La souffrance est notre histoire (Dieudonné Tamfu)

Marcher sur le chemin balisé de la douleur

La souffrance a tendance à engendrer la solitude. Nous nous sentons seuls, isolés, coupés du monde et détachés des autres. Il nous arrive souvent de croire que personne ne comprend notre douleur.

Nous pouvons être amenés à penser que Dieu est distant et insensible. Bien que je ne veuille pas invalider ces émotions, je veux mettre fin au mensonge selon lequel la personne qui souffre est toujours seule. Nous ne sommes jamais seuls dans la souffrance, car nous nous joignons à d’autres saints selon le modèle de la juste souffrance qui existe depuis le début de l’histoire du salut.

Est-ce que vous, ou d’autres croyants autour de vous, êtes confrontés au rejet à cause de votre foi ? Vous sentez-vous seul dans votre souffrance ? Avez-vous l’impression que Dieu est distant et qu’il s’est distancié de votre douleur ? Ressentez-vous de la déception, de la perplexité ou de la consternation ? Êtes-vous assis dans l’obscurité, en quête de réponses et d’espoir ?

Destinés à la souffrance

Paul adresse 1 Thessaloniciens aux croyants qui souffrent à cause de leur foi en Jésus et nous donne un modèle d’encouragement pour nous-mêmes et pour les autres.

Alors que leur réputation est en train d’être détruite et que toute la ville est en armes contre eux, Paul donne aux Thessaloniciens ce dont leur esprit et leur cœur ont besoin : un aperçu du dessein souverain de Dieu pour toute l’histoire du salut.

Il leur révèle le modèle de souffrance dans lequel ils s’inscrivent et la sagesse divine qui le sous-tend, car Paul sait que s’ils comprennent mieux l’histoire du salut et les desseins de Dieu dans cette histoire, ils ne seront pas surpris par les souffrances qu’ils endurent pour leur foi.

Le modèle de la souffrance chrétienne

1 Thessaloniciens 2.13-16 établit un modèle de souffrance qui s’étend à travers l’histoire de la rédemption, en commençant par les prophètes, Jésus, les apôtres, l’Église de Judée, et maintenant l’Église de Thessalonique. La souffrance des justes aux mains des méchants n’est pas nouvelle dans l’histoire de la rédemption. C’est une tradition bien établie qui traverse toute l’histoire de la rédemption.

Après la chute d’Adam dans le jardin d’Eden, Dieu donne la première promesse de salut, mêlée à une promesse de souffrance : « Je mettrai l’hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance: celle-ci t’écrasera la tête et tu lui blesseras le talon. » (Genèse 3.15) Le peuple de Dieu souffrira dans la bataille entre les deux semences – la semence de la femme et la semence du serpent – et la victoire finale sur le serpent ne viendra que par la souffrance.

L’inimitié entre le serpent et la semence de la femme (les injustes et les justes) se manifeste pour la première fois après qu’Ève a donné naissance à deux fils. Abel est tué par Caïn (Genèse 4.8) « qui était du malin et qui tua son frère » (1 Jean 3.12). Abel, un homme juste approuvé par Dieu, est la première victime de la haine de l’ennemi, assassiné par la première semence du serpent.

Job subit la perte de sa santé, de sa richesse et de ses enfants lorsque le diable lui-même l’attaque à cause de sa justice parmi les hommes (Job 1.1-2:6). Et Joseph subit les fausses accusations de la femme de Potiphar (Genèse 39.14-18) et est emprisonné en tant qu’homme innocent.

Israël, le peuple élu de Dieu, est affligé et réduit en esclavage pendant 430 ans en Égypte (Exode 12.40), une nation dirigée par Pharaon, qui est explicitement identifié au serpent lorsque Dieu l’appelle « le grand dragon » (Ézéchiel 29.3, NBS ; 32.2).  David, l’oint de Dieu, est chassé pendant plusieurs années par Saül qui a été rejeté par Dieu (1 Samuel 17-29).

Le prophète Jérémie est persécuté par son propre peuple après qu’Israël se soit détourné de Dieu. Le roi Sédécias met Jérémie en prison pour sa fidélité à Dieu (Jérémie 37). De nombreux autres prophètes, comme Zacharie (Matthieu 23.35), ont été tués pour leur foi.

Jésus, le juste Serviteur de Dieu selon Ésaïe (Ésaïe 53.9), souffre à cause des fausses accusations des scribes et des pharisiens, qui sont décrits comme la progéniture du serpent (Matthieu 3.7 ; 12.34 ; 23.33 ; Luc 3.7). Christ souffre le rejet, la moquerie, et une mort honteuse sur une croix. C’est le summum de la souffrance parmi le peuple de Dieu, car Christ est le plus juste de tous, étant sans péché et sans faute.

Tous les justes qui ont souffert dans l’Ancien Testament, d’Abel à Zacharie, ont pointé Jésus du doigt, et la souffrance de Jésus est devenue le modèle pour ses disciples. Pierre écrit : « De fait, c’est à cela que vous avez été appelés, parce que Christ aussi a souffert pour nous, vous laissant un exemple afin que vous suiviez ses traces. » (1 Pierre 2.21)

Les apôtres endurent beaucoup de douleur pour leur foi (Actes 5.41 ; 9.16). En défendant son ministère apostolique, Paul donne une description détaillée de ses souffrances dans 2 Corinthiens 11.24-28.

Les Églises que les apôtres ont implantées dans la souffrance vivent le même modèle (Actes 14.22 ; Romains 5.3 ; Galates 2.4).  Depuis lors, toutes sortes de saints ont souffert la honte, la moquerie et même la mort pour leur foi – les Étienne et les Polycarpe, les Cyprien, les Hus, les Tyndale et les Elliot. Leur nombre exact n’est connu que de Dieu (cf. Apocalypse 6:9-11).

Amenés à la gloire

Lorsque Paul dit aux Thessaloniciens qu’ils sont devenus des « imitateurs » qui ont « enduré . . . les mêmes souffrances » que d’autres ont souffert (1 Thessaloniciens 2.14), il veut dire qu’ils continuent le modèle de souffrance de l’histoire. En utilisant l’histoire elle-même comme ardoise, Dieu écrit une étonnante histoire de salut. Les protagonistes sont les justes de Dieu qui souffrent et qui sont tués à longueur de journée. La souffrance est le thème et l’intrigue. La souffrance est notre histoire.

Il y a un but à toute cette souffrance. Dans tant d’histoires épiques, comme dans Le Seigneur des Anneaux, la souffrance des protagonistes les amène à la gloire, au triomphe du bien sur le mal et à la paix pour l’humanité. Ces grandes épopées littéraires reflètent faiblement la trame de l’œuvre rédemptrice de Dieu dans l’histoire.

Le modèle persiste

Vous souffrez peut-être vous-même pour le nom de Jésus. Où trouvez-vous l’encouragement nécessaire pour endurer ? Où trouvez-vous la consolation dans la solitude de votre chagrin ?

Regardez l’histoire de la rédemption, et rappelez-vous que les mêmes types de souffrance que vous vivez sont endurés par vos frères dans le monde entier (1 Thessaloniciens 2.14 ; 1 Pierre 5.9). Vous n’êtes pas seuls. L’histoire de la souffrance n’a pas commencé avec vous et ne se terminera pas avec vous.

Si vous ne souffrez pas pour votre foi, attendez-vous à ce que cela arrive. Lorsque votre heure viendra, rappelez-vous que vous marchez là où d’autres ont marché. Ce même chemin étroit de la souffrance que vous parcourez porte les traces de sang de votre Sauveur, suivies par tous les chrétiens qui sont sortis de la ville pour porter le même opprobre que lui. La même grâce qui a soutenu le peuple de Dieu tout au long de l’histoire de la rédemption vous soutiendra, si vous lui faites confiance.

La grâce qui a permis à Pierre et aux apôtres de proclamer : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5.29), la même grâce qui a permis à Étienne de prier pour le pardon de ses agresseurs alors que des pierres étaient lancées sur son corps brisé (Actes 7.59-60), la même grâce qui a permis à Ignace d’Antioche de dire : « Feu et croix, troupeaux de bêtes, lacérations, écartèlements, dislocation des os, . . . que les pires fléaux du diable tombent sur moi, pourvu seulement que je trouve Jésus-Christ » (Ignace d’Antioche, Épître aux Romains, ch. 5), la même grâce qui a donné à Polycarpe l’audace de déclarer : « Cela fait 86 ans que je le sers, et il ne m’a fait aucun mal – comment pourrais-je blasphémer mon Roi et mon Sauveur ? », la même grâce qui a permis à Luther de dire : « Me voici. » C’est cette même grâce qui vous permettra de bien souffrir en poursuivant la justice en Christ, en gardant la vérité, en appelant le mal « mal » et le bien « bien ».

La même gloire qu’ils ont reçue vous attend. Au bout de ce chemin de souffrance maculé du sang, des larmes et de la douleur des saints se trouve un héritage glorieux qui fera paraître bien éphémère la plus longue épreuve sur terre. Tous ceux qui souffrent pour Christ attendent une éternité sans larmes, sans douleur, et un héritage éternel, dont le principal est notre Sauveur à la main écarlate qui sera notre plaisir éternel et tout à fait satisfaisant.

Si vous endurez vos souffrances dans la joie, comme les saints d’autrefois, vous serez un exemple pour les autres, votre foi et l’Évangile de Jésus Christ seront grandement appréciés à travers vous, et Dieu sera grandement glorifié dans votre vie, alors qu’il sanctifie et protège votre foi à travers les feux du modèle bien établi de la souffrance intense.


Cet article est une traduction de l’article anglais « Suffering is our story » du ministère Desiring God par Timothée Davi.