Le chrétien et l’argent (Wayne Grudem)
L’argent est fondamentalement une bonne chose. Il offre de nombreuses occasions de glorifier Dieu, mais aussi de nombreuses tentations de commettre le péché.
On entend les gens dire souvent que « l’argent est la racine de tous les maux », mais ce n’est pas ce que dit la Bible. Paul dit dans 1 Timothée 6.10 que l’amour de l’argent est la racine de tous les maux ; il s’agit ici de l’amour de l’argent et non pas de l’argent lui-même.
En fait, l’argent est fondamentalement une bonne chose parce que c’est une invention humaine qui nous distingue du règne animal et nous permet d’assujettir la terre en produisant, à partir d’elle des biens et services pour le bénéfice des autres. L’argent permet à toute l’humanité d’être productive et de profiter des fruits de cette productivité. Ce serait bien difficile si l’argent n’existait pas, et qu’il fallait troquer les uns avec les autres.
Sans argent, je n’aurais qu’une seule chose à échanger : les exemplaires de mes livres. Par exemple, j’aurais des centaines d’exemplaires de mon livre intitulé Théologie systématique (Wayne Grudem, Théologie systématique, Charols, France, Excelsis, 2012, 1520 p.) à troquer contre autres choses.
Par contre, dans un monde sans argent, je n’aurais aucune idée de la valeur d’échange d’un de mes livres. Pourrais-je l’échanger contre un pain ou contre deux chemises, ou encore contre une bicyclette ou une voiture ? Sans doute que l’épicier qui n’aurait aucun intérêt pour mon livre n’échangerait même pas un petit panier de provisions contre cent exemplaires de mon livre ! Par la suite, j’aurais sans doute beaucoup de difficulté à trouver d’autres personnes avec qui je pourrais troquer, car les marchands qui avaient accepté un premier exemplaire n’en voudraient certainement pas un deuxième ou un troisième. Sans argent, je serais alors forcé de revenir à une vie de subsistance. Je cultiverais sans doute un jardin, tout en élevant des vaches et des poules. Avec de la chance, je pourrais troquer quelques œufs de temps en temps. Dans une telle situation, vous seriez confronter au même problème, peu importe ce que vous auriez à échanger.
L’argent est la seule chose contre laquelle chacun de nous est prêt à échanger des marchandises, car c’est exactement ce que toute autre personne ferait. Avec un système d’argent, je sais soudain combien vaut un exemplaire de mon livre. Il vaut 49 €, parce que c’est ce que des milliers de gens ont décidé de payer pour l’obtenir.
L’argent conserve également la valeur d’une chose jusqu’à ce que je le dépense pour autre chose. Quand j’obtiens 49 € pour la vente d’un livre, cet argent a temporairement la valeur de mon livre jusqu’à ce que je me rende chez l’épicier pour lui dire que je voudrais échanger les 49 € contre des denrées. Le même épicier, qui aurait refusé de troquer des denrées contre un livre de théologie, accepte maintenant mes 49 € avec empressement, parce qu’il sait qu’il peut acheter avec cet argent tout ce qu’il veut et qui coûte 49 €.
L’argent est donc simplement un outil pour notre usage, et nous pouvons à juste titre remercier Dieu, qui dans sa sagesse a décrété que nous l’inventions et que nous nous en servions. Il s’agit simplement d’un « moyen d’échange », quelque chose qui facilite des échanges volontaires. C’est un produit standardisé légalement établi comme un équivalent échangeable contre tous les autres produits. L’argent permet de mesurer la valeur comparative des biens et des services sur le marché.
L’argent rend les échanges volontaires plus équitables, plus efficace, et beaucoup plus variés. Nous avons besoin d’argent dans ce monde afin d’être de bons intendants de ce que nous avons reçu sur la terre. Nous pouvons l’utiliser avec sagesse pour glorifier Dieu.
Si l’argent était mauvais en soi, alors Dieu n’en aurait pas. Mais il dit : « L’argent est à moi, et l’or est à moi, dit l’Éternel des armées » (Ag 2.8).
Tout lui appartient, et il nous le confie pour que, par lui, nous le glorifiions.
L’argent offre de nombreuses occasions de glorifier Dieu : en investissant et en faisant fructifier les choses qui sont sous notre gestion, nous imitons la souveraineté et la sagesse de Dieu ; en subvenant à nos propres besoins, nous imitons l’indépendance de Dieu ; en donnant aux autres, nous imitons ainsi la miséricorde et l’amour de Dieu ; en donnant à l’Église et pour le soutien de l’évangélisation, nous attirons d’autres personnes dans le royaume.
L’argent porte en lui beaucoup de puissance et de valeur. Par conséquent, il amène son lot de responsabilités et de tentations. Nous pouvons être pris au piège par l’amour de l’argent (1 Ti 6.10), et il peut détourner nos cœurs de Dieu. Jésus nous a avertis : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent » (Mt 6.24 ; Segond 21). Il nous a aussi a mis en garde contre l’accumulation des richesses et le mauvais usage qu’on peut en faire :
Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur (Mt 6.19-21).
Cela dit, les distorsions de quelque chose de bon ne doivent pas nous amener à penser que la chose elle-même est mauvaise. L’argent en lui-même est une bonne chose et nous offre de nombreuses occasions de glorifier Dieu.
Cet article est tiré du livre, La prospérité ? : à la recherche du vrai évangile.