La prééminence de Jésus-Christ par rapport à l’Église (John MacArthur)
Il est la tête du corps de l’Église ; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier. Car Dieu a voulu faire habiter toute plénitude en lui … (Colossiens 1.18,19)
Dans le verset 18, Paul présente quatre grandes vérités au sujet de la relation de Christ avec l’Église.
Christ est la tête de l’Église
L’Écriture utilise de nombreuses métaphores pour décrire l’Église. Elle l’appelle une famille, un royaume, une vigne, un troupeau, un édifice et une fiancée. Mais la plus profonde de ces métaphores, qu’on ne retrouve pas dans l’Ancien Testament, c’est celle d’un Corps. L’Église est un Corps, et Christ est la tête de ce Corps. Ce concept n’est pas utilisé au sens du chef d’une compagnie, mais décrit plutôt l’Église comme un organisme vivant, inséparable du Christ vivant. Il en contrôle chacune des parties, et leur donne vie et direction. Sa vie manifestée dans tous les membres assure l’unité du Corps (voir 1 Co 12.12-20). Il fortifie et coordonne la diversité au sein du Corps, une diversité de dons spirituels et de ministères (1 Co 12.4-13). Il dirige également la mutualité du Corps, pour que ses membres se servent et se soutiennent les uns les autres (1 Co 12.15-27).
Christ n’est pas un ange qui sert l’Église (voir Hé 1.14). Il est la tête de son Église.
Christ est la source de l’Église
Archê (commencement) est utilisé ici dans le double sens de source et de primauté. L’Église a son origine en Christ. « En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde » (Ép 1.4). C’est lui qui donne vie à son Église. C’est sa mort sacrificielle et sa résurrection pour nous qui nous procurent une vie nouvelle. Comme tête du Corps, Jésus occupe la position principale, ou le rang le plus élevé dans l’Église. En qualité de commencement, il en est l’origine.
Christ est le premier-né d’entre les morts
Premier-né traduit encore prôtotokos. De tous ceux qui sont ressuscités des morts, ou qui le seront, Christ est le plus élevé en rang.
Christ est prééminent
À cause de sa mort et de sa résurrection, Jésus occupe la première place en toutes choses. Paul souligne cette idée en la résumant au verset 18. Il cherche à démontrer avec le plus de force possible que Jésus n’est pas simplement une autre émanation de Dieu. Car :
Il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. […] Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père (Ph 2.8-11).
Jésus règne en souverain sur le monde visible, sur le monde invisible et sur l’Église. Paul résume son argument au verset 19 : Car Dieu a voulu faire habiter toute plénitude en lui. Plêrôma (plénitude) est un terme qu’utiliseront plus tard les gnostiques pour désigner les puissances et les attributs divins, qu’ils diront être répartis entre les diverses émanations. C’est probablement dans ce sens que les hérétiques de Colosses utilisent ce terme. Paul s’oppose à ce faux enseignement en déclarant que toute la plénitude de la divinité n’est pas répartie en petites doses parmi un groupe d’esprits, mais habite entièrement et seulement en Christ (voir 2.9). Voici ce que le commentateur J. B. Lightfoot a écrit au sujet de l’emploi que Paul fait de plêrôma :
D’une part, par rapport à la divinité, il est l’image visible du Dieu invisible. Il n’est pas simplement la manifestation principale de la nature divine : il exprime toute la manifestation de la divinité. En lui réside la totalité des pouvoirs et des attributs divins. Pour désigner cette totalité, les maîtres gnostiques utilisaient un terme technique, la plêrôma ou la plénitude. […] Par contraste avec leur doctrine, [Paul] affirme et reprend l’assertion selon laquelle la plêrôma réside absolument et totalement en Christ en tant que Parole de Dieu. Toute la lumière est concentrée en lui. (St. Paul’s Epistles to the Colossians and to Philemon, 1879, réimpr., Grand Rapids, Zondervan, 1959, p. 102.)
Paul dit aux Colossiens qu’ils n’ont pas besoin d’anges pour parvenir au salut. Ils ont plutôt tout pleinement en Christ, et en lui seul (2.10). Les chrétiens partagent sa plénitude : « Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce » (Jn 1.16). Toute la plénitude de Christ est accessible aux croyants.
Que devrait-on répondre aux vérités glorieuses exprimées dans ce passage au sujet de Christ ? Le puritain John Owen a écrit avec finesse :
La révélation de Christ qu’offre l’Évangile béni est bien plus excellente, plus glorieuse, plus remplie de sagesse et de bonté divines que la totalité de la création, et que la juste compréhension de celle-ci, fut-elle possible, ne peut contenir ou fournir. Sans cette connaissance, l’esprit de l’homme, quel que soit l’orgueil qu’il puisse tirer d’autres inventions et découvertes, est plongé dans les ténèbres et la confusion.
Cela mérite donc notre assiduité la plus grande dans la réflexion la plus méthodique et la méditation la plus sérieuse. Car si notre bénédiction à venir sera de vivre là où il est, et de voir sa gloire, quelle meilleure préparation peut-il y avoir qu’une contemplation antérieure constante de cette gloire telle que révélée dans l’Évangile, afin que par la vision que nous en avons nous soyons graduellement transformés dans la même gloire ? (John Owen, The Glory of Christ, réimpr., Chicago, Moody, 1949, p. 25-26.)