Le Saint-Esprit, celui qui sanctifie

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le Saint‑Esprit est appelé ainsi ? Certes, il est saint, mais Dieu le Père est également connu pour sa sainteté sans faille, et cet attribut appartient également à Dieu le Fils. Il n’y a aucune raison qui permette de dire que le Saint‑Esprit aurait un degré de pureté supérieur à celui des deux autres membres de la Trinité. Ce n’est donc pas sa sainteté surabondante qui nous amène à l’appeler le Saint‑Esprit. De même, il est bel et bien un esprit, mais Dieu le Père l’est aussi et Dieu le Fils est un esprit dans son être, en tant que logos, la deuxième personne de la Trinité. Ce n’est donc pas parce qu’il est un esprit que nous désignons cette troisième personne en Dieu comme le Saint‑Esprit.

Il y a plusieurs raisons qui justifient qu’il soit connu sous le nom de Saint‑Esprit. Tout d’abord, le terme « saint » est rattaché à son titre en raison de la tâche particulière que l’Esprit accomplit dans notre rédemption. Parmi les personnes de la Trinité, l’Esprit est l’acteur principal dans le domaine de notre sanctification, mettant en œuvre le processus par lequel nous sommes rendus conformes à l’image de Christ et rendus saints.

Il arrive fréquemment que des chrétiens me demandent : « Quelle est la volonté de Dieu pour ma vie ? » Ils se posent toutes sortes de questions sur le choix de la personne qu’ils devraient épouser, la carrière qu’ils devraient embrasser et une myriade d’autres décisions. Mais la Bible est très claire quant à la volonté principale de Dieu pour notre vie. L’apôtre Paul a écrit : « Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification » (1 Th 4.3a). À d’autres moments, j’entends des chrétiens parler d’être poussés par l’Esprit Saint à faire telle ou telle chose. Oui, le Saint‑Esprit conduit parfois les gens vers des objectifs ou des tâches spécifiques, mais sa mission première, telle qu’elle est définie dans les Écritures, est de nous conduire à la sainteté. C’est sa puissance, agissant en nous, qui nous aide à grandir dans la sainteté. Nous devons nous assurer de consulter les Écritures et d’y être très attentifs pour connaître la volonté de Dieu ainsi que la direction de l’Esprit Saint, et ne pas nous contenter d’écouter les enseignements populaires de la sous-culture chrétienne dans laquelle nous vivons. Ainsi, l’une des principales raisons pour lesquelles le Saint‑Esprit est appelé ainsi tient au fait qu’il a pour tâche spécifique de rendre possible la sanctification des disciples de Christ.

Par ailleurs, la troisième personne de la Trinité est appelée le Saint‑Esprit parce qu’il existe plusieurs types d’esprit. Les Écritures font une distinction entre l’esprit de l’homme et l’Esprit de Dieu. Mais ce qui est plus important encore pour notre étude, c’est que la Bible parle d’esprits mauvais qui ne sont pas de Dieu, d’entités démoniaques qui veulent entraver le progrès du chrétien dans sa marche vers la sanctification. La différence essentielle entre ces mauvais esprits et le Saint‑Esprit se situe précisément au niveau de la sainteté. Les esprits mauvais sont impies, alors que le Saint‑Esprit est entièrement saint. C’est à cause de cette distinction que l’apôtre Jean nous a ainsi avertis : « N’ajoutez pas foi à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu » (1 Jn 4.1a).

Justifier notre péché

J’insiste sur ces points pour la raison suivante : dans le monde chrétien, plusieurs d’entre nous sont passés maîtres dans l’art de justifier leur péché, et l’une des façons les plus courantes de le faire est de dire que nous avons été conduits à faire ceci ou cela par le Saint‑Esprit. Ce n’est pas un phénomène que je rencontre seulement une fois tous les dix ans ; il m’arrive au moins une fois par semaine de discuter avec quelqu’un qui se dit chrétien et qui m’affirme qu’il ou elle va divorcer sans que ses raisons soient bibliques, qu’il ou elle s’apprête à s’engager dans un mariage qui contrevient aux enseignements des Écritures, ou encore qu’il ou elle dirige une entreprise sans se conformer aux principes qui se trouvent dans la Bible. Quel que soit le sujet, ils ne manquent pas de me dire qu’ils se sentent libres de le faire et ils ajoutent : « J’ai prié à ce sujet et Dieu m’a donné la paix » ou bien « le Saint‑Esprit m’a conduit à agir de la sorte ».

Lorsque j’entends ce genre de justifications pour un comportement non biblique, je me rends compte que les gens croient sans doute réellement ce qu’ils me disent, mais qu’ils ne parlent pas selon la vérité. Ils sont dans l’erreur – une erreur très grave. Je sais cela pour deux raisons, et celles-ci sont fondées sur deux affirmations cruciales quant au caractère de l’Esprit de Dieu. La première, c’est qu’il est le Saint‑Esprit. La seconde, c’est que Jésus l’a appelé à plusieurs reprises « l’Esprit de vérité » (Jn 14.17 ; 15.26 ; 16.13). Il ne nous incite jamais à faire quelque chose d’impie ou à accepter un mensonge.

Nous nous référons à la Bible comme étant la Parole de Dieu, et c’est bien le cas. L’une des raisons pour lesquelles l’Église a confessé sa foi dans le fait que les Écritures sont la Parole de Dieu est l’affirmation biblique selon laquelle les textes des saintes Écritures ont été inspirés à l’origine par Dieu le Saint‑Esprit. Naturellement, la Bible enseigne qu’il n’a pas seulement inspiré la rédaction des livres bibliques, mais qu’il travaille à éclairer les Écritures et à nous les faire comprendre. Paul a écrit à ce propos : « Dieu n’est pas un Dieu de désordre » (1 Co 14.33a), et cela vaut également pour le Saint‑Esprit. Cela signifie qu’il ne nous prescrit jamais de faire quelque chose qu’il interdit expressément dans les saintes Écritures.

Ainsi, lorsque la Bible dit que nous devons éprouver les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, comment devons-nous procéder ? Quel genre de test pouvons-nous utiliser ? Il est évident qu’il doit être biblique, car nous savons que l’enseignement de l’Esprit de vérité se trouve dans les Écritures. Par conséquent, si j’ai en moi un penchant, un pressentiment ou un désir, et que je veux associer cette direction interne au Saint‑Esprit, mais que je vois aussi que cette aspiration dans mon cœur est clairement opposée à ce qui est enseigné dans les Écritures, j’ai la preuve formelle que je suis en train de confondre la luxure, la convoitise ou tout autre sentiment interne avec la direction du Saint‑Esprit. Voilà bien une chose terrible à commettre.

Nous n’entendons presque jamais parler de cela dans la communauté chrétienne de nos jours parce que les chrétiens se donnent facilement une apparence spirituelle en disant que Dieu leur a mis à cœur ceci ou cela ou qu’il les a conduits à faire telle ou telle chose. Chaque fois que j’entends ce genre d’affirmation, j’ai envie de demander à la personne concernée : « Comment sais-tu que c’est Dieu qui a incliné ton cœur vers cela ? Comment peux-tu être certain que ce n’est pas une manifestation de ta propre ambition ou de ta propre avarice ? » Je veux que la personne me montre le fondement biblique de son affirmation. Comme je l’ai dit plus haut, je ne doute pas que le Saint‑Esprit puisse placer un fardeau dans le cœur d’un croyant et le conduire de manière surnaturelle, mais il le fait toujours dans le cadre et par le biais des Écritures. Il ne va jamais à l’encontre de sa propre révélation dans la Bible. Ainsi, le meilleur moyen d’éprouver les esprits est de les juger d’après la vérité de l’Esprit Saint lui-même.

L’hostilité envers la doctrine

Une part importante de notre croissance dans la sanctification est constituée de la progression de notre compréhension des choses de Dieu. Je me sens malheureusement très préoccupé par un mouvement qui semble se répandre dans le monde chrétien. Je trouve en effet que l’étude de la doctrine ou de la théologie fait l’objet d’une indifférence généralisée, voire d’une hostilité. J’ai même entendu dire qu’il y aurait deux sortes de personnes dans l’Église : celles qui croient que la théologie est importante et celles qui ne le pensent pas. Mais j’entends aussi ce commentaire corollaire : il est dit que les personnes qui s’intéressent à la théologie ne sont pas aimantes, et que cela est réellement un problème parce que Dieu tient davantage à ce que nous nous aimions les uns les autres qu’à ce que nous ayons des connaissances théologiques.

J’ai été profondément bouleversé lorsque ces choses sont venues à mes oreilles. J’avais certes déjà entendu des gens exprimer de l’antipathie à l’égard de la doctrine, et j’admets que l’étude de celle-ci peut conduire à une orthodoxie sans vie qui n’a aucune piété. Je crois que nous savons également tous qu’il est possible d’étudier la doctrine comme un exercice intellectuel, en n’ayant pas une once d’amour pour Dieu ou pour autrui. Mais c’est une autre affaire que de généraliser ce problème et de conclure que si nous poursuivons l’étude de la théologie chrétienne, nous ne pourrons absolument pas faire preuve d’amour, et que le meilleur moyen d’y parvenir est donc d’éviter de considérer la théologie. Pensez aux implications d’une telle conclusion. Cela signifierait que la meilleure façon de manifester de l’amour est d’éviter autant que possible de comprendre les choses de Dieu. L’étude théologique est simplement l’étude du caractère de Dieu, dont la vertu suprême est l’amour. Une saine théologie enseigne l’importance centrale de l’amour et nous incite à aimer le Dieu des Écritures ainsi que les autres personnes.

Cette antipathie à l’égard de la doctrine s’exprime généralement dans le contexte d’une controverse théologique. Les gens peuvent devenir méchants d’un côté comme de l’autre. Certains évitent donc tout différend. Il peut leur arriver de dire : « Je n’ai aucun intérêt pour cette controverse et pour la doctrine en général ; je pense simplement que nous devons davantage faire preuve d’amour les uns envers les autres. » Mais est-ce que l’on démontre de l’amour si on laisse perdurer de graves erreurs théologiques sans qu’elles soient contestées ? Paul manquait-il d’amour lorsqu’il débattait quotidiennement des questions relatives à Dieu sur la place publique (Ac 17.17) ? Jésus a-t-il manqué d’amour lorsqu’il a contredit l’enseignement des pharisiens ? Les prophètes de l’Israël d’autrefois manquaient-ils d’amour lorsqu’ils réprimandaient et avertissaient les faux prophètes ? Élie a-t-il fait preuve d’un manque d’amour lorsqu’il s’est disputé avec les prophètes de Baal (1 R 18) ? Il m’est impossible d’imaginer qu’un membre de la foule sur le mont Carmel ait pu dire ce jour-là : « Vous pouvez suivre Élie si vous le voulez, mais je ne le ferai pas. Il a peut-être la vérité, mais il ne démontre pas d’amour. Regardez ce qu’il a fait à ces prophètes de Baal. Quel manque d’amour ! » Lutter pour la vérité de Dieu est un acte d’amour, et non le signe que l’on n’en a pas. Si nous aimons Dieu, si nous aimons Christ, si nous aimons l’Église, nous devons aimer la vérité qui définit l’essence même du christianisme.

J’ai entendu un jour un autre commentaire troublant : « Le christianisme est une affaire de relations et non d’assertions. » Celui qui parlait ainsi a poursuivi en disant que le christianisme se préoccupe également de la vérité, mais je n’arrivais pas à voir la cohérence entre ces deux affirmations. Si la foi chrétienne n’est pas une question d’assertions, de quel type de vérité s’agit-il ? Je crois que l’influence de l’existentialisme dans la culture en général et dans l’Église en particulier a produit une chose inconnue des générations précédentes : la théologie relationnelle. Autrement dit, cette dernière est un système théologique dont le contenu et la signification sont déterminés par les relations. Elle n’est qu’à un doigt du relativisme pur et dur. C’est le genre de théologie qui déclare que si vous croyez que Dieu est un et que je crois que Dieu est trois en un, ce qui compte vraiment, c’est la relation qui existe entre nous. La vérité est déterminée par les relations, et non par les assertions. Par exemple, si je dis que la mort de Jésus sur la croix est notre expiation et que quelqu’un d’autre dit que ce n’est pas le cas, nous n’en discutons pas, de peur de rompre notre relation. Celle-ci doit être préservée même si l’on y perd la vérité.

Le but de connaître de Dieu

Emil Brunner, théologien suisse du xxe siècle et l’un des pères de la théologie néo-orthodoxe, a écrit un petit livre intitulé Truth as Encounter (La vérité en tant que rencontre). Sa thèse repose sur le fait que lorsque nous étudions des questions relatives à Dieu, nous n’explorons pas la vérité dans l’abstrait. Nous ne cherchons pas à la comprendre simplement pour obtenir un excellent résultat à un examen de théologie, mais pour saisir la doctrine divine, afin de rencontrer le Dieu vivant dans sa Parole et d’approfondir notre relation personnelle avec lui. Nous ne pouvons améliorer une relation avec quelqu’un si nous ne savons rien de lui. Les assertions des Écritures ne sont donc pas une fin en soi, mais un moyen pour atteindre une fin. Elles constituent toutefois un moyen nécessaire à la réalisation de cette fin. Ainsi, dire que le christianisme n’est pas une affaire d’assertions, mais de relations, c’est établir une fausse dichotomie extrêmement dangereuse. C’est insulter l’Esprit de vérité, duquel viennent ces assertions. Celles-ci devraient être notre nourriture, car elles définissent la vie chrétienne.

J’ai lu récemment quelques lettres adressées au rédacteur en chef d’un magazine chrétien. L’une d’entre elles dénonçait les érudits chrétiens titulaires de diplômes de haut niveau. L’auteur de la lettre accusait ces hommes d’aimer creuser les études linguistiques des enseignements de Christ dans les langues anciennes afin de démontrer qu’il n’a pas vraiment dit ce qu’il semble dire dans nos Bibles occidentales. Il s’agit manifestement d’une attitude négative à l’égard de toute étude sérieuse de la Parole de Dieu. Il est vrai qu’il existe de tels érudits, qui étudient un mot dans six langues différentes et qui finissent toujours par échouer à en saisir le sens réel, mais cela ne signifie pas que nous ne devons pas nous engager dans une étude approfondie de la Parole de Dieu, de peur de finir comme ces érudits impies. Un autre correspondant exprimait l’opinion que les personnes qui s’engagent dans l’étude de la doctrine ne se préoccupent pas de la douleur que les gens éprouvent dans ce monde. D’après mon expérience, il est pratiquement impossible de ne pas se poser des questions sur la vérité lorsque l’on se trouve devant le malheur. Nous voulons tous connaître la vérité sur la souffrance et, plus précisément, savoir où Dieu se trouve quand nous en subissons. Il s’agit là d’une question théologique. La réponse nous vient des Écritures, qui révèlent la pensée de Dieu lui-même par l’intermédiaire du Saint‑Esprit, appelé l’Esprit de vérité. Nous ne pouvons aucunement aimer Dieu si nous n’aimons pas sa vérité.

Cela m’attriste vraiment de constater que, dans la culture occidentale avancée d’aujourd’hui, les gens connaissent mieux les douze signes du zodiaque que les douze tribus d’Israël ou les douze apôtres. Notre monde aime se considérer comme étant sophistiqué et évolué sur le plan technologique, mais il demeure rempli de superstitions. Les chrétiens n’y échappent pas. Nous pouvons nous aussi succomber au désir qu’a cette nouvelle génération de pouvoir manipuler son environnement. Nous ne sommes pas obligés d’aller jusqu’à accepter l’idée stupide selon laquelle le parcours des étoiles déterminerait notre destin, notre prospérité, nos réalisations et nos succès. Cependant, il est tout aussi superstitieux d’assimiler nos sentiments et nos penchants à la direction du Saint‑Esprit. Il peut sembler tellement plus excitant de vivre cette ouverture totale plutôt que de pratiquer la discipline laborieuse de la maîtrise de sa Parole. C’est un terrain extrêmement dangereux. Si nous voulons faire la volonté du Père, nous devons étudier les Écritures qu’il nous a fournies et laisser la magie aux astrologues.


Cet article est extrait du livre : «Qui est le Saint-Esprit ?» de R.C. Sproul