La parabole du bon Samaritain et l’amour du prochain (John MacArthur)
Jésus reprit la parole, et dit : Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups, et s’en allèrent, le laissant à demi mort. Un sacrificateur, qui fortuitement descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre. Un Lévite, qui arriva aussi dans ce lieu, l’ayant vu, passa outre. Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu’il le vit. Il s’approcha, et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à l’hôte, et dit : Aie soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour (Lu 10.30‑35).
L’amour du bon Samaritain envers un juif, un « ennemi » ethnique, semble incroyable. C’est un exemple, un amour qui nous paraît impossible à suivre. Cependant, en fait, il y a quelqu’un pour qui vous avez fait tout cela : vous-même. N’est-ce pas ainsi que nous prenons soin de nos besoins ? Donne-moi ce dont j’ai besoin. Appelle le meilleur médecin. Conduis-moi dans le meilleur centre hospitalier ou je bénéficierai des techniques les plus modernes, des meilleurs soins. Subviens à mes besoins aussi longtemps que nécessaire. Dorlote-moi. Ne lésine pas sur les dépenses. Peut-être irions-nous jusqu’à ces sacrifices aussi pour un membre de la famille ou un ami très cher. Mais qui le ferait pour un étranger, voire pour un ennemi ? Personne n’est allé jusque-là.
Vous avez certainement accompli des choses admirables à un moment ou à un autre de votre vie. Mais aimez-vous vraiment des étrangers toujours ainsi ?
Non. Jésus décrit un amour rare et sans limites. Rappelez-vous qu’en imaginant cette scène, Jésus répond en fait à la question du docteur de la loi : « Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » (Lu 10.25.) Résumons l’entretien :
Que dit la loi ?
« Aime ton prochain comme toi-même » (v. 27).
« Tu as bien répondu. Fais cela et tu vivras » (v. 28).
Jésus raconte la parabole du bon Samaritain pour montrer que la loi nous fixe un niveau inaccessible. Et la condamnation n’atteint pas seulement le docteur de la loi : nous sommes tous concernés. Si nous aimions vraiment notre prochain comme nous nous aimons et prenons soin de nous-mêmes, la générosité du Samaritain ne nous paraîtrait pas aussi remarquable.
La parabole désamorce tout piège polémique que le docteur de la loi envisageait de placer devant Jésus. À la fin de l’histoire, Jésus retourne la question à son interlocuteur : « Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ? » (v. 36.)
Compte tenu de la leçon immanquable enseignée par la parabole, le docteur de la loi n’avait qu’une seule réponse : « C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui » (v. 37).
La conclusion que tire Jésus aurait dû susciter chez l’homme une profonde repentance et l’humble confession de son incapacité : « Va, et toi, fais de même » (v. 37).
Car la loi exige qu’on aime tout le temps de cette façon-là. En tant que docteur de la loi, l’homme aurait dû savoir qu’il ne pouvait pas accomplir un seul acte altruiste extraordinaire et imaginer avoir satisfait pour toujours les exigences de la loi. Car la loi exige la perfection en tout temps. « Maudit soit celui qui n’accomplit point les paroles de cette loi » (De 27.26). « Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous » (Ja 2.10).
La recommandation finale de Jésus : « Va, et toi, fais de même », aurait dû inciter cet homme à implorer grâce et pardon. Si c’est là ce que la loi veut dire quand elle promet la vie à ceux qui obéissent (Lé 18.5), elle ne nous laisse aucun espoir. La seule chose qu’elle puisse nous procurer, c’est la damnation. « Ainsi, le commandement qui conduit à la vie se trouva pour moi conduire à la mort » (Ro 7.10). Comme la loi exige une perfection absolue, complète et divine (Mt 5.48), aucun pécheur n’a le moindre droit personnel à la vie éternelle. C’est ce que le docteur de la loi aurait dû comprendre. Et nous aussi. Le fait est que même les chrétiens dans le cœur desquels « l’amour de Dieu est répandu » (Ro 5.5) n’aiment pas systématiquement comme la loi le réclame.
Il y a cependant encore une leçon plus profonde. La manière dont le bon Samaritain a pris soin du voyageur reflète celle dont Dieu aime les pécheurs. En fait, l’amour de Dieu est infiniment plus profond et plus surprenant que cela. Le Samaritain a sacrifié son temps et son argent pour secourir un ennemi blessé. Dieu, lui, a donné son Fils pour mourir à la place de pécheurs qui ne méritaient rien d’autre que la damnation éternelle. « Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. À peine mourrait-on pour un juste ; quelqu’un peut-être mourrait pour un homme de bien. Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Ro 5.6‑8). Plus même, car « lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils » (v. 10, italiques pour souligner).
Ce que Christ a accompli pour racheter son peuple surpasse infiniment les actes d’extrême bonté décrits dans la parabole. Christ est l’incarnation vivante de l’amour divin dans toute sa perfection. Il est sans tache et sans péché – « saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs » (Hé 7.26). Au cours de sa vie terrestre, il a littéralement accompli chaque trait de lettre de la loi avec une perfection absolue. Et en mourant, il a subi le châtiment du péché à la place des autres. De plus, sa justice immaculée – y compris tout le gain de cet amour parfait – est imputée à ceux qui placent leur confiance en lui au titre de Seigneur et Sauveur. Leurs péchés sont pardonnés, et ils sont revêtus de la justice parfaite que la loi exige. Ils héritent la vie éternelle, non comme récompense pour leurs œuvres bonnes, mais par pure grâce, à cause de l’œuvre de Christ en leur faveur.
Si seulement le docteur de la loi avait confessé sa culpabilité et reconnu son incapacité à pratiquer ce que la loi exige, Jésus aurait été prêt à lui offrir une éternité de miséricorde, de grâce, de pardon et de véritable amour. S’il avait au moins ressenti son besoin, la réponse toute prête et limpide à sa question se trouvait déjà sur les lèvres de Jésus, qui n’a cessé de répéter des affirmations comme : « Celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jn 5.24) ; « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle » (3.36) ; « Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront jamais » (10.27,28) ; « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (11.26).
Jésus n’a jamais fait de telles promesses à des âmes imbues d’elles-mêmes et de leur propre justice. Cet homme et le jeune homme riche lui ont posé des questions précises sur le moyen d’obtenir la vie éternelle ; il leur a répondu en leur rappelant les exigences de la loi. En revanche, pour ceux qui avaient des oreilles pour entendre, il a toujours clairement affirmé que la vie éternelle ne s’obtenait pas comme une chose méritée, mais qu’elle est un héritage donné par grâce à tous ceux qui placent vraiment leur foi en Christ comme Seigneur et Sauveur.
L’homme a-t-il saisi la leçon dispensée par Jésus ? A-t-il confessé son incapacité quand Jésus lui a dit : « Va, et toi, fais de même » ? A-t-il crié son besoin de grâce et s’est-il repenti ?
Apparemment pas. C’est la fin de l’histoire. Luc passe aussitôt à un autre incident du ministère de Jésus. Humilié publiquement par l’échec de sa joute verbale contre Jésus, le docteur de la loi anonyme sort du récit, et on n’entendra plus jamais parler de lui. Comme l’individu religieux fier et imbu de lui-même, peut-être a‑t‑il redoublé d’efforts dans la pratique de bonnes œuvres pour se prouver lui-même digne de la faveur divine et de la vie éternelle. De telles personnes oublient facilement (ou refusent de croire) ce que la justice de Dieu exige d’elles. Elles cherchent à établir leur propre justice sans se soumettre à la justice que Dieu a révélée en Christ (voir Ro 10.3). Elles lisent la parabole du bon Samaritain comme s’il ne s’agissait que d’encourager les œuvres humanitaires.
C’est louable si la parabole nous pousse à parfaire notre amour du prochain. J’espère que vous êtes sensibles à ce message. Toutefois, si c’est là votre seule réaction à la parabole, c’est pratiquement la pire réponse que l’on puisse tirer de la leçon que Jésus a enseignée. Cette parabole nous pousse à confesser notre faiblesse coupable (révélée par notre manque de com passion et d’amour prêt au sacrifice), et à implorer la grâce et la miséricorde en nous tournant dans la repentance et la foi vers Jésus-Christ, le seul à avoir parfaitement et pleinement accompli ce que la loi exige de nous. Lui seul est capable de « sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui » (Hé 7.25). Il est la seule vraie source de vie éternelle.
Si le docteur de la loi avait vraiment plongé ses regards dans la loi de Dieu (en énumérant les commandements) et reconnu son péché au lieu de s’en aller et d’oublier « aussitôt comment il était » (Ja 1.24), il aurait trouvé un Sauveur dont le joug est doux et le fardeau léger. Mais le récit s’achève apparemment sans la moindre repentance.
Que ce ne soit pas notre réponse à cette parabole !
Cet article est tiré du livre Paraboles de John MacArthur.