L’amour est le grand principe d’influence de l’Évangile (Octavius Winslow)

La foi chrétienne est, de manière prééminente, une religion qui met en jeu les motivations. Elle exclut le moindre principe coercitif. Elle place devant l’esprit du croyant certaines grandes et puissantes raisons, par lesquelles elle enrôle son intelligence, sa volonté et ses affections en un service actif pour Christ.

Or, la loi qui régit la foi chrétienne n’est pas une loi de coercition, mais d’amour. C’est là le grand levier, le grand mobile qui exerce son influence. «L’amour de Christ nous presse», déclare l’apôtre Paul, dont ce fut le mobile principal. Cet amour pressant de Christ doit être aussi le mobile majeur et le principe qui influence tout croyant.

En dehors de l’influence pressante de l’amour de Christ dans le cœur, le croyant est absolument incapable d’exercer une obéissance volontaire, empressée et sainte à ses commandements. Une conviction quant à son devoir et l’influence de la crainte peuvent parfois faire avancer l’âme, mais seul l’amour est capable de susciter une obéissance sainte et aimante. Toute obéissance issue d’un mobile inférieur n’a rien à voir avec celle que proclame l’Évangile de Jésus.

Sous les dispositions de la nouvelle alliance, la relation du croyant par rapport à Dieu n’est pas celle d’un esclave vis-à-vis de son maître, mais celle d’un enfant avec son père. «Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, lequel crie: Abba! Père! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils»; «L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu» (Gal 4.6,7; Rom 8.16).

Une nouvelle motivation

Au sein de cette relation nouvelle et spirituelle, nous cherchons un mobile nouveau et spirituel. Nous le trouvons dans ce mot simple et pourtant immense: Amour. C’est pourquoi le Seigneur disait:

Si vous m’aimez, gardez mes commandements… Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera… Celui qui ne m’aime pas ne garde point mes paroles (Jean 14.15,23,24).

C’est donc seulement là où l’Esprit répand cet amour dans le cœur que nous pouvons nous attendre à rencontrer le fruit de l’obéissance. Poussé par ce principe divin, le croyant ne s’efforce pas afin d’obtenir la vie, pour être accueilli par Dieu, mais plutôt parce qu’il possède la vie, parce que Dieu l’a déjà accueilli. La vie de sainteté et de renoncement à soi, ainsi que l’acceptation de porter sa croix ne sont pas la corvée de l’esclave, mais l’obéissance aimante d’un fils. Elles jaillissent de l’amour pour la personne de Jésus et d’une gratitude pour son œuvre rédemptrice. Il s’agit de l’effet béni de l’esprit d’adoption désormais présent dans le cœur renouvelé.

Il faut aussi reconnaître que ce mobile est le plus saint et influent de tous les mobiles à l’obéissance. L’amour, s’écoulant du cœur de Jésus dans celui d’un pauvre pécheur croyant, en expelle l’égoïsme, en fait fondre la froideur et en assujettit le péché. Cet amour, attirant le cœur vers une simple reddition sans réserve, est le plus puissant et sanctifiant de tous les principes d’action.

Comme toute croix portée pour Jésus devient aisée sous l’influence pressante de ce principe! Comme cette influence allège tout fardeau et tout joug! Les devoirs deviennent des privilèges, les difficultés s’évanouissent, les craintes s’éteignent, la honte disparaît et tout retard est réparé. Alors, tout en feu pour Jésus, et conscient de son adoption, de son pardon et de sa justification, l’enfant de Dieu s’exclame: «Me voici, Seigneur, en sacrifice vivant; je suis à toi pour la vie et pour l’éternité!»


Cet article est tiré du livre : Le déclin spirituel et son réveil de Octavius Winslow.