L’adoration du Dieu trinitaire (Jonathan Leeman)
Les théologiens débattent de la question à savoir si un chapitre comme celui-ci sur la doctrine chrétienne de Dieu doit en premier lieu aborder la nature unique de Dieu ou les trois Personnes de la Divinité. Après tout, accorder une importance exagérée à l’unité de Dieu peut aboutir à l’hérésie qui considère Dieu comme une seule personne qui porte trois casquettes. Donner trop de poids à sa trinité peut conduire à l’hérésie qui considère les trois Personnes de la Divinité comme des personnes humaines que nous côtoyons. Grégoire de Nazianze, un des pères de l’Église primitive forge une belle formule : « Je ne puis concevoir un, que trois ne reluisent à l’entour de moi ; et je n’en puis discerner trois, qu’incontinent je ne sois réduit à un seul4. »
J’ai toutefois commencé par l’unicité de Dieu parce que la Bible commence par là. Il me semble qu’elle le fait pour une solide raison. Lorsque nous fixons notre regard sur Dieu, ce que nous voyons en premier n’est pas le Dieu trinitaire qui conçoit le plan rédempteur. Nous apercevons d’abord un Dieu suprêmement glorieux, saint et puissant et qui nous prive de la gloire (Ro 3.23). Nous contemplons un lion puissant et majestueux. Telle est l’une des principales leçons de l’Ancien Testament.
Cependant, en continuant de scruter et en tenant compte de la venue de Jésus du ciel et de son retour au ciel, nous découvrons quelque chose de plus : un Agneau. Le dernier livre de la Bible nous introduit une fois de plus dans la salle du trône divin où un ancien céleste dit à l’apôtre Jean : « Voici le lion de la tribu de Juda » (Ap 5.5). Jean regarde et n’aperçoit qu’un Agneau qui avait l’air immolé (v.6). Surprenant ! Le Dieu courroucé est aussi le Dieu saint, le Dieu compatissant, le Dieu juste et le Dieu bon. Dieu est lion et agneau, roi et rédempteur.
Pourquoi étudier la doctrine de Dieu ? Pour que nous puissions nous prosterner avec l’assemblée céleste, contempler le Lion qui est Agneau et proclamer : « L’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange » (v.12). Dieu n’est pas un copain. Nous n’allons pas nonchalamment vers lui pour lui taper sur l’épaule, comme si une telle familiarité était un signe d’intimité. Nous nous courbons pour adorer le Dieu trinitaire – le Père qui nous a élus, le Fils qui est mort à notre place, et l’Esprit qui nous accorde la repentance et la foi, et qui nous scelle en vue du retour du Fils.
4 Grégoire de Nazianze, Du saint baptême, 40.41, cité par Calvin dans l’Institution de la religion chrétienne, I.13.17, Éditions Kerygma/Farel, 1995, p. 98. Calvin ajoute que ce passage lui « plaît fort ».
Cet article est un extrait de Introduction à la théologie évangélique édité par Kevin DeYoung