La nécessité de la conviction (Sinclair Ferguson)
La conviction est-elle nécessaire?
Assurément, certaines personnes sont devenues chrétiennes sans avoir éprouvé de douloureuse conviction de culpabilité. Par exemple, certains chrétiens ne connaissent rien du bouleversement radical que d’autres ont vécu au moment de leur première expérience de Christ et du salut. D’autres encore, bien sûr, viennent à Christ durant leur adolescence ou plus tard dans la vie sans présenter les signes de lutte que quelques-uns ont connus. Il est essentiel de reconnaître ce fait, de peur de stéréotyper les actions du Saint-Esprit sans savoir ce qu’en dit la Bible. C’est précisément la raison pour laquelle Paul affirme qu’il y a « diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous ». C. H. Spurgeon exprime le juste milieu, qu’il définit ainsi : Parmi les milliers d’âmes qui ont été menées à la connaissance du Seigneur par mon intermédiaire, j’ai souvent remarqué qu’une grande proportion de ces personnes, ainsi que des membres notables de mon église ont été gagnés à Christ, non à cause de craintes légales, mais par des moyens plus discrets. J’ai demandé à une jeune femme remarquable :
Quelle fut la première pensée qui vous a menée à chercher le Seigneur? » Elle a répliqué : « Oh Monsieur, ce fut le caractère aimable de Christ qui m’a donné le désir d’être comptée parmi ses disciples. J’ai vu à quel point il était bienveillant, bon, désintéressé et prêt à se sacrifier et cela m’a fait voir à quel point j’étais différente de lui. Je me suis dit : “Oh! Je ne suis vraiment pas comme Jésus!”, ce qui m’a poussée à me retirer dans ma chambre, où je me suis mise à prier et c’est ainsi que j’en suis venue à lui faire confiance1.
Ces mots sont évocateurs pour plusieurs raisons. Ils nous indiquent que nous devons regarder à deux fois dans les Écritures avant de définir l’expérience de Paul, par exemple, comme étant l’unique prototype de la conversion. Les événements de la Pentecôte ne sont pas la norme de toutes les expériences de foi et de repentance subséquentes. Mais les paroles de Spurgeon sont aussi significatives parce qu’elles montrent que, même lorsque Dieu utilise des moyens « discrets » pour nous mener à Christ, nous éprouvons toujours (du moins ceux qui ont atteint une maturité naturelle) un certain sentiment de conviction de péché. Les mots : « Oh! Je ne suis vraiment pas comme Jésus! » expriment une telle conviction. Il est difficile de voir comment nous pourrions éviter une telle expérience ou quelque chose de similaire puisque nous nous éveillons de notre sommeil dans le péché pour être transportés dans le royaume de Dieu.
Dieu produit la conviction
Nous devons apprendre que nous ne produisons pas nous-mêmes cette conviction. Les peurs et anxiétés qui l’accompagnent ne constituent pas les devoirs que le croyant doit accomplir pour devenir un chrétien authentique. C’est une grande erreur de rechercher pour soi la même conviction qu’un John Bunyan parce qu’elle a causé une vive impression sur nous. Ce n’est pas de cette façon que Dieu agit avec nous. L’écrivain puritain John Owen décrit avec justesse une meilleure attitude :
Il plaît à Dieu d’exercer une prérogative ainsi que sa souveraineté dans toute cette affaire et il agit avec l’âme des hommes dans une variété indescriptible de manières. Il mène certains des portes de la mort et de l’enfer vers le repos de son amour… et pour d’autres, il aplanit les sentiers et les rend cléments2.
- Spurgeon, C. H., Autobiography, Vol. II, The Full Harvest, Édimbourg, Banner of Truth Trust, 1973, p. 235. Traduction libre.
- Owen, John, Works, vol. III éd. W.H. Goold, Londres, Banner of Truth Trust, 1966, p. 360-361. Traduction libre.
Cet article est tiré du livre : La vie chrétienne de Sinclair Ferguson