Le langage prophétique (Michael Barrett)
Quand j’examine une prophétie, je dois garder à l’esprit certaines caractéristiques du langage prophétique. Voyons-en quelques-unes
Un langage symbolique
Il est souvent symbolique, à prendre au sens figuré. Ne confondez pas l’accomplissement littéral ou réel de la prophétie avec la pédanterie d’une interprétation littérale du langage prophétique. Par exemple, Daniel décrit les grands empires à venir en termes de bêtes étranges et surnaturelles. Il n’est pas possible d’interpréter ses prédictions de manière littérale à moins de verser dans le ridicule. Mais il existe un lien entre ces animaux étranges et les royaumes qu’ils représentent. Ces royaumes ont réellement existé ou existeront un jour. Pour interpréter ces symboles, je dois trouver ce qui unit le symbole à son référent réel, sans forcément chercher à établir un parallèle parfait. Le sens du langage symbolique ne se trouve pas à la surface du texte, il faut chercher en profondeur. L’interprétation de ce langage suppose toujours une certaine subjectivité et je dois veiller à ne pas aller trop loin.
Un langage d’imminence
La prophétie se caractérise souvent par un langage d’imminence. Qu’elle s’accomplisse dans un avenir proche ou lointain, le prophète l’annonce comme si elle allait se réaliser à l’instant. Cette ambiguïté temporelle est voulue. C’est une caractéristique importante du langage prophétique. Comme Dieu ne précise pas à quel moment la prophétie s’accomplira, son application n’est donc pas limitée dans le temps. Si l’accomplissement des prophéties était daté avec précision, elles ne pourraient alors avoir aucun impact sur toutes les générations qui précèdent leur réalisation. Si Ésaïe avait précisé que la naissance virginale se produirait plus de sept siècles plus tard, ses auditeurs n’auraient pas perçu sa prophétie comme un signe encourageant. Mais il n’en date pas l’accomplissement, et la prophétie garde toute sa pertinence pour ses contemporains.
Des évènements de différentes époques
La prophétie tend à réunir en un seul énoncé des événements qui se produiront à des époques différentes. Ceci donne l’impression qu’il s’agit d’un seul événement. On parle de prédiction «progressive» ou de «télescopage prophétique». Le prophète annonce en une seule prophétie plusieurs événements qu’il juxtapose sans préciser l’intervalle de temps qui les sépare. L’important n’est pas le moment où se produisent les éléments, mais la certitude qu’ils surviendront. Cette absence de chronologie différencie la prophétie de l’Histoire qui, elle, exige des dates. La prophétie vit de leur absence.
Ésaïe 61 est un exemple typique de ce phénomène prophétique. Le verset 2 annonce que le Messie vient «pour publier une année de grâce de l’Éternel, et un jour de vengeance de notre Dieu». Lorsque le Seigneur Jésus donne lecture de ce texte dans la synagogue de Nazareth, il s’arrête au milieu de la phrase, puis roule le livre avant de dire : «Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie» (Luc 4.21). Cette affirmation explique son interruption soudaine. La publication d’«une année de grâce de l’Éternel» s’accomplit ce jour-là, mais pas le «jour de vengeance». La deuxième partie de cette prophétie se réalisera lors du retour de Christ. Ésaïe télescope en une seule phrase deux événements qu’au moins 2 000 ans séparent. Il n’est pas étonnant que les croyants de l’Ancien Testament aient cherché à savoir quand s’accompliraient ces grandes œuvres de Christ.
Cet article est tiré du livre : Commençant par Moïse… de Michael Barrett