Le manque d’amour (Alexander Strauch)
« Tu as abandonné ton premier amour »
Le reproche que le Seigneur adresse à l’Église d’Éphèse est le suivant : « tu as abandonné ton premier amour » (Ap 2.4). Cette traduction littérale met l’accent sur l’adjectif premier, si bien que l’amour que les croyants d’Éphèse ont abandonné est celui qui les caractérisait au début de leur vie collective en tant qu’Église.
Jésus ne dit pas ici : « tu es dépourvu d’amour ». Il dit plutôt : « tu as abandonné l’amour que tu avais au début ». Leur amour n’était plus ce qu’il avait été. Même s’ils avaient encore une certaine mesure d’amour, puisque la plupart d’entre eux étaient de véritables chrétiens et qu’ils avaient « souffert à cause de [son] nom » (Ap 2.3), ils ne possédaient plus le genre d’amour qu’ils avaient durant les premières années d’existence de leur Église. Ils aimaient encore le Seigneur, mais plus comme au début. Ils s’aimaient encore les uns les autres, mais plus comme avant.
Il était un temps où leur amour pour Christ et les uns pour les autres motivait tout ce qu’ils faisaient. Cet amour ajoutait joie, créativité, fraîcheur, spontanéité et énergie à leur vie et à leur travail. Toutefois, leur source d’énergie était maintenant presque à sec. Leur travail était devenu quelconque, machinal et routinier, et leur vie n’était plus que suffisance. Au lieu de vivre un amour abondant, l’amour leur faisait défaut. Au lieu d’être motivées par un amour sincère, leurs œuvres étaient devenues machinales. Certaines de leurs « œuvres » qui découlaient de leur ancien amour avaient même disparu. Pour cette raison, Jésus les réprimande et les appelle ici à se remettre à pratiquer ces œuvres (Ap 2.5).
L’amour pour Dieu et l’amour pour notre prochain vont inséparablement de pair
On ne mentionne pas la raison pour laquelle ils ont perdu leur amour. Le passage ne précise pas non plus s’il s’agit de l’amour pour Christ ou de l’amour pour les frères et sœurs dans la foi. Il vaut donc mieux croire que Jésus fait allusion à l’amour chrétien en général, qui inclut l’amour pour Dieu, l’amour pour les autres croyants de l’Église et l’amour pour les âmes perdues. Selon notre Seigneur, l’amour pour Dieu et l’amour pour notre prochain vont inséparablement de pair (Mc 12.29-31 ; Lu 10.27). Il est impossible d’aimer Dieu sans aimer son peuple ou d’aimer son peuple sans aimer Dieu (1 Jn 4.7 – 5.3).
Nous sommes les seuls responsables de la perte de notre amour
Jésus emploie des mots à forte connotation dans le reproche qu’il adresse aux croyants d’Éphèse. En leur disant : « tu as abandonné » ou « rejeté » l’amour que tu avais, il les en tient manifestement pour seuls responsables. Ils ne peuvent s’en prendre à personne d’autre qu’à eux-mêmes pour la perte de leur amour. Ils avaient profité de bons enseignements pendant plusieurs années, ils avaient eu accès à presque tout le Nouveau Testament et ils avaient bénéficié du pouvoir du Saint-Esprit agissant en eux. Rien d’étonnant à ce que Christ exprime ici le grand déplaisir que la situation dans l’Église d’Éphèse lui procure. C’est de leur faute s’ils ont perdu leur amour. Ils ont négligé de « [se maintenir] » dans l’amour de Dieu (Jud 21). Ils doivent maintenant faire face à cette réalité et accepter les critiques et les conseils de Christ.
Cet article est tiré du livre : Aime ou meurs de Alexander Strauch