La paix avec Dieu et avec son peuple — Éphésiens 2.14–17 (John MacArthur)

Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation, l’inimitié, ayant anéanti par sa chair la loi des ordonnances dans ses prescriptions ; il a voulu créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau, en établissant la paix, et les réconcilier avec Dieu l’un et l’autre en un seul corps, par la croix, en détruisant par elle l’inimitié. Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin, et la paix à ceux qui étaient près.

Éphésiens 2.14-17

Jésus seul est notre paix (voir És 9.6), personne et rien d’autre. Ce que les lois, les ordonnances, les cérémonies, les sacrifices et les bonnes œuvres ne pouvaient faire pour ramener la paix entre les hommes et Dieu, Jésus l’a fait. Ces choses ne pouvaient mettre l’harmonie ni entre les hommes et Dieu, ni entre les hommes eux-mêmes. Par son sacrifice à la croix Jésus a accompli les deux.

Tout comme il est la cause de tous les conflits et de toutes les divisions, le péché est aussi l’ennemi de la paix et de l’harmonie. L’impossibilité de la paix fait partie intégrante de la méchanceté. Le péché est la cause fondamentale de l’égoïsme, et l’égoïsme est une cause fondamentale de désunion. Nous ne pouvons pas toujours avoir ce que nous voulons sans empiéter sur ce que quelqu’un d’autre veut ou sur ce dont il a besoin. Nous ne pouvons pas toujours en faire à notre tête sans empêcher quelqu’un d’en faire à la sienne.

Jacques dit : « D’où viennent les luttes, et d’où viennent les querelles parmi vous ? N’est-ce pas de vos passions qui combattent dans vos membres ? Vous convoitez et vous ne possédez pas ; vous êtes meurtriers et envieux, et vous ne pouvez pas obtenir ; vous avez des querelles et des luttes, et vous ne possédez pas, parce que vous ne demandez pas. Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions » (Ja 4.1-3).

La paix ne vient que lorsque le moi meurt, et la seule place où il meurt vraiment est au pied du Calvaire. Paul dit : « J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2.20).

Durant la Seconde Guerre mondiale des soldats américains tiraient sur des soldats allemands qui occupaient une ferme et ripostaient. Les habitants de la ferme s’étaient réfugiés dans la grange. À un moment, leur fillette de trois ans, effrayée, est sortie de la grange en courant et a traversé le champ qui séparait les deux groupes ennemis. Lorsqu’ils l’ont vue, les adversaires ont tout simplement arrêté de tirer jusqu’à ce que la petite soit en sécurité. Aussi brève que fut la trêve, un petit enfant avait amené la paix là où à peu près rien d’autre ne l’aurait pu.

Jésus-Christ est venu sur cette terre comme un bébé, et par son sacrifice sur la croix il est devenu la paix de ceux qui croient en Lui. Sa paix n’est pas passagère, mais permanente. Des deux groupes, les Juifs (ceux qui étaient « près ») et les non-Juifs (ceux qui étaient « loin ») il n’en a fait qu’un, et […] a renversé le mur de séparation.

En Jésus-Christ, un Juif n’est plus différent d’un non-Juif du point de vue religieux. En fait, depuis l’an 70, lorsque le temple a été détruit, il n’y a plus de véritable religion juive. L’endroit réservé aux sacrifices a disparu, mais aussi les registres généalogiques qui permettaient de savoir qui était de la lignée des sacrificateurs. Et de la même manière, en Christ, un non-Juif n’est plus différent en ce qui concerne sa condition spirituelle. Son paganisme est parti, son incrédulité est partie, son désespoir est enlevé et son impiété a disparu.

Pour ceux qui sont en Christ la seule identité qui compte est le fait d’être en lui. Il n’y a pas un christianisme juif et un autre non juif, un noir et un blanc, un masculin et un féminin, un de gens libres et un d’esclaves. Il n’y a que le Christianisme. Notre seul Seigneur n’a qu’une seule Église.

L’expression le mur de séparation est un rappel de la séparation qui existe entre le parvis des non-Juifs et le reste du temple. Entre ce parvis et celui réservé aux Juifs, il y a un écriteau sur lequel est écrit : « Aucun non-Juif ne peut pénétrer au-delà de la barricade qui entoure le sanctuaire et son enceinte. Celui qui le fait sera lui-même responsable de sa mort. » Cette barrière visible symbolise bien la barrière d’hostilité et de haine qui sépare également les deux groupes. Comme nous le voyons dans le livre des Actes, même un Juif qui ferait pénétrer un non-Juif dans la partie réservée du temple risque sa vie. Bien que Paul n’ait pas fait ça, certains Juifs d’Asie l’ont accusé d’avoir amené Trophime, un non-Juif d’Éphèse, dans le temple. Les Juifs auraient tué Paul s’il n’avait pas été sauvé par les soldats romains (Ac 21.27-32).

C’est Dieu qui a originellement séparé les Juifs des non-Juifs (voir És 5.1-7 ; Mt 21.33) dans le but de racheter les deux groupes, pas seulement les Juifs. Il a établi le parvis des non-Juifs dans le temple dans le but exprès de gagner les non-Juifs à lui. Ce lieu devait être consacré à l’évangélisation des non-Juifs par les Juifs, c’était un endroit pour faire des prosélytes au judaïsme et les amener « près ». C’est l’enceinte, cependant, que du temps de Jésus les dirigeants juifs utilisaient comme « une caverne de voleurs » (Mc 11.17) plutôt que comme un lieu de témoignage.

Christ a, pour toujours, renversé (le temps aoriste qui est là en grec indique une action terminée) tous les murs de séparation lorsqu’il a renversé l’inimitié, ayant anéanti par sa chair la loi des ordonnances dans ses prescriptions. Lorsque Jésus est mort à la croix il a aboli toutes les barrières qui existaient entre l’homme et Dieu et entre les hommes. La plus grande barrière qui existait entre les Juifs et les non-Juifs était la loi cérémonielle, la loi des ordonnances dans ses prescriptions. Christ a anéanti les fêtes, les sacrifices, les offrandes, les lois de propreté et de purification, et toutes les autres ordonnances extérieures distinctives servant à séparer Israël des nations.

Les mots dans ses prescriptions montrent clairement qu’il n’est pas question de l’abolition de la loi morale de Dieu. Sa loi morale reflète la sainteté de sa nature et ne peut donc jamais changer (voir Mt 5.17-19). C’est là la loi qui, pour les Juifs, est résumée dans les Dix Commandements, qui pour tous les hommes est écrite dans leur cœur (Ro 2.15), et qui doit encore être respectée (Mt 22.37-40 ; Ro 13.8-10). Jésus a résumé encore plus la loi morale de Dieu, lorsqu’il a dit : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13.34). Les Dix Commandements, comme toutes les lois morales de Dieu, ne sont que l’amour structuré et appliqué qu’il demande encore (Ja 2.8).

Toutes les prescriptions cérémonielles qui distinguaient et séparaient les Juifs des non-Juifs ont été anéanties. Avant Christ, ces groupes ne pouvaient pas manger ensemble à cause des restrictions alimentaires, des purifications et de la contamination cérémonielle. Maintenant, ils peuvent manger n’importe quoi avec n’importe qui. Un non-Juif ne pouvait pas rendre pleinement un culte dans le temple juif, et un Juif ne voulait pas rendre un culte dans un temple païen. En Christ, ils adorent maintenant ensemble, et n’ont besoin ni de temple ni d’autre endroit à sanctifier. Christ a anéanti toutes les distinctions et les exigences cérémonielles (voir Ac 10.9-16 ; 11.17,18 ; Col 2.16,17) car il a voulu créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau, en établissant la paix. Le point central est encore en lui-même, exprimant ainsi la nouvelle unité qui se produit lorsque les hommes sont unis dans la personne du Seigneur Jésus-Christ.

Le terme kainos (nouveau) ne désigne pas ici quelque chose de récemment terminé, comme une nouvelle voiture qui quitte la chaîne de montage — une parmi beaucoup d’autres semblables. Ce nouveau exprime une différence en sorte et en qualité, un modèle complètement nouveau, différent de tout ce qui a existé jusque là. Quelqu’un de nouveau en Christ n’est pas simplement un Juif ou un non-Juif qui est aussi chrétien. Il n’est plus ni juif ni non juif, il est seulement chrétien. Toute autre caractéristique appartient à « autrefois » (voir le v. 11). Paul résume bien les choses, lorsqu’il dit : « Il n’y a aucune différence, en effet, entre le Juif et le Grec, puisqu’ils ont tous un même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l’invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Ro 10.12,13).

On raconte une autre histoire de la Seconde guerre mondiale : celle de soldats américains qui avaient perdu leur ami au cours de la bataille. Ils ont amené son corps dans le seul cimetière de l’endroit, un cimetière catholique. Lorsqu’ils ont dit au prêtre que le mort n’était pas catholique, il a répondu : « Je regrette, mais vous ne pouvez pas l’enterrer ici. » Abattus et découragés, les soldats ont décidé de faire ce qui leur semblait le mieux dans les circonstances : ils ont enterré leur camarade juste de l’autre côté de la clôture du cimetière. Ils sont revenus le lendemain pour lui rendre un dernier hommage, mais ils n’ont pas pu trouver de tombe en dehors de la clôture. Lorsqu’ils en ont parlé au prêtre, celui-ci leur a dit : « Durant la première partie de la nuit, je suis resté éveillé à regretter ce que je vous ai dit hier. Et durant la deuxième partie, j’ai déplacé la clôture. »

Lorsque Christ a renversé le mur de séparation, l’inimitié […] par sa chair, il a déplacé la clôture afin de créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau. Personne qui vient à lui n’est exclu, et personne qui est inclus n’est spirituellement différent des autres. Les mots par sa chair pointent directement vers la mort de Jésus sur la croix, mort par laquelle il a annulé, rendu sans effet et invalidé (anéanti, katargeô) la querelle, la discorde, la séparation (l’inimitié, echthra), en établissant la paix, comme l’indiquait le verset 14.

Les mots réconcilier avec Dieu l’un et l’autre en un seul corps, par la croix démontrent que non seulement Juifs et non-Juifs sont rapprochés l’un de l’autre, mais qu’ensemble ils sont rapprochés de Dieu. La réconciliation de l’un avec l’autre est inséparable de la réconciliation avec Dieu. Alors que l’un et l’autre sont amenés à Dieu, ils sont amenés l’un vers l’autre. La mort de Christ a parfaitement accompli ce que Dieu voulait : amener les hommes à lui. Le verset 13 pointe vers le sang de Christ, le verset 15 vers la chair du Sauveur expirant, et maintenant le verset 16 mentionne précisément l’endroit (la croix) où le sang de Christ a été répandu et sa chair mise à mort. Comment la croix a-t-elle accompli une telle réconciliation ? Christ a [détruit] par elle l’inimitié qui existait entre les hommes et Dieu (voir Ro 5.1,10).

L’hostilité entre les hommes et Dieu a été anéantie par le sacrifice de Christ. C’est lui qui a subi la peine judiciaire imposée par Dieu pour le péché. Il a payé par sa mort ce que Dieu exigeait et a ainsi satisfait à la justice divine (voir 2 Co 5.20). Il est « devenu malédiction » pour les pécheurs (Ga 3.13) et a procuré la réconciliation du pécheur croyant avec Dieu et avec tous les autres pécheurs repentants, sans égard à la race.

Le verbe réconcilier (apokatallassô) est riche de sens. Il exprime l’idée de faire passer de l’hostilité à l’amitié. L’utilisation (en grec) de deux prépositions comme double préfixe (apo et kata) exprime la totalité de cette réconciliation (voir Col 1.19-23).

L’homme ne peut même pas se réconcilier avec ses semblables, encore moins le peut-il avec Dieu. « Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. À plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie » (Ro 5.8-10). Sans Christ, nous sommes tous sans force, pécheurs et ennemis de Dieu. Comme Paul le dit dans une autre épître : « Car Dieu a voulu faire habiter toute plénitude en lui ; il a voulu par lui tout réconcilier avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de la croix » (Col 1.19,20). Le commentateur écossais John Eadie a écrit : « La croix qui a causé la mort de Jésus a aussi causé celle de l’hostilité entre l’homme et Dieu. Sa mort a été la mort de l’animosité. » La croix est le remède de Dieu à la judaïsation, la discrimination raciale, la ségrégation, l’apartheid, l’anti-sémitisme, le sectarisme, la guerre et toutes les autres causes et conséquences des querelles humaines. C’est là le grand mystère d’Éphésiens 3.6 : « les païens sont cohéritiers, forment un même corps, et participent à la même promesse en Jésus-Christ par l’Évangile. »

Celui qui est notre paix (v. 14) est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin, et la paix à ceux qui étaient près. Evangelizô (annoncer) veut littéralement dire « annoncer une bonne nouvelle » et est presque toujours utilisé dans le Nouveau Testament pour parler de la proclamation de l’Évangile, la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ. C’est de ce terme grec et d’autres connexes que nous avons dérivé les mots : évangéliser, évangéliste et évangélique. Les mots de notre texte pourraient alors être littéralement traduits : il est venu évangéliser la paix.

La proclamation céleste de la naissance de Jésus a été : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée ! » (Lu 2.14.) Ceux que Dieu agrée, sont ceux qui mettent leur foi en son Fils, Jésus-Christ. Comme le dit le verset 13, et comme nous l’avons expliqué, ceux qui [étaient] loin sont les non-Juifs, et ceux qui étaient près sont les Juifs. Tous, Juifs et non-Juifs ont accès à la paix de Dieu par Jésus-Christ.

Jésus est le Prince de Paix (És 9.6), qui a promis à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14.27). Tout comme leur Maître, ses disciples doivent être des médiateurs de la paix (Mt 5.9) et des proclamateurs de la paix. Lorsque Jésus a envoyé les Soixante-dix en mission, il leur a donné les instructions suivantes : « Dans quelque maison que vous entriez, dites d’abord : Que la paix soit sur cette maison ! Et s’il se trouve là un enfant de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra à vous » (Lu 10.5,6). La paix entourait le ministère de Jésus comme une aura qui bénissait constamment ceux qui croyaient en lui. Au nombre de ses derniers mots à ses disciples on trouve : « Je vous ai dit ces choses afin que vous ayez la paix en moi » (Jn 16.33). Les apôtres et les autres prédicateurs de l’Église primitive accomplissaient leur ministère en « annonçant la paix par Jésus-Christ » (Ac 10.36). Une caractéristique du ministère du Saint-Esprit est qu’il procure « l’amour, la joie, la paix » et le reste du fruit spirituel présenté dans Galates 5.22,23. Le royaume de Dieu lui-même se caractérise par « la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit » (Ro 14.17). Le Dieu de paix (1 Co 14.33 ; Hé 13.20) appelle son peuple à la paix (1 Co 7.15).


Cet article est tiré du livre : Éphésiens de John MacArthur