour l’avenir. Quand Jean-Baptiste, le Seigneur Jésus ou les apôtres présentent ce changement de pensée comme un devoir et en soulignent la nécessité comme une doctrine de l’Évangile, ils utilisent invariablement le substantif metanoia et le verbe metanoeo. L’un ou l’autre de ces termes sert habituellement à désigner l’habitude et la pratique de cette repentance qui est biblique et permanente, et dont on ne se repent pas. 

La repentance est un changement complet de pensées, d’idées et de sentiments concernant le péché et le salut 

La repentance que le Nouveau Testament requiert des pécheurs se manifeste par une tristesse authentique à cause du péché, une ferme résolution de le haïr et de l’abandonner. Elle s’exprime aussi par des efforts soutenus pour revenir à Dieu en Christ et marcher avec lui en nouveauté de vie. La sincérité de cette repentance se voit aux fruits appropriés qu’elle porte. C’est une grâce qui sauve puisque Dieu la donne, Christ l’acquiert et le Saint-Esprit l’opère. Implantée par l’Esprit à la régénération, elle est indissociablement liée au salut, au point d’en constituer un élément essentiel. L’Écriture l’appelle « une repentance à salut » qui conduit « à la vie » (Actes 11:18).

On la qualifie aussi de « repentance envers Dieu » car elle procède de la vie spirituelle dans l’âme et la met en évidence. Elle prépare à la perfection de la vie éternelle et y trouve son aboutissement. Elle se distingue enfin de la tristesse du monde qui produit la mort (2 Corinthiens 7:10). Par elle, l’homme pécheur se détourne de tout péché connu pour embrasser l’amour et le service de Dieu (Actes 20:21). 

La vraie repentance est un principe permanent, une disposition durable de l’âme, un principe de grâce profondément ancré dans le cœur

La vraie repentance n’est pas un acte passager, un simple soupir ou élan de tristesse à cause du péché. Ces élans en découlent peut-être s’ils proviennent d’un cœur sincèrement contrit. Mais la repentance elle-même est un principe permanent, une disposition durable de l’âme, un principe de grâce profondément ancré dans le cœur. Elle incline l’homme à s’affliger constamment de son péché et à s’en détourner (Zacharie 12:10). La source du chagrin à cause du péché présent dans le cœur renouvelé continue de jaillir tant que ce péché subsiste, même s’il lui arrive d’être sérieusement freinée pour un temps à cause de la dureté rémanente du cœur. À la conversion initiale du pécheur, cette repentance selon Dieu inonde le cœur, et la plaie continue de saigner et continuera de le faire plus ou moins jusqu’à ce que le cœur obtienne la complète guérison de la gloire dans les lieux célestes. 

Certains considèrent la repentance comme le premier pas vers le ciel. Pensant avoir franchi cette première étape, ils ne cherchent pas à en renouveler l’exercice journellement. L’authenticité d’une telle repentance est douteuse et n’est probablement qu’une contrefaçon. Cette tristesse superficielle que l’homme éprouve pour ses péchés, et même le remords qui ronge sa conscience ne sont que les premiers mouvements du ver qui ne meurt point, comme on le voit chez Judas. Un tel homme ignore tout de la vraie repentance, qui est à la fois une grâce salvatrice et un principe continuel. 

Un changement merveilleux et permanent s’opère par la grâce dans le cœur de celui qui se repent véritablement

À l’opposé de cela, un changement merveilleux et permanent s’opère par la grâce dans le cœur de celui qui se repent véritablement. L’individu est irrésistiblement poussé à abandonner ses anciennes idées sur le péché, sur le salut, sur le charme et la beauté de la sainteté. Il adopte des sentiments tout à fait opposés. Un tel changement se produit dans ses penchants et ses inclinations qu’il ne prend plus plaisir à l’injustice. Il se délecte au contraire de la loi de Dieu et se plaît à lui obéir selon l’homme intérieur. Plus il prend plaisir à la sainteté, plus sa tristesse à cause du péché devient profonde et douce, et plus vigoureux seront ses efforts pour s’éloigner de tout péché et se rapprocher de Dieu.

Malgré cela, sa repentance est si loin de lui mériter quelque bénédiction divine qu’il se sent davantage redevable à Dieu de lui avoir accordé ce bienfait inestimable qui conduit à la vie. Plus il reçoit de Dieu la grâce de se repentir, plus il est tenu d’honorer son Seigneur par sa pratique dynamique et fréquente de cette grâce. 


Cet article est tiré du livre : Qu’est-ce que la repentance selon la Bible ? de John Colquhoun