L’apologétique et la sagesse (William Edgar)

La littérature de sagesse que l’on retrouve dans la Bible est une source particulièrement riche en matériel apologétique. Essentiellement, la sagesse fait référence à la capacité de penser et de vivre les mystères de l’existence humaine. Son point de départ est la crainte du Seigneur, mais sa fin se situe dans toute l’expérience humaine. 

La littérature de la sagesse dans la Bible

Il existe plusieurs types de littérature de sagesse, par exemple, les dictons brefs et féconds des proverbes qui prescrivent des règles pour vivre bien et condamnent la folie, ou des méditations sur les énigmes de la vie telles que nous les trouvons dans le livre de Job. Ce genre littéraire apparaît aussi dans Ecclésiaste, le sermon sur la montagne, certaines parties de l’épître de Jacques et différentes parties des épîtres de Paul.

L’histoire de Job

Le livre de Job est un examen approfondi sur le problème de la justice de Dieu et creuse la question de savoir pourquoi un croyant peut être affligé. En effet, la vertu de Job n’était pas tant qu’il était bon, mais qu’il était fidèle. C’est ce croyant qui est durement mis à l’épreuve ; la source immédiate de son épreuve c’est le défi que Satan adresse à Dieu. 

Un problème éthique important

Le drame de ce récit se déroule à plusieurs niveaux. Premièrement, un problème éthique important se présente et à la fin se résout. Lorsqu’on est affligé, cela signifie‑t‑il que nous avons péché ou que nous le méritons ? Une idée plus fondamentale sur la nature de Dieu se trouve derrière cette croyance : Dieu n’est‑il pas simplement celui qui récompense la justice et qui punit la faute ? Les amis de Job tentent de convaincre ce dernier de cela en faisant un lien simpliste entre la souffrance et la culpabilité personnelle. À la fin cependant, l’histoire donne raison à Job et montre aux amis qu’ils avaient amoindri la portée du péché, de la punition et de la manière dont Dieu applique la loi. 

La croissance spirituelle de Job

Deuxièmement, Job grandit durant ce processus. Au début, c’est un homme droit doté de la foi d’un enfant ; lorsqu’arrivent les terribles épreuves, il passe à une autre étape de sa vie, une sorte d’adolescence où le doute et l’angoisse assaillent sa sécurité antérieure. Bien qu’il ne renie jamais Dieu, il le questionne, parfois de manière appropriée, parfois non. Au cours de ses dialogues avec ses amis, il lui arrive de faire preuve d’une extraordinaire sagesse : 

« Mais je sais que mon rédempteur est vivant, et qu’il se lèvera le dernier sur la terre » (Job 19.25). 

Mais il lui arrive aussi d’être sur le point d’attribuer de mauvaises motivations à Dieu lui‑même : 

« Tu deviens cruel contre moi… Celui qui est dans le malheur n’implore‑t‑il pas du secours ? » (30.21,24.) 

Il frise la même arrogance qu’il dénonce chez ses amis : 

« Voilà ma défense toute signée : que le Tout‑Puissant me réponde ! » (31.35.) 

À la fin toutefois, Job passe de l’adolescence spirituelle à la sagesse mature, après que Dieu lui a parlé, de la plus sévère des façons, lui rappelant sa finitude et sa folie (chap. 38 – 41). Job est rendu complètement humble : 

« C’est pourquoi je me condamne et je me repens sur la poussière et sur la cendre » (42.6). 

Il est aussi récompensé pour sa grande fidélité malgré les erreurs de son adolescence. 

La justification du plan de Dieu

La troisième question dans cette pièce apologétique, c’est la justification du plan de Dieu. Le Seigneur n’est pas le simple superviseur divin d’une loi abstraite qui perd son sens en vue des supplications de Job. Au contraire, il est celui qui renverse Satan et la malédiction de la loi. Son plan implique le salut par l’alliance. Le peuple de Dieu de l’Ancien Testament forme le maillon nécessaire entre la promesse de Genèse 3.15 et Jésus‑Christ : Job avait un rôle à jouer dans l’histoire de la rédemption en tant qu’image du Christ. 

Comme nous le savons par le Nouveau Testament, le plan de Dieu arrive au salut par la grâce basée sur l’œuvre du Christ au moyen de la foi. La foi véritable démontre son authenticité par la façon dont nous vivons et parlons. Si Job avait failli ‒ si sa vie ou ses paroles avaient démontré que sa foi n’était pas authentique ‒, il aurait été clair que le plan n’était pas valide. Dieu serait passé pour un menteur et le mal aurait gagné. 

Voici la question ultime : Dieu sait‑il si le plan de salut peut réussir ? L’obéissance de Christ est‑elle agissante ? La foi suffit‑elle ? 

Dans son argumentation extraordinaire, la littérature de sagesse répond par une affirmation écrasante. 

L’art de la persuasion menant à la foi

Il faut par ailleurs noter que le Nouveau Testament n’est pas en reste en matière de sagesse. Jésus parle souvent selon la tradition de sagesse, énonçant ses discours en paraboles ou en proverbes. Certaines parties des lettres des apôtres sortent du même moule. Et le livre de Jacques est aussi une épître de sagesse, qui rappelle brillamment aux croyants la nécessité de cultiver l’humilité et la patience face aux injustices flagrantes de la vie. Tout comme l’Ecclésiaste, Jacques affirme que les apparences sont trompeuses – le riche semble l’emporter sur le pauvre, l’intelligent sur le simple. Mais en fin de compte ce qui importe, c’est d’accomplir la loi royale, selon l’Écriture (Ja 2.8). Ainsi, par la sagesse, l’art de la persuasion menant à la foi est merveilleusement exposé dans le Nouveau Testament.


Cet article est tiré du livre : Le cœur a ses raisons de William Edgar