L’auto-exaltation de Dieu dans la surprenante victoire de Gédéon (John Piper)
Les enfants d’Israël firent ce qui déplaît à l’Éternel
Voici le triste refrain du livre des Juges : « Les enfants d’Israël firent ce qui déplaît à l’Éternel ; et l’Éternel les livra entre les mains de Madian pendant sept ans » (Jg 6.1). En dépit de la désobéissance d’Israël (6.10), Dieu envoie un ange vers Gédéon afin de le recruter pour une grande mission salutaire : « L’Éternel lui dit : “[…] Je serai avec toi, et tu battras Madian comme un seul homme” » (6.16). Alors, « Gédéon [est] revêtu de l’Esprit de l’Éternel ; il [sonne] de la trompette » (6.34), et 32 000 hommes s’assemblent pour combattre les Madianites (7.3). Ainsi, le zèle de Dieu pour sa gloire éclate et il dit à Gédéon :
Le peuple que tu as avec toi est trop nombreux pour que je livre Madian entre ses mains ; il pourrait en tirer gloire contre moi, et dire : « C’est ma main qui m’a délivré. » Publie donc ceci aux oreilles du peuple : que celui qui est craintif et qui a peur s’en retourne et s’éloigne de la montagne de Galaad. Vingt-deux mille hommes parmi le peuple s’en retournèrent, et il en resta dix mille (Jg 7.2,3).
L’essence du péché
L’essence même du péché consiste à minimiser Dieu et à s’exalter soi-même. Autrement dit, l’orgueil est l’essence du péché. Ce qui rend l’auto-exaltation des humains si terrible, c’est la double tragédie qui en découle : le dénigrement de Dieu et la destruction de l’homme. Jésus le déclarera de façon limpide :
Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux (Mt 18.3,4).
Jusqu’à quand refuseras-tu de t’humilier devant moi ?
Bien entendu, ce message des plus basiques a été précisé d’innombrables manières dans l’Ancien Testament. Face à l’arrogance de Pharaon (Né 9.10), Dieu l’interroge : « Jusqu’à quand refuseras-tu de t’humilier devant moi ? » (Ex 10.3.) Pharaon n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de cette vérité :
L’arrogance précède la ruine, et l’orgueil précède la chute. Mieux vaut être humble avec les humbles que de partager le butin avec les orgueilleux (Pr 16.18,19).
Dieu prend soin de son peuple
Après avoir puni l’orgueil de l’Égypte lors de l’exode, Dieu prend soin de son peuple, pourtant pécheur, dans le désert. Moïse expliquera clairement aux enfants d’Israël que le but de Dieu est de l’humilier et de l’éprouver, pour lui faire ensuite du bien (De 8.16). C’est ce que Dieu s’apprête à faire à travers Gédéon, dans le livre des Juges. Par sa puissance, par l’intermédiaire de Gédéon, il entend réduire au silence l’orgueil d’Israël.
Il réduit en nombre l’armée de Gédéon, la faisant passer de 32 000 hommes à 10 000, pour éviter qu’Israël n’en tire gloire contre lui, en disant : « C’est ma main qui m’a délivré » (Jg 7.2). Mais 10 000 soldats, c’est encore trop. Alors, Dieu ordonne à Gédéon de les emmener près d’un point d’eau et de les faire boire. Puis, il lui dit : « C’est par les trois cents hommes qui ont lapé, que je vous sauverai et que je livrerai Madian entre tes mains » (7.7).
Ce n’est en aucun cas parce que les Madianites n’ont qu’une petite armée, car leur nombre est incalculable, comme le précise Juges 7.12 : « Madian, Amalek, et tous les fils de l’orient, étaient répandus dans la vallée comme une multitude de sauterelles, et leurs chameaux étaient innombrables comme le sable qui est sur le bord de la mer ».
Dieu passe son message à ceux qui ont des oreilles pour entendre
Avec ces 300 hommes, Dieu a mis les ennemis en déroute (7.22). Il a passé son message – à ceux qui avaient des oreilles pour entendre. En substance, Dieu dit : « Je m’oppose à l’arrogance d’Israël qui se réjouit de sa propre grandeur et non de la mienne. C’est mon nom, ma puissance et ma gloire qui seront exaltés au sein de mon peuple. Je ne te sauve pas pour que tu m’oublies, mais afin que tu me loues. Si tu ne le perçois pas dans mes interventions miséricordieuses, puissantes et illimitées malgré ton péché, alors saisis-le au moins cette fois-ci à travers la victoire de Gédéon. »
En fait, Dieu déclare : « Tes ennemis étaient aussi innombrables que les sauterelles, et pourtant je t’ai délivré avec 300 hommes. Est-ce que tu comprends, Israël ? C’était pour faire cesser ta vantardise (“Israël pourrait en tirer gloire contre moi en disant, ‘c’est ma main qui m’a délivré’”, v. 2). Mon intention était de t’humilier pour que tu prennes conscience du fait que je suis ton espérance, ton bouclier, ton épée et ton partage. Si tu t’attaches à moi et m’aimes pour qui je suis, “heureux [seras-tu], Israël ! […] un peuple sauvé par l’Éternel” (De 33.29). Tu obtiendras alors la joie, et moi, la gloire. »
Voilà le but ultime que Dieu poursuivait pendant la période des juges : conduire Israël au-delà de son anarchie et de son orgueil, vers l’espérance d’une adoration humble et joyeuse, sous la main omnipotente et rédemptrice de Dieu.
Cet article est tiré du livre : « La providence de Dieu » de John Piper