Le Saint-Esprit et l’Église (R.C. Sproul)

Le symbole des Apôtres est une déclaration résolument trinitaire ; autrement dit, il présente clairement un Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Certains pensent que le concept de la Trinité n’a pas été pleinement développé avant le IVe siècle ; pourtant, la croyance en Dieu comme Trinité est formellement attestée dès le début de la chrétienté. Après avoir affirmé la croyance en Dieu le Père et en Jésus-Christ, le symbole des Apôtres vient compléter sa confession trinitaire par une brève déclaration : « Je crois en l’Esprit Saint ».

L’une des choses les plus importantes à comprendre est que le Saint-Esprit, ou l’Esprit Saint, est une personne, et non une force ou une puissance impersonnelle. Il a une personnalité, ce qui signifie que l’on peut développer une relation avec lui, tout comme on peut développer une relation avec toute personne.

En tant que membre de la divinité, l’Esprit a participé à la Création. Toutefois, sa fonction la mieux connue est sans doute celle de l’inspiration. L’Esprit est connu dans la Bible comme étant l’Esprit de vérité. C’est l’Esprit qui a revêtu les prophètes d’autrefois, leur permettant ainsi d’exprimer la vérité de Dieu. C’est aussi par l’Esprit Saint que les Écritures ont été inspirées ; elles ont été rédigées par des hommes sous sa supervision.

La vie chrétienne commence par l’action du Saint-Esprit. L’Esprit change le cœur, poussant des âmes mortes à s’éveiller aux choses de Dieu. C’est ce que l’on appelle la « régénération ». La vie chrétienne commence par la puissance de l’Esprit ; la croissance dans la vie chrétienne s’effectue également par elle. Ce processus de croissance dans la grâce pour atteindre une maturité spirituelle s’appelle la « sanctification. » Par la sanctification, les chrétiens parviennent à manifester ce que le Nouveau Testament appelle « le fruit de l’Esprit », lequel englobe l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur et la maîtrise de soi (Ga 5.22).

Il existe cependant une dimension de l’œuvre de l’Esprit qui mérite un examen plus approfondi. Dans le Nouveau Testament, lorsque Jésus parle de la venue de l’Esprit à ses disciples (Jn 14 – 17), il appelle l’Esprit « le Consolateur ». Cela dit, quand on présente le Consolateur dans le Nouveau Testament, il n’est pas seulement appelé le Consolateur, mais aussi un autre Consolateur. Parfois, le mot grec équivalent est traduit par « Défenseur ». Alors, quand Jésus dit « Je vous enverrai un autre Consolateur », qui donc peut bien être le premier ? La réponse n’est autre que Jésus lui-même, puisqu’il annonce que, pendant son absence, il enverra un autre consolateur, l’Esprit Saint, à travers lequel il sera toujours présent dans la vie de chaque croyant.

Le mot « Consolateur » évoque une personne qui prend place à nos côtés et qui démontre une tendre empathie à l’égard de notre douleur et de notre tristesse. En effet, l’une des fonctions du Saint-Esprit est de nous consoler en temps de deuil, de crise et de tragédie. Mais, ce n’est pas exactement ce que Jésus veut dire quand il emploie ce titre. Le mot grec qu’il utilise est le titre que l’on donnait à cette époque à un avocat de la défense qui était disponible en période de troubles. Jésus a envoyé l’Esprit pour être celui qui se tient aux côtés des chrétiens au milieu de la bataille, de la lutte et de la crise. Ce genre de défenseur est quelqu’un qui vient fortifier, affermir. Jésus a promis de donner le Saint-Esprit aux chrétiens en guise d’allié pour se tenir à leurs côtés et les encourager.

Si l’Esprit est présent dans leurs vies, il les guide toujours vers une communauté. Le Nouveau Testament appelle les croyants des « saints ». Ce mot suggère que les croyants sont mis à part pour une mission spécifique. Ils ne sont pas appelés « saints » en raison de leur pureté et de leur vertu ; ils ne sont pas appelés « saints » dans un sens absolu, comme Dieu l’est, mais parce que le Saint-Esprit demeure en eux, parce qu’il les a mis à part en les consacrant et en les réunissant en un seul corps. « Saints », dans ce sens, ne désigne pas des individus supérieurs aux autres en sainteté ou qui opèrent des miracles. Selon le Nouveau Testament, tous les chrétiens sont des saints parce qu’ils ont tous l’Esprit Saint en eux qui les sanctifie.

Par contre, la rédemption est individuelle. Bien que l’on puisse faire partie de toutes sortes de groupes, lorsque l’on se tient devant Dieu, on est seul ; c’est la foi de chacun qui prédomine, et il incombe à chacun de croire en Jésus-Christ et de lui faire confiance. Pourtant, même si la rédemption se vit sur une base très individuelle, le christianisme n’enseigne pas l’individualisme. Au contraire, les croyants sont appelés à participer à la vie d’une communauté de foi que l’on appelle « Église ». Le symbole des Apôtres l’appelle la « sainte Église catholique ». Ici, le mot « Église » ne désigne pas une confession particulière ou une assemblée locale, mais l’ensemble des chrétiens, et ce, qu’importe où ils se trouvent.

S’il existe aujourd’hui une institution qui ne semble pas toujours sainte, c’est bien l’Église ! Bien qu’elle soit une institution corrompue, elle est la plus importante dans le monde et la seule qui a la garantie de Christ. Les forces de l’enfer le savent bien, et c’est pourquoi l’Église de Jésus-Christ est la cible suprême d’attaques spirituelles. Même si les membres de l’Église ne semblent pas toujours être des saints, l’Église est organisée pour les pécheurs et pour leur bien.

Malgré le manque de sainteté de ses membres, l’Église est sainte à cause de sa tête, Jésus-Christ. C’est lui qui a dit : « Je bâtirai mon église » (Mt 16.18). Ainsi, l’Église existe parce qu’elle est appelée, instituée et ordonnée par Christ, parce qu’elle est équipée et habitée par l’Esprit Saint, et parce que les croyants peuvent bénéficier de la sainteté de l’Église. Toute la sainteté que les croyants reçoivent, ils la reçoivent en vertu des mêmes pouvoirs qui étaient à l’origine de la constitution de l’Église, à savoir Jésus-Christ et le Saint-Esprit. Christ a enjoint tous les chrétiens à prendre part à son Église, et il les a appelés à ne pas délaisser le rassemblement des saints. Aucun homme n’est une île isolée quand nous parlons de la foi chrétienne ; tous ont le devoir, mais aussi le privilège, de prendre part à l’Église.

Le symbole des Apôtres déclare croire en la « sainte Église catholique ». Il ne s’agit pas de l’Église catholique romaine. « Catholique » veut dire tout simplement « universelle », ce qui signifie que l’Église existe partout où se trouve le peuple de Dieu. Les protestants conservent cette confession dans le symbole des Apôtres parce que, bien qu’ils ne reconnaissent pas l’Église catholique romaine comme étant la leur, ils croient, en revanche, que l’Église de Christ est plus grande, plus large, plus profonde et plus étendue que les dénominations et les assemblées locales dont ils sont membres.

« La communion des saints » est une autre façon de décrire l’Église catholique universelle. Le mot « communion » ne fait pas référence ici au sacrement de la sainte cène ou à celui de l’Eucharistie. Dans le symbole des Apôtres, « la communion des saints » signifie qu’il y a une communion, une fraternité qui rassemble tous les chrétiens du monde par le lien du Saint-Esprit. Cette communion transcende les frontières confessionnelles, géographiques et ethniques ainsi que les limites temporelles.

Cela signifie que les croyants sont aujourd’hui, en quelque sorte, en communion avec ceux qui ont cru des années, voire des siècles avant eux. En effet, les croyants sont en communion avec tout chrétien ayant vécu, car chaque chrétien est uni à Christ par la foi, et cette unité ne peut être détruite ni par le temps ni par la mort. En vertu de cette union, chaque croyant est, d’une façon mystérieuse, lié à toute personne qui est unie à Christ.


Cet article est tiré du livre La Course de la Foi par R.C. Sproul