La rédemption par la souffrance (R.C. Sproul)
Dans la vie et la passion de Christ, nous voyons très clairement que Dieu a choisi la voie de la souffrance pour apporter la rédemption à un monde déchu. Jésus était connu pour être un homme de douleur et habitué à la souffrance (És 53.3). Par sa vie et son ministère, il a respecté dans les moindres détails la mission du Serviteur souffrant de l’Éternel que le prophète Ésaïe a prédite.
Nous lisons une histoire fascinante dans le livre des Actes :
Un ange du Seigneur, s’adressant à Philippe, lui dit : Lève‑toi, et va du côté du midi, sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, celui qui est désert. Il se leva, et partit. Et voici, un Éthiopien, un eunuque, ministre de Candace, reine d’Éthiopie, et surintendant de tous ses trésors, venu à Jérusalem pour adorer, s’en retournait, assis sur son char, et lisait le prophète Ésaïe. L’Esprit dit à Philippe : Avance, et approche‑toi de ce char. Philippe accourut, et entendit l’Éthiopien qui lisait le prophète Ésaïe. Il lui dit : Comprends‑tu ce que tu lis ? Il répondit : Comment le pourrais‑je, si quelqu’un ne me guide ? Et il invita Philippe à monter et à s’asseoir avec lui. Le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui‑ci : Il a été mené comme une brebis à la boucherie ; et, comme un agneau muet devant celui qui le tond, il n’a point ouvert la bouche. Dans son humiliation, son jugement a été levé. Et sa postérité, qui la dépeindra ? Car sa vie a été retranchée de la terre. L’eunuque dit à Philippe : Je te prie, de qui le prophète parle‑t‑il ainsi ? Est‑ce de lui‑même, ou de quelqu’un d’autre ? Alors Philippe, ouvrant la bouche et commençant par ce passage, lui annonça la bonne nouvelle de Jésus (Ac 8.26‑35).
Le Serviteur souffrant dans le Nouveau Testament
L’eunuque éthiopien a posé à Philippe une question primordiale. Sa lecture d’Ésaïe 53 l’ayant laissé perplexe, il a demandé : « Je te prie, de qui le prophète parle‑t‑il ainsi ? Est‑ce de lui‑même, ou de quelqu’un d’autre ? » Il voulait savoir qui était ce Serviteur souffrant de l’Éternel.
Par sa réponse, Philippe est allé droit au but. Il a dit à l’Éthiopien qu’Ésaïe parlait de Jésus.
Le fait que le Nouveau Testament identifie Jésus au Serviteur souffrant d’Israël semble tellement évident que vous vous demandez peut‑être pourquoi je prends la peine d’en approfondir le sujet. C’est qu’il est de la plus haute importance. Notre compréhension de Jésus est liée à cette question. Je ne crois pas exagérer en affirmant que le portrait de Jésus dressé dans le Nouveau Testament dépend de cette question. En outre, le sujet déchirant du sens de notre propre souffrance y est aussi lié.
De nos jours, certains érudits de la Bible considèrent toute association de Jésus aux prophéties d’Ésaïe concernant le Serviteur souffrant comme pure invention des auteurs néotestamentaires. En un mot, ces auteurs auraient falsifié l’histoire de Jésus. Selon cette théorie, après que Jésus a vécu la passion, les leaders de l’Église primitive auraient cru nécessaire de trouver une explication à toutes ses souffrances. Par conséquent, ils auraient imaginé ce rapport entre Jésus et le Serviteur souffrant dont parlait Ésaïe. Puis ils auraient fait dire à Jésus ce qu’il n’a jamais dit.
Ces critiques regimbent contre la perception biblique de Christ. Leurs prétentions sont d’un tel ridicule qu’elles se retournent contre eux. S’il y a une chose que nous savons au sujet du Jésus historique, c’est bien qu’il a souffert et est mort en tant que Serviteur de Dieu.
L’Évangile selon Luc rapporte ces paroles de Jésus : « Car, je vous le dis, il faut que cette parole qui est écrite s’accomplisse en moi : Il a été mis au nombre des malfaiteurs. Et ce qui me concerne est sur le point d’arriver » (Lu 22.37).
Ici, Jésus a cité directement Ésaïe 53. Il s’est identifié lui‑même au Serviteur souffrant de Dieu. La nation d’Israël était appelée à être une servante souffrante. Et cette vocation s’est alors matérialisée en un seul homme, qui représentait Israël. La réponse de Philippe était claire : cet homme, c’était Jésus.
Cet article est adapté du livre : « Surpris par la souffrance » de R.C. Sproul