L’amour sous la forme de la grâce (Sam Storms)
Nous nous concentrerons ici sur une certaine expression de l’amour de Dieu, à savoir l’affection qu’il manifeste envers son peuple élu et bienaimé. Dans la mesure où toutes les créatures de Dieu ne reçoivent pas et n’éprouvent pas son amour exactement de la même manière ou au même degré, on ne peut parler de l’amour de Dieu sans le qualifier. Il semble indispensable, tant du point de vue de l’Écriture que de l’expérience, de faire la différence entre l’amour de Dieu tel qu’il se manifeste dans la grâce commune et l’amour de Dieu tel qu’il se manifeste dans la grâce spéciale.
L’amour de Dieu tel qu’il se manifeste dans la grâce commune est l’amour d’un Dieu créateur. Il se traduit par la bonté providentielle, la miséricorde et la patience. C’est un amour inconditionnel et universel qui procure tous bienfaits physiques et spirituels à l’exception du salut. Les élus comme les non-élus peuvent le recevoir et en faire l’expérience (voir Mt 5.43-48 ; Lu 6.27-38).
L’amour de Dieu tel qu’il se manifeste dans la grâce spéciale est l’amour d’un Dieu sauveur. Il se traduit par la rédemption, l’efficacité de la grâce régénératrice et le don irrévocable de la vie éternelle. C’est un amour bien particulier et sélectif qui conduit Dieu à accorder la grâce de la vie éternelle en Christ. Il n’y a que les élus qui peuvent la recevoir et en faire l’expérience.
Par conséquent, l’amour salvateur de Dieu est immérité, tout comme la grâce. L’amour de Dieu pour les pécheurs à travers le salut ne peut être atténué par le péché. Dieu nous a aimés alors que nous étions pécheurs afin que la gloire de son amour soit magnifiée d’une manière incomparable. C’est lorsque nous étions encore « faibles » que « Christ est mort pour des impies » (Ro 5.6). En effet, « Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Ro 5.8). La seule explication à l’amour salvateur de Dieu pour les pécheurs, c’est Dieu lui-même !
L’amour et la mort de Christ
Cet amour divin est donc la raison ou la source de l’œuvre expiatoire de Christ. Dieu n’a pas aimé les hommes seulement après la mort de Christ pour eux ; ce dernier est mort pour les hommes parce que Dieu les aimait déjà. La mort du Sauveur ne doit pas être perçue comme un moyen pour les hommes de gagner ou mériter l’amour de Dieu. Ce ne sont pas le sacrifice ou les souffrances de Christ qui nous procurent l’affection de Dieu ; cela reviendrait à les considérer comme un mal nécessaire, ou encore comme un moyen de soutirer un peu d’amour à une divinité sévère, réticente et réfractaire. Au contraire, l’amour de Dieu a rendu inévitable la mort de Christ, par laquelle il s’est manifesté de façon incomparable. En d’autres termes, l’amour salvateur de Dieu est un don. « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3.16a). Encore une fois, comme Paul le déclare, « si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2.20b ; voir aussi Ép 5.1,2,25 ; 1 Jn 4.9,10).
Cet article est adapté du livre : « L’essentiel de la théologie chrétienne »