L’application de la grâce (Pascal Denault)
La rédemption accomplie et appliquée
John Murray fut l’un des plus importants théologiens du 20e siècle. Il a écrit un petit livre dans lequel il explique le salut. J’aimerais simplement vous citer le titre de son livre : La rédemption, accomplie et appliquée. Seulement le titre nous montre que le professeur Murray n’adhérait pas à une conception du salut où Dieu aurait accompli la rédemption et attendrait désespérément que des hommes se tournent vers lui. C’est ainsi qu’on m’avait enseigné le salut quand j’étais petit : Dieu appelle tout le monde, mais il faut l’accepter… Jésus frappe à la porte de notre coeur, mais c’est à nous de lui ouvrir. Cette conception représente pratiquement Dieu comme un pauvre vieux grand-papa qui attend désespérément que les hommes viennent le visiter, mais tout le monde se fiche pas mal de lui. Dans un livre pour enfants, Jésus est comparé à un clown dans un parc qui offre des ballons aux passants, mais le clown est bien triste parce que bien peu de personnes veulent de ses ballons. Ces petites histoires de plaisent peut-être aux enfants et aux arminiens, mais la vérité biblique est bien différente.
La rédemption n’est pas simplement accomplie par Dieu, elle est aussi appliquée par lui. Dieu est un guerrier qui n’attend pas passivement que son peuple vienne à lui, mais qui va lui-même délivrer tous ceux qui lui appartiennent. Si des hommes viennent au Christ, c’est parce qu’au calvaire il les a rachetés et leur a obtenu la grâce de la régénération, de la repentance et de la foi, de la justification, de l’adoption, de la sanctification, de la persévérance et de la résurrection finale. Ce salut est appliqué par le Saint-Esprit à toutes les âmes rachetées par Christ. Notre conversion n’est pas le fruit de notre libre arbitre, mais le fruit de l’oeuvre de Christ. Notre foi et nos oeuvres de justice sont l’effet de sa mort. Régénérés, nous travaillons à notre salut (Ph 2.12), mais nous sommes l’oeuvre de Dieu (Ph 2.13). Tous les fruits que nous portons proviennent de la puissance du salut en Jésus- Christ, « car nous sommes son ouvrage ». (Ep 2.10)
Les provisions du salut
Christ a accompli la rédemption et le Saint-Esprit applique la rédemption. Il est grand temps que les chrétiens cessent de fouiller dans les poubelles du monde (Ph 3.7-11) pour se mettre plutôt à rechercher dans les provisions de leur salut, « tout ce qui contribue à la vie et à la piété » (2 P 1.3). Que les chrétiens cessent de regarder vers Freud pour leur mieux-être et qu’ils se tournent vers la sanctification en Jésus-Christ. Que les chrétiens cessent de demander à Épicure ou à Socrate la voie du bonheur et de la sagesse et qu’ils craignent plutôt l’Éternel.
Qu’au lieu de chercher leur repos en évitant toute souffrance, ils trouvent « la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence » (Ph 4.6-7) et qu’ils prennent la croix et supportent les souffrances. Qu’ils ne cherchent plus le succès ou la gloire des hommes, mais la fidélité à Dieu. Les chrétiens appartiennent à un autre royaume, servent un autre Empereur et sont soumis à d’autres lois que ceux qui marchent selon le train de ce monde (Col 1.13). Semblables à des souris mourant de faim alors qu’elles sont dans les greniers de Pharaon, les chrétiens semblent parfois oublier qu’ils ont « tout pleinement » en Jésus- Christ (Col 2.10).
Combien de chrétiens ne connaissent pas leur salut et ne comprennent pas la grâce de Dieu? Chaque fois que l’Église délaisse la prédication de l’Évangile pour se tourner vers autre chose, c’est parce qu’elle ne comprend pas l’Évangile et qu’elle ignore l’efficacité de la grâce de Dieu. Lorsqu’un pécheur passe des ténèbres à la lumière et de la mort à la vie, c’est parce que l’Esprit lui applique la rédemption acquise par Jésus-Christ. Remarquez comment l’homme est passif et Dieu actif dans le salut :
« Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. »
Rm 8.30
Notre vie en Christ
La grâce a été appliquée à notre vie, nous sommes « des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire » (Rm 9.23). Nous sommes la manifestation de « la sagesse infiniment variée de Dieu » (Ep 3.10). Nous servons uniquement « à la louange de la gloire de sa grâce qu’il nous a accordée en son bien-aimé » (Ep 1.6). Dieu a rendu manifeste qu’il est miséricordieux en nous accordant son salut. Nous sommes son oeuvre.
Quand réaliserons-nous que nous n’avons aucun mérite et que nous devons tout à l’efficacité de sa grâce? Quand verrons-nous que nous étions les malheureux esclaves du péché et que nous sommes devenus les héritiers de la gloire? Quand vivrons-nous à la louange de sa gloire comme les bienheureux cohéritiers de Christ? Nous sommes maintenant ce que nous sommes, uniquement parce que la grâce nous a été appliquée. Mieux vaudrait investir dans notre vie en Christ, car tout le reste passera.
Cet article est tiré du livre Solas : la quintessence de la foi chrétienne de Pascal Denault