Le livre de Ruth en 10 minutes (Sylvio Janelle)

« Le livre de Ruth décrit une femme moabite dévouée dont l’amour sacrificiel délivre une famille israélite de l’oubli et mène à la glorieuse royauté de David. » C’est ainsi qu’un auteur résume les quatre chapitres de ce petit livre biblique.

Plusieurs sont familiers avec la brève histoire de Ruth, une Moabite qui a suivi sa belle-mère Naomi en Israël. Ruth a marié Boaz, un Israélite, et est devenue la grand-mère du roi David. Le livre ne présente pas de leçon particulière et le but de l’auteur était sans doute de conserver ce petit souvenir de l’histoire du roi David : 

« Les voisines lui donnèrent un nom, en disant: Un fils est né à Naomi! Et elles l’appelèrent Obed. Ce fut le père d’Isaï, père de David. » (Ruth 4.17)

On pense que Ruth a été écrit pendant le règne du roi David ou peu après. L’histoire s’est déroulée trois générations auparavant, donc au temps des Juges. C’est ce que nous dit le premier verset du livre :

« Du temps des juges, il y eut une famine dans le pays. » (Ruth 1.1)

Dans nos bibles, le livre de Ruth se retrouve entre Juges et 1 Samuel. C’est chronologique. Le dernier verset du livre des Juges résume le contexte de l’époque :

« En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon. » (Juges 21.25)

C’est un principe qui est répété dans les Juges et, surtout, qui y est démontré. Malgré la déchéance décrite dans ce livre, on y retrouve un « reste » de gens fidèles à Dieu. Les personnages du livre de Ruth vivaient au temps des Juges et semblent faire partie de cette catégorie de gens intègres. 

Quelqu’un a dit que le livre de Ruth est une introduction au livre de 1 Samuel qui voit naître la royauté en Israël. Intéressant.

Dans la Bible juive, le livre de Ruth se retrouve entre le livre des Proverbes et celui du Cantique des cantiques. Ruth se retrouve donc entre la femme vertueuse de Proverbes 31 et la Sulamithe du Cantique des cantiques qui prend des initiatives dans sa relation amoureuse avec Salomon. Un auteur souligne que la relation amoureuse du livre de Ruth finit bien, un grand contraste avec celles du livre des Juges et celles du roi David et de ses descendants qui tournent souvent mal.

Ce que Ruth enseigne sur Christ et l’Évangile

1) La providence. La providence de Dieu est certainement un fil conducteur dans cette histoire. On voit la main de Dieu dans les événements et les actions humaines :

« Et il se trouva par bonheur que la parcelle de terre appartenait à Boaz, qui était de la famille d’Elimélec. » (Ruth 2.3b)

« Boaz prit Ruth, qui devint sa femme, et il alla vers elle. L’Éternel permit à Ruth de concevoir, et elle enfanta un fils. » (Ruth 4.13)

À travers les épreuves de Naomi et Ruth, Dieu était en train de préparer son plan surprenant qui leur apporterait une bénédiction extraordinaire et qui les ferait participer à quelque chose qui les dépasse : la venue du Messie! Alors que les événements du livre de Ruth pouvaient paraître banals pour les gens du temps, ils cachaient quelque chose de beaucoup plus grand dans le plan de Dieu. Tout comme la crucifixion de Christ semblait être une mise à mort comme les autres, mais exprimait la providence du Dieu qui cherchait encore à racheter ses créatures :

« [..] cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez crucifié, vous l’avez fait mourir par la main des impies. Dieu l’a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il soit retenu par elle. » (Actes 2.23-24, emphase ajouté)

2) L’amour. Ruth est un exemple d’amour. Elle est prête à suivre Naomi dans un pays qui lui est étranger par amour pour elle, parce qu’elle prenait l’intérêt de sa belle-mère à cœur, parce qu’elle s’était attachée à elle. Devant l’insistance de Naomi à l’empêcher de la suivre, Ruth a le dernier mot :

« Où tu iras, j’irai, où tu demeureras, je demeurerai; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu […]. » (Ruth 1.16)

Il est important de souligner que le choix des fils d’Élimélec et de Naomi de prendre des Moabites pour femmes allait à l’encontre de ce que Dieu demandait à son peuple. Cette déclaration de Ruth est une démonstration de conversion qui est confirmée par son mariage avec Boaz, un Juif fidèle et « pratiquant ». On y voit une référence à la grâce de Dieu.

3) La grâce et le rachat. On voit la bonté de Boaz pour cette étrangère : elle ne mérite rien de lui, mais il la protège, pourvoit à ses besoins et paie le prix pour la prendre pour sa femme. La notion de « rachat » revient d’ailleurs souvent dans l’histoire et nous rappelle que Christ est mort pour racheter les pécheurs :

« Alors Boaz dit aux anciens et à tout le peuple: Vous êtes témoins aujourd’hui que j’ai acquis de la main de Naomi tout ce qui appartenait à Elimélec, à Kiljon et à Machlon, et que je me suis également acquis pour femme Ruth la Moabite, femme de Machlon, pour relever le nom du défunt dans son héritage, et afin que le nom du défunt ne soit point retranché d’entre ses frères et de la porte de son lieu. Vous en êtes témoins aujourd’hui! » (Ruth 4.9-10)

Si pour nous la question de « racheter » quelqu’un est au mieux bizarre et, au pire, révoltante, c’était quelque chose de parfaitement normal au temps de Ruth. La question était d’honorer la famille du défunt mari de Naomi en prenant soin de sa famille et en lui donnant une descendance. C’était un acte de foi et d’obéissance à la loi de Moïse (Deutéronome 25.5-6).

Dans une lecture superficielle et rapide, un lecteur pourrait être tenté de tirer la conclusion moralisatrice suivante : « Ne fais pas comme Orpa qui a abandonné sa belle-mère, fait comme Ruth qui a pris soin d’elle, et Dieu te récompensera. » Mais le texte parle vraiment de la grâce plutôt que du mérite, de la gracieuse providence divine telle que décrite plus haut.

4) Une ennemie qui entre dans la lignée royale. Ruth vient de Moab, un peuple qui vit une inimitié de longue date avec Israël. Pourtant, Boaz la prend pour femme et cette étrangère fera partie de la lignée ancestrale de Christ, tel que nous le voyons dans Matthieu 1 :

« Salmon engendra Boaz de Rahab; Boaz engendra Obed de Ruth; Obed engendra Isaï; Isaï engendra David. Le roi David engendra Salomon de la femme d’Urie […] Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ. » (Matthieu 1.5-6, 16)

Donc Ruth faisait partie d’un peuple ennemi du peuple de Dieu et elle a été rachetée pour finalement faire partie non seulement du peuple de Dieu, mais, aussi, de la lignée royale de Christ. Cela nous rappelle que Christ est venu donner sa vie sur la croix pour racheter ceux qui étaient les ennemis de Dieu et les intégrer dans sa famille royale :

« C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup. » (Matthieu 20.28)

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Bonne lecture!

Bonus!

« Les Juifs orthodoxes lisent le livre de Ruth chaque année, à la fête de la Pentecôte. Cette fête commémore pour eux le don de la loi sur le mont Sinaï, au moment des premières offrandes appelées Prémices de la Moisson (Ex 23.16). Les fiançailles de Ruth eurent lieu pendant cette fête de la moisson des orges (Rt 3.2 ; voir aussi 1.22). » (Commentaire Biblique du Chercheur, p.557)

« Les personnages du livre soulignent à huit reprises l’activité de Dieu (1.13, 20, 21 [quatre fois] ; 2.20 ; 4.12, 14). L’Éternel était régulièrement sollicité pour répondre aux prières en leur faveur (1.8, 9 ; 2.12 ; 4.11, 12). À cinq reprises, la bénédiction de Dieu est invoquée sur les individus fidèles (2.4 [deux fois], 19, 20 ; 3.10). Ruth et Boaz s’engagèrent à faire face à leurs responsabilités au regard de la fidélité de Dieu (1.17 ; 3.13). Boaz recommanda à Ruth de chercher refuge sous les ailes du Dieu d’Israël (2.12). » (Commentaire Biblique du Chercheur, p.560.)