Le chrétien peut-il appeler «frère en Christ» tout qui se revendique de Christ ? (à Brakel)
La communion des saints
De la même manière que les croyants sont en communion avec leur Tête Jésus-Christ, ils sont également en communion les uns avec les autres. Je le répète, les uns avec les autres, et donc pas avec d’autres rassemblements qui se réunissent à des fins religieuses. De tous ces rassemblements, ils se séparent, quel que soit leur nom. Ceci s’applique aux groupes suivants :
(1) Les païens dans toutes leurs diverses manifestations, ainsi que les musulmans. Il en va de même pour les Sociniens, et parmi eux les anabaptistes et les Arminiens qui nient la sainte Trinité, l’union hypostatique des natures de Christ (c’est-à-dire Christ comme Fils éternel du Père éternel ayant assumé une nature humaine sainte dans l’unité de Sa Personne), la vraie satisfaction de Christ comme garant pour les élus, la justification sur base des mérites de Christ sans les bonnes oeuvres humaines, la puissance de sceau résidant en les sacrements pour tous les croyants.
(2) Les papistes, qui ont l’antéchrist en tête, commettent une idolâtrie odieuse et abominable avec un morceau de pain en l’adorant comme leur Dieu. Ils invoquent religieusement les anges et les saints décédés pour obtenir de l’aide selon leur corps et leur âme. Ils rendent honneur religieusement aux images, se rendent de nouveau coupables du corps et du sang de Christ en sacrifiant quotidiennement Christ pour le pardon des péchés, cherchant à être justifiés par leurs propres œuvres et celles des autres pour mériter ainsi le salut. Ils nient la puissance de sceau des sacrements, leur attribuant la capacité de la purification du péché. Ils sont aussi d’amers persécuteurs du Seigneur Jésus et de son église.
(3) Les luthériens modernes. Je ne parle pas de ceux qui adhèrent strictement à la Confession d’Augsbourg, mais de ceux qui, comme c’est généralement le cas aujourd’hui, ont la Confession d’Augsbourg dans leur bouche, mais qui s’en éloignent et se rapprochent beaucoup de la papauté. S’il n’y avait qu’une petite persécution contre eux, ils reviendraient peut-être à la foi, tel un chien à son vomi, et s’uniraient de nouveau contre la papauté. Chercher à être en communion avec eux corromprait complètement l’Église. Que le Seigneur garde Son église loin de cela. S’ils devaient rester fidèles à la doctrine de Luther, cependant, nous les embrasserions volontiers de tout notre cœur et négligerions leurs idées fausses. (Note du traducteur : ici, nous pourrions aisément rajouter les réformés et luthériens modernes de tendance libérale qui se sont tellement éloignés de la foi qu’ils constituent une religion nouvelle et différente à part entière).
(4) La dernière catégorie s’applique enfin aux hérétiques à l’intérieur de l’église. La fumée du puits de l’abîme imprègne l’église, provoquant de nombreux sentiments nuisibles et méprisables à venir en vogue, ainsi que la promotion zélée de ces sentiments. Si l’église avait son vieil amour et son souci sincère pour la vérité et la pureté de l’église, de telles personnes devraient être excommuniées.
Quoique de telles personnes puissent rester dans l’église, les vrais croyants se sépareront d’eux aussi bien que des autres mentionnés qui sont en dehors de l’église. Ils ne souhaitent pas avoir de communion ecclésiastique avec l’un ou avec l’autre. Ils sont attristés que l’Eglise n’ait pas excommunié de tels hérétiques. Tant qu’ils ne sont pas excommuniés, les croyants – en plus d’être sans prétention, compatissants, serviables, etc. – peuvent et doivent saluer d’une manière sociale ces hérétiques et ceux qui les offensent.
Dans notre pays, la pratique de l’accueil n’est pas un signe de familiarité et de camaraderie, car si c’était le cas, on ne serait pas autorisé à les accueillir. Il s’agit plutôt d’un simple geste social que l’on fait même à ceux qui sont totalement inconnus. Cependant, dans toute interaction sociale et dans toute manifestation d’amour, il faut toujours faire preuve de distance avec eux, et ne les rencontrer que comme des êtres humains et non comme croyants ou personnes pieuses.
En se séparant d’eux, les croyants exercent ainsi la communion avec l’Eglise et ses membres. Une partie de l’église est triomphante dans le ciel et une partie est militante sur terre. Un croyant exerce la communion avec les deux.
Extrait traduit en français de : Wilhelmus à Brakel, The Christian’s Reasonable Service.