La pratique de la justice (Edgar Andrews)
On fait souvent l’erreur de penser à la justification comme à un événement passé, une déclaration légale de justice qui s’est produite au moment de la conversion, mais qui n’a pas d’impact concret sur la vie du croyant. Lorsque quelqu’un « accepte » Christ, dit-on, cet homme est déclaré juste, mais il peut demeurer un « chrétien charnel », et sa vie reste inchangée dans la pratique.
Désormais, cet homme a besoin de la « sanctification », continue-t-on, puisque c’est le processus par lequel le pécheur justifié se transforme en saint. Il faut donc lui enseigner à vivre une vie sainte en lui disant ce qu’il peut faire ou non en tant que chrétien. Loin de produire une vie de sainteté, cet enseignement conduit à une servitude très similaire à celle qui menaçait les Galates.
Une fausse antithèse entre la justification et la sanctification
L’erreur consiste en une fausse antithèse entre la justification et la sanctification. Ce sont toutes deux à la fois des événements passés et des réalités (ou états) présentes. « Sanctifier » signifie simplement mettre à part pour l’utilisation par Dieu ou pour sa gloire.
« Nous sommes sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes… Par une seule offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés » (Hébreux 10:10,14).
L’expression « sont sanctifiés » (un présent continu dans l’original) n’implique pas nécessairement une sanctification progressive, mais plutôt que Dieu ajoute sans cesse de nouveaux croyants à son Église en les sanctifiant (les mettant à part). Dans l’Écriture, la justification et la sanctification sont donc parallèles plutôt que séquentielles. On ne peut pas être justifié d’abord, puis sanctifié plus tard. La sanctification est un complément nécessaire de la justification car, sans elle, « personne ne verra le Seigneur » (Hébreux 12:14). On a souligné que, bien que la justification signifie seulement l’imputation de la justice, les mots apparentés « juste » et « justice » portent souvent la connotation d’une bonté concrète dans l’Écriture.
L’« homme nouveau » est un serviteur de la justice et de Dieu
L’« homme nouveau » n’est pas un esclave du péché, comme l’était le « vieil homme », mais il est un serviteur de la justice et de Dieu. Nous devons donc avoir « pour fruit la sainteté » dans le concret de la vie (Romains 6:19-22). Cette tendance à une vie de sainteté rencontre l’opposition du péché qui habite encore dans le corps et l’esprit du croyant, et qui le conduit souvent à des pensées et des actions répréhensibles. Mais en conséquence de sa régénération, le véritable croyant possède une tendance innée à obéir à Dieu et à pratiquer la justice, et cette tendance domine normalement sur son quotidien.
Il est légitime de mettre en doute la réalité de la profession de foi de ceux qui disent être chrétiens, mais dont la vie ne manifeste pas les fruits de la justice. La sainteté de vie doit s’écouler du cœur, de la présence à demeure de l’Esprit ; elle n’est pas imposée du dehors par des règles et des règlements.
Cet article est tiré du livre : La liberté est en Christ de Edgar Andrews