Le rôle des parents en tant que prophètes, prêtres et rois (Joel R. Beeke)
Notre rôle en tant que prophètes
Pour beaucoup d’entre nous, un prophète est une personne qui prédit l’avenir. Certains prophètes bibliques l’ont fait à divers degrés, mais prédire l’avenir n’était pas leur rôle principal. La tâche essentielle d’un prophète consiste à être le porte-parole de Dieu, à apporter la Parole de Dieu à son peuple.
Le mot prophète signifie « celui qui énonce ou parle ». En tant que prophètes de nos enfants, nous avons le devoir d’énoncer la pensée et la volonté de Dieu telles qu’elles sont révélées dans la Bible. Nous devons leur enseigner ce qu’ils doivent croire à propos de Dieu et ce que Dieu exige d’eux, et nous devons en particulier les instruire concernant la voie du salut de Dieu en Christ. C’est notre tâche en tant que parents prophétiques.
Les parents doivent enseigner la Parole de Dieu à la maison. La tâche des enseignants de la Parole de Dieu dans l’Église est d’«expliquer fidèlement à leur troupeau la Parole du Seigneur […] et appliquer la même chose en général qu’en particulier, en édifiant les auditeurs, en les instruisant, en les exhortant, en les consolant et en les reprenant, selon les besoins de chacun, en prêchant la repentance devant Dieu et la réconciliation avec lui par la foi en Christ ». À leur tour, les parents qui ont reçu cette Parole du Seigneur à l’église l’enseignent à la maison, dans le même but, selon les besoins et les capacités de leurs enfants.
Enseigner la Parole de Dieu à nos enfants est vital, mais la manière de le faire est tout aussi déterminante. Quand un prophète parlait au nom de Dieu à son peuple, il ne le faisait pas froidement et sans émotion. De même, que les parents se gardent d’enseigner à leurs enfants sans tendresse et sans attention! Récemment, quelqu’un m’a appelé pour me demander d’intervenir en tant qu’orateur pour un événement; il a laissé un message sur mon répondeur. L’homme parlait comme un zombie. Sa voix était si dépourvue de chaleur humaine ou de tout autre sentiment que je n’étais aucunement motivé à accepter sa proposition. Je l’ai rappelé et j’ai accepté d’apporter un enseignement, mais certainement pas en raison de son message robotique.
La racine du mot « prophète » est nābî’, qui signifie « bouillir », non pas de colère, mais parce que le message de Dieu remplit le prophète d’une passion et d’une excitation si intenses qu’il ne peut s’empêcher de parler. Le prophète Jérémie nous en donne un aperçu quand il dit : « Il y a dans mon cœur comme un feu dévorant qui est renfermé dans mes os » (Jé 20.9). Le prophète essayait de garder la Parole de Dieu à l’intérieur, mais elle n’y restait pas. Il ne pouvait la contenir.
Amos est un autre exemple de prophète passionné. Amos était un simple fermier. Il n’avait pas les dons des autres prophètes tels qu’Ésaïe et Jérémie. Pourtant, Dieu l’a appelé à être un prophète et il ne pouvait refuser. Il a dit : « Le lion rugit […] Le Seigneur, l’Éternel, parle : qui ne prophétiserait ? » (Am 3.8.) De même, dans le Nouveau Testament, Paul a dit : « Malheur à moi, si je ne prêche pas l’Évangile ! » (1 Co 9.16b.)
Proclamer la Parole du Seigneur n’est pas une tâche austère et sans émotion; c’est un appel passionné et irrésistible, illuminé par le feu de la foi et de l’amour. Les parents devraient enseigner la Bible de cette façon à leurs enfants. Malheur à moi si je ne parle pas du Seigneur à mes enfants! Malheur à moi si je ne les engage pas dans les voies de la piété! Je dois leur apporter la Parole de Dieu. Je ne dois pas bouillir de colère ou perdre mon sang-froid, mais plutôt bouillonner de passion pour la vérité de Dieu. Je dois montrer à mes enfants l’importance d’une conviction profondément ancrée et profondément ressentie dans les vérités de la Parole de Dieu.
À plusieurs reprises, mon père a pleuré en nous parlant des vérités de Dieu. C’était un enseignement passionné. Nous, les enfants, avions au plus profond de nous la conviction que papa disait la vérité. Il nous apportait la Parole de Dieu. C’était important pour lui et son intensité en témoignait.
De même, enseigner ses enfants doit venir du cœur. Cela doit être évident pour eux. Montrons-leur que l’esprit et le cœur ne font qu’un lorsque nous enseignons la vérité de Dieu. Comme le dit 1 Pierre 4.11 : « Si quelqu’un parle, que ce soit comme annonçant les oracles [les paroles mêmes] de Dieu. » La conduite du messager doit correspondre au contenu du message. Nos enfants doivent comprendre que nous aimons leur âme plus que toute autre chose sur terre. Pour leur montrer cela, enseignons-leur la vérité de Dieu non pas comme des faits monotones et complexes, mais comme la Parole vivante de Dieu, « efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants » (Hé 4.12).
Notre rôle en tant que prêtres
L’œuvre de notre Médiateur, Jésus-Christ, tournait autour de son rôle de grand souverain sacrificateur (Hé 4.14). Christ s’est offert en sacrifice une fois pour toutes pour les péchés de son peuple (Hé 10.12-14), assurant ainsi la rédemption de tous ceux qui lui ont été donnés par le Père pour être « son peuple, et les brebis de son pâturage » (Ps 100.3 ; Jn 6.37 ; 10.11,14). Ressuscité d’entre les morts, Christ est monté au ciel, où il « vit toujours pour intercéder en faveur de ceux qui viennent à Dieu par lui » (Hé 7.25) ; il a aussi déversé l’Esprit Saint sur son corps, l’Église et tous ses membres, « afin que nous puissions avoir une véritable communion avec lui, et partager toutes ses bénédictions, la vie éternelle, la justice et la gloire24 ». À la droite de Dieu, Christ s’assure que notre rédemption nous soit complètement appliquée, malgré nos péchés, les tentations et les accusations de Satan (Ro 8.34 ; Hé 7.24-26 ; 1 Jn 2.1,2). Il garantit que le trône de Dieu est un trône de grâce pour nous, car le cœur de Christ est plein de compassion à notre égard dans toutes nos faiblesses (Hé 4.14-16).
L’une des merveilles de la nouvelle alliance est que tout croyant est un prêtre en Christ (1 Pi 2.4-6,9 ; Ap 1.5,6 ; 5.9,10 ; 20.6). Nous ne sommes pas des médiateurs et nous ne pouvons offrir de sacrifices pour expier les péchés, mais nous avons accès à Dieu, et même « la liberté de nous approcher de Dieu avec confiance » en Christ et par son intermédiaire (Ép 2.18 ; 3.12 ; Hé 10.19-22). Nous devons recourir à cet accès pour prier les uns pour les autres (Ja 5.16) ; pour tous nos frères et sœurs dans la foi (Ép 1.1 ; 6.18) ; pour tous ceux qui prêchent la Parole de Dieu (Ép 6.19) ; « pour tous les hommes ; pour les rois et pour toute personne en position d’autorité » (1 Ti 2.1,2) ; et même pour « ceux qui nous maltraitent et nous persécutent » (Mt 5.44). Nous sommes appelés à donner notre vie par amour les uns pour les autres en offrant des sacrifices spirituels à Dieu, en rendant grâce à son nom, en faisant le bien et dans un partage mutuel (Ép 5.2,25 ; Hé 13.15,16).
Nous sommes appelés à œuvrer en tant que prêtres, pour présenter à Dieu ceux qui sont sous notre autorité comme des sacrifices sanctifiés par l’Esprit à travers l’Évangile (Ro 15.16). En particulier, nous sommes des prêtres dans le foyer pour nos enfants en tant que serviteurs et représentants de Christ, le grand souverain sacrificateur, qui les bénit par notre intermédiaire.
Notre rôle en tant que rois
Jésus-Christ règne aujourd’hui comme notre Roi éternel (Ps 45). L’alliance de Dieu avec le roi David (2 S 23.5) s’est accomplie pleinement (Lu 1.31-33,68-71) lorsque Christ, le fils de David (Mt 1.1), a été exalté, intronisé et habilité à régner sur toute la création, sur toutes les nations et sur l’Église (Ép 1.15-23).
La domination de Christ sur son Église est bienveillante et miséricordieuse (Ps 145.8,9,14,16,18,19). Il est le Prince de la paix et son royaume est un royaume de paix (És 9.5,6). Il ne brisera point le roseau cassé et il n’éteindra point la mèche qui brûle encore (És 42.3). Il prendra les agneaux dans ses bras et les portera dans son sein (És 40.11). Il n’est pas venu pour être servi (comme s’il avait besoin de quoi que ce soit), mais pour nous servir, nous qui avons désespérément besoin de sa puissance (Mc 10.45).
Nous avons besoin que Christ règne sur nous en tant que Roi. D’une part, nous devons être gouvernés par lui et vivre en nous soumettant à sa Parole et à son Saint-Esprit. D’autre part, nous devons être défendus par lui contre toutes les attaques, et gardés et maintenus dans la rédemption qu’il nous a acquise (Catéchisme de Heidelberg, Q. 31). Sans lui, nos vies seraient ruinées, l’Église serait détruite par ses ennemis, et tous les chrétiens échoueraient certainement et seraient perdus à jamais.
Étonnamment, la Bible enseigne que tous les croyants ont le privilège de prendre part au règne de Christ (Ap 1.5,6 ; 5.9,10). En effet, nous sommes déjà élevés et assis avec lui dans les lieux célestes (Ép 2.6), car nous sommes unis à lui par la foi en tant que membres de son corps (Ép 4.15,16), qui partagent son onction (Ps 92.10 ; 1 Jn 2.27 ; Catéchisme de Heidelberg, Q. 32).
Les chrétiens ont donc le privilège et la responsabilité d’utiliser toute l’autorité que Dieu leur donne dans ce monde pour représenter le Roi Jésus-Christ, et promouvoir la croissance et le bien-être de son royaume.
Cette vérité du royaume a une incidence directe sur la façon dont les parents chrétiens élèvent leurs enfants. Nous devons remplir nos rôles de parents avec un sens aigu de l’autorité que Dieu nous a donné pour accomplir cela, et nous devons insister pour que nos enfants honorent cette autorité. Dieu nous a désignés pour cette tâche et nous a délégué l’autorité d’agir en son nom. Nous devons donc dire à nos fils et nos filles : « Les enfants, Dieu m’a assigné cette tâche de vous élever. Je dois suivre ses ordres. Je dois vous instruire selon sa Parole et vous discipliner en accord avec sa loi, par respect pour lui et par amour pour vous.» Dès leur plus jeune âge, nos enfants doivent comprendre que nous avons été désignés par Dieu pour « les corriger et les instruire selon le Seigneur » (Ép 6.4).
Nous avons pour modèle notre père Abraham, lequel a trouvé grâce aux yeux de Dieu, parce que Dieu pouvait dire de lui : « Je l’ai choisi, afin qu’il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, en pratiquant la droiture et la justice, et qu’ainsi l’Éternel accom- plisse en faveur d’Abraham les promesses qu’il lui a faites » (Ge 18.19). Abraham a accepté son mandat de parent et de chef de famille ; il a embrassé l’autorité parentale que Dieu lui a donnée pour exécuter ce mandat. Il n’avait pas peur d’exercer cette autorité. Sa fidélité était un plaisir pour Dieu, même si, comme en témoignent les annales, Abraham n’a pas toujours été à la hauteur de la tâche. Dans sa miséricorde, Dieu a pardonné et rattrapé de nombreux défauts d’Abraham. Dieu était heureux de bénir Abraham en lui apportant tout ce qu’il lui avait promis, à lui ainsi qu’à sa postérité, par le lien de l’alliance de grâce.
Cette triple fonction de prophète, de prêtre et de roi résume parfaitement les rôles clés que nous, en tant que parents, devons remplir dans l’éducation de nos enfants. Dans les chapitres suivants, nous verrons comment remplir ces rôles dans les tâches saintes de l’enseignement, la formation, l’intercession, la discipline et la correction de nos enfants.
Cet article est tiré du livre : La parentalité selon les promesses de Dieu de Joel R. Beeke