Le problème d’un évangile accommodant (John MacArthur)

L’idée d’un chrétien comme esclave et de Christ comme Maître est presque totalement absente du vocabulaire du christianisme évangélique contemporain. Non seulement notre génération considère le mot « esclave » comme un mauvais mot chargé d’un non-conformisme idéologique, mais elle aime aussi les concepts de liberté et de satisfaction personnelle. Les gens des temps modernes et postmodernes ont soif d’autonomie, et comme l’Église est devenue de plus en plus mondaine, la vérité biblique relative à notre devoir envers Christ comme notre Seigneur et Maître absolu a presque disparu de la conscience évangélique. De nos jours, l’Église a réduit toute la foi salvatrice et la réalité du disciple chrétien à un cliché irréfléchi (mais à plus grande conformité idéologique) : « une relation personnelle avec Jésus ». L’ambiguïté de cette expression reflète l’esprit vague et destructeur avec lequel les évangéliques traitent (et maltraitent) l’Évangile depuis plusieurs décennies. Comme si Christ pouvait être l’ami intime de quelqu’un sans pour autant en être le Seigneur. 

Toutefois, comme nous le ferons remarquer sous peu, ses seuls vrais amis étaient ceux qui faisaient ce qu’il commandait (Jn 15.14). Être l’esclave de Christ n’est pas un élément mineur ou secondaire de la vie du vrai disciple. Il ne s’agit pas simplement d’un langage symbolique ou illustratif dénué de tout sens littéral. Il s’agit de la manière exacte dont Jésus a lui-même défini la relation personnelle » qu’il doit avoir avec tout vrai disciple (Jn 12.26 ; 15.20). Et ce fait est souligné partout dans le Nouveau Testament. Et ce fait est souligné partout dans le Nouveau Testament.

Il est significatif que les paroles d’introduction de plusieurs épîtres néotestamentaires incluent les propres confessions de leurs divers auteurs, selon lesquelles ceux-ci étaient les esclaves de Christ (Ro 1.1 ; Ph 1.1 ; Tit 1.1 ; Ja 1.1 ; 2 Pi 1.1 ; Jud 1 ; Ap 1.1). Dans l’Église apostolique, tout vrai disciple comprenait profondément cette vérité, car si tous les apôtres confessaient qu’ils étaient les esclaves de Jésus, ceux sur qui les apôtres veillaient devaient certainement eux aussi être les esclaves de Christ.

À vrai dire, les éléments fondamentaux de l’esclavage sont les éléments mêmes de notre rédemption sur lesquels l’Écriture insiste le plus. Nous sommes élus (Ép 1.4,5 ; 1 Pi 1.1 ; 2.9) ; rachetés (1 Co 6.20 ; 7.23) ; la propriété de notre Maître (Ro 14.7-9 ; 1 Co 6.19 ; Tit 2.14) ; assujettis à la volonté et au contrôle du Maître sur nous (Ac 5.29 ; Ro 6.16-19 ; Ph 2.5-8) ; et totalement dépendants du Maître pour tout dans la vie (2 Co 9.8-11 ; Ph 4.19). Nous sommes appelés en définitive à rendre des comptes (Ro 14.12) ; à être évalués (2 Co 5.10) ; et à être châtiés ou récompensés par Christ (Hé 12.5-11 ; 1 Co 3.14). Voilà toutes des composantes essentielles de l’esclavage.

Que dirait Jésus ?

Jésus a lui-même introduit la métaphore de l’esclave dans le Nouveau Testament. Il a souvent établi un lien direct entre l’esclavage et le fait d’être disciple. Dans l’Évangile selon Matthieu, par exemple, il a dit : 

« Le disciple n’est pas plus que le maître, ni le serviteur plus que son seigneur. Il suffit au disciple d’être traité comme son maître, et au serviteur comme son seigneur » (Mt 10.24,25a). 

Il exigeait que les gens renoncent complètement à eux-mêmes. Il exigeait leur obéissance implicite. Il leur commandait d’être prêts à mourir pour lui. Il les appelait à renoncer à toutes leurs priorités normales – y compris leur famille, leurs amis, leurs projets personnels, leurs ambitions et le reste de ce que ce monde a à offrir. Leur vie entière était placée explicitement et irrévocablement sous son autorité. Sa seigneurie était totale et non négociable. C’étaient là ses conditions, et il dissuadait toujours de le suivre les prétendus disciples qui tentaient de dicter des conditions différentes des siennes (Lu 9.59-62).


Cet article est tiré du livre : En Jésus seul de John MacArthur