L’abondance de l’amour — Éphésiens 3.17b-19a (John MacArthur)

Étant enracinés et fondés dans l’amour, que vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance.

Éphésiens 3.17b-19a

Si nous sommes fortifiés intérieurement par l’Esprit, Christ est à l’aise dans nos cœurs, et cela produit en nous un amour incompréhensible. Le fait que nous nous soumettions à la puissance de l’Esprit et à la souveraineté de Christ produit de l’amour dans nos cœurs. Lorsque Christ s’installe dans nos vies, il commence par exprimer son propre amour en nous et par nous. Lorsqu’il peut agir librement dans nos cœurs, nous sommes enracinés et fondés dans l’amour, c’est-à-dire que nous sommes posés sur un fort fondement d’amour.

Jésus a dit : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13.34). Pierre écrit : « Ayant purifié vos âmes en obéissant à la vérité pour avoir un amour fraternel sincère, aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre cœur » (1 Pi 1.22). Dieu veut par-dessus tout que ses enfants s’aiment sincèrement et complètement les uns les autres, comme il nous aime. L’amour est le premier fruit de l’Esprit, dont la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi sont essentiellement des éléments (Ga 5.22,23).

L’amour est une attitude d’altruisme. L’amour biblique agapê dépend de la volonté et non des sentiments, bien que de profonds sentiments l’accompagnent presque toujours. L’amour de Dieu pour le monde n’était pas simplement un sentiment, il l’a poussé à donner son Fils unique pour racheter le monde (Jn 3.16). L’amour donne avec désintéressement, il donne toujours, et toujours avec désintéressement. C’est dans la nature et la substance elle-même de l’amour de renoncer à soi et de donner aux autres. Jésus n’a pas dit : « Il n’y a pas de plus grand amour que d’avoir de profonds sentiments pour ses amis », mais : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15.13).

En obéissant au désir d’amour du Père de racheter le monde, Jésus s’est offert de bon cœur et avec amour pour accomplir cette rédemption. « Existant en forme de Dieu, il n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et il a paru comme un vrai homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix » (Ph 2.6-8). C’est là l’amour dans sa forme la plus parfaite, et chaque croyant devrait posséder cette attitude divine d’amour qui se sacrifie (v. 5).

Nous ne pouvons avoir un tel amour que lorsque Christ a la liberté de manifester son propre amour par nous. Nous ne pouvons obéir à aucun de ses commandements sans qu’il agisse lui-même en nous, surtout pas à celui de nous aimer les uns les autres. Nous ne pouvons aimer comme Christ a aimé que s’il règne librement dans nos cœurs. Jean dit : « L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. […] Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier » (1 Jn 4.9-12,19).

Quand l’esprit nous fortifie, et que nous obéissons à Christ comme Seigneur de notre cœur, la question de nos péchés et de nos faiblesses se résout, et nous découvrons que nous voulons aimer les autres et voulons nous sacrifier pour eux et les servir, parce que la nature aimante de Christ est devenue la nôtre. L’amour est l’attitude surnaturelle du chrétien, parce que l’amour est dans la nature de Christ. Pour ne pas aimer, un chrétien doit le vouloir, et se retenir d’aimer — tout comme on retient sa respiration. S’il manque habituellement d’amour, c’est qu’il refuse habituellement l’autorité de Christ sur son cœur. Pour continuer avec l’analogie de la respiration, lorsque Christ a dans nos cœurs la place qui lui revient, nous n’avons pas besoin qu’on nous dise d’aimer — tout comme nous n’avons pas besoin qu’on nous rappelle de respirer. L’amour va se manifester, parce que l’amour est aussi naturel pour l’être spirituel que la respiration pour l’être physique.

Bien qu’il ne soit pas naturel pour le chrétien de manquer d’amour, il lui est quand même possible de désobéir dans ce domaine. Tout comme l’amour dépend de la volonté et non des circonstances ou de l’attitude des autres, ainsi en est-il du manque d’amour. Si un mari manque d’amour pour sa femme, ou elle pour lui, ce n’est jamais à cause de l’autre, peu importe ce qu’il a pu faire. En ce qui concerne l’amour agapê, on ne peut pas tomber amoureux ou perdre soudainement son amour, parce que c’est un amour qui dépend de la volonté. L’amour romantique peut être beau et important, et la Bible nous en rapporte de nombreux cas sous un jour favorable. Mais c’est l’amour agapê que Dieu ordonne aux maris et aux femmes d’avoir l’un pour l’autre (Ép 5.25,28,33 ; Tit 2.4), l’amour que chacun contrôle par sa volonté. Les relations tendues entre époux, entre collègues de travail, entre frères, ou entre n’importe quelles deux personnes ne dépendent jamais de leur incompatibilité ou de conflits de personnalité, mais sont toujours causées par le péché.

Ce principe s’applique à tous ceux avec qui le chrétien a contact, surtout ses frères et sœurs dans la foi. Aimer les autres est un acte d’obéissance, ne pas les aimer est un acte de désobéissance. « Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur ; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Et nous avons de lui ce commandement : Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1 Jn 4.20,21). Dans le sens le plus profond, l’amour est le seul commandement de Dieu. Jésus a dit que le plus grand commandement était celui d’aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa pensée, et que le second était d’aimer son prochain comme soi-même (Mt 22.37-39). Et Paul dit que « celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements : Tu ne commettras point d’adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point, et ceux qu’il peut encore y avoir, se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait point de mal au prochain : L’amour est donc l’accomplissement de la loi » (Ro 13.8-10).

L’absence d’amour signale la présence du péché. Notre manque d’amour n’a absolument rien à voir avec ce qui se produit autour de nous, mais a tout à voir avec ce qui se produit en nous. Le péché et l’amour sont ennemis, parce que le péché et Dieu sont ennemis. Ils ne peuvent pas cohabiter. Là où l’un se trouve, l’autre ne se trouve pas. La vie sans amour est une vie sans Dieu ; et la vie consacrée à Dieu est une vie de service, de sollicitude, de bon cœur d’affection, de don et de sacrifice de soi que l’amour de Christ produit dans le croyant.

Lorsque nous sommes enracinés et fondés dans l’amour, nous sommes à même de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour. Nous ne pouvons pas comprendre la plénitude de l’amour si nous ne sommes pas totalement immergés dans l’amour, s’il n’est pas la racine et le fondement mêmes de notre être. Lorsque quelqu’un demandait à Louis Armstrong, le fameux trompettiste de jazz, d’expliquer le jazz, il répondait : « Mon vieux, s’il faut que je te l’explique, tu n’y entends rien ». D’une certaine façon, cette idée simpliste s’applique aussi à l’amour. On ne peut pas véritablement le comprendre si on ne l’a pas expérimenté. Pourtant, l’expérience et l’activité de l’amour dont Paul parle dans ce passage, ne sont ni sentimentales ni subjectives. Ce n’est pas une belle sensation ou un sentiment chaleureux qui peuvent nous apporter une telle compréhension, mais un véritable travail de l’Esprit et du Fils de Dieu dans notre vie pour produire un amour pur et sincère, désintéressé et prêt à servir. Pour être enracinés et fondés dans l’amour, nous devons être enracinés et fondés en Dieu. Au moment de notre conversion, « l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Ro 5.5). C’est le Seigneur lui-même « qui dirige [nos] cœur vers l’amour de Dieu et vers la patience de Christ » (2 Th 3.5). L’amour est à la portée de tout chrétien parce que Christ est à la portée de tout chrétien. Paul demande à Dieu que nous puissions comprendre avec tous les saints. L’amour n’est pas seulement pour les chrétiens au tempérament égal, ou pour ceux qui sont plaisants ou aimables par nature. Il n’est pas non plus pour une prétendue classe de chrétiens particuliers qui possèdent un avantage spirituel. Il est pour tous les croyants, et leur est commandé à tous — tous les saints.

On acquiert la compréhension de l’amour en étant constamment immergé dans les choses de Dieu, premièrement sa Parole. « J’ai recueilli tes paroles, et je les ai dévorées ; tes paroles ont fait la joie et l’allégresse de mon cœur ; car ton nom est invoqué sur moi, Éternel, Dieu des armées ! » (Jé 15.16.) Job affirme : « Je n’ai pas abandonné les commandements de ses lèvres ; j’ai fait plier ma volonté aux paroles de sa bouche » (Job 23.12), et le psalmiste dit que le juste : « trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, et […] la médite jour et nuit » (Ps 1.2 ; voir aussi 19.9b,10 ; 119.167 ; etc.).

Comprendre […] quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour, c’est en comprendre la plénitude. L’amour s’exprime dans toutes les directions et va très loin. Il va là où il est nécessaire, et y reste aussi longtemps qu’il l’est. Jérôme, un des pères de l’Église, a dit que l’amour de Christ atteint jusqu’aux saints anges et jusqu’à ceux qui sont en enfer. Sa longueur suit les hommes qui sont sur la voie qui monte et sa largeur couvre ceux qui s’égarent dans les sentiers du mal.

Je ne crois pas qu’en disant la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur Paul pense à quatre catégories d’amour. Il évoque simplement son étendue et sa plénitude. Dans quelque direction spirituelle que nous regardions, nous y voyons l’amour de Dieu. Nous en voyons la largeur dans le fait qu’en Christ Dieu accepte également les Juifs et les non-Juifs (Ép 2.11-18). Nous en voyons la longueur dans le fait que Dieu nous ait choisis avant la fondation du monde (1.4,5) pour un salut qui durera pour l’éternité. Nous en voyons la profondeur dans le fait que Dieu va au plus profond de la déchéance pour racheter ceux qui sont morts par leurs offenses et par leurs péchés (2.1-3). Nous en voyons la hauteur dans le fait que Dieu « nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (1.3). L’amour de Dieu peut atteindre qui que ce soit quel que soit son péché, et il s’étend de l’éternité passée à l’éternité à venir. Il nous conduit dans la présence même de Dieu et nous assied sur son trône.

Dans ce qui peut tout d’abord sembler être une contradiction, Paul dit que connaître l’amour de Christ […] surpasse toute connaissance. Connaître l’amour de Christ nous fait dépasser la connaissance humaine, parce qu’il provient d’une source infiniment plus élevée. Paul ne parle pas ici de l’amour que nous devons avoir pour Christ, mais de l’amour de Christ lui-même, l’amour qu’il possède lui-même, et qu’il doit mettre dans nos cœur avant que nous puissions l’aimer, lui, ou aimer qui que ce soit d’autre. Nous devons aimer parce qu’on nous a aimés. Dieu donne toujours avant de demander quoi que ce soit, et l’amour est un des plus grands dons de Christ à son Église. Au travers des chapitres 14 à 16 de l’Évangile selon Jean, Jésus promet de donner sans mesure l’amour, la joie, la paix, la puissance et le réconfort à tous ceux qui lui appartiennent.

Le monde ne peut pas comprendre le grand amour de Christ parce qu’il ne peut pas comprendre Christ. L’amour humain repose sur l’attirance et ne dure donc que tant que dure cette attirance. Celui de Christ repose sur sa nature même et dure donc éternellement. L’amour humain dure tant qu’on ne l’offense ou ne le repousse pas. Celui de Christ résiste à toute offense et à toute rebuffade. L’amour humain existe pour ce qu’il reçoit en retour. Celui de Christ existe pour ce qu’il peut donner. Ce qui est incompréhensible au monde doit être la vie normale de l’enfant de Dieu.


Cet article est tiré du livre : Éphésiens de John MacArthur