Le type d’évangélisation influence la réponse (Ernest Reisinger)

Il existe plusieurs différences entre les deux conceptions de l’évangélisation : celle selon Dieu et celle selon les humains. La différence abordée dans cet article concerne ce qu’implique la réponse du pécheur.

L’évangélisation selon Dieu

Dans l’évangélisation selon Dieu, celle-ci comprend les dimensions suivantes :

  1. Une soumission à la seigneurie de Christ, dictée par l’amour, dès le début et non comme résultat d’une deuxième œuvre de grâce ou d’une deuxième décision de consécration : « Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur ! et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6:46)
  2. Une obéissance volontaire : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements… Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole… Celui qui ne m’aime pas ne garde point mes paroles » (Jean 14:15, 23, 24). L’obéissance n’est pas une option ou une exigence présentée au pécheur ultérieurement.
  3. L’appartenance à Dieu : « Vous ne vous appartenez point à vous-mêmes… Car vous avez été rachetés à un grand prix » (1 Corinthiens 6 : 19,20). « Ils laissèrent tout, et le suivirent… Et, laissant tout, il se leva, et le suivit » (Luc 5 : 11,28).
  4. Un service volontaire : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » (Actes 9:6, l’attitude du nouveau converti). 1 Thessaloniciens 1:9 montre aussi cela : « On raconte, à notre sujet, quel accès nous avons eu auprès de vous, et comment vous vous êtes convertis à Dieu, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai. » Ces convertis firent trois choses : 1) ils se tournèrent vers Dieu (c’est la foi) ; 2) ils se détournèrent des idoles (c’est la repentance) ; 3) ils servirent le Dieu vivant et vrai.

L’évangélisation selon l’être humain

L’évangélisation selon l’être humain insiste généralement, quant à elle, sur les bénédictions et les bienfaits accordés à celui qui vient à Christ. Elle lui présente la vie de disciple comme un ajout ultérieur. Les invitations ressemblent souvent à des entonnoirs : très évasés au début pour que beaucoup de pécheurs se présentent. Ensuite, l’évangéliste doit faire pression sur les pécheurs pour qu’ils passent par la partie plus étroite. Ce passage forcé révèle souvent l’absence de toute expérience chrétienne authentique initiale.

La porte est étroite

Dans le Nouveau Testament, les convertis sont appelés chrétiens parce qu’ils sont d’abord disciples : « Les disciples furent appelés chrétiens » (Actes 11:26). Le Seigneur présente d’emblée l’orifice étroit de l’entonnoir :

Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent (Matthieu 7 : 13,14)

La porte étroite se situe au début du chemin. Ce n’est pas une option ultérieure.

Le Seigneur est honnête dans son invitation initiale aux humains. Écoutons-le inviter les pécheurs à le suivre :

Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive (Luc 9:23)

En Luc 14:25-33, il s’adresse à « de grandes foules ». Il ne leur cache pas qu’il y a un prix à payer :

Si quelqu’un vient à moi, sans me préférer à son père, à sa mère, à sa femme, à ses enfants, à ses frères, et à ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple (v.26,27)

Il se sert ensuite de deux illustrations pour souligner ce coût. Dans la première (v.28-30), il parle d’un homme qui a entrepris de bâtir une tour, mais qui n’a pas pu l’achever. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas d’abord calculé la dépense.

Une invitation honnête

Dans la seconde image (v.31,32), il prend le cas d’un roi qui part en guerre sans avoir au préalable estimé les forces ennemies. Jésus en tire une application (v.33) :

Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple.

Dès qu’il lance une invitation à le suivre, le Seigneur fait preuve d’honnêteté quant au coût de cette décision.

L’honnêteté de Jésus quand il invite à le suivre se voit aussi quand un homme lui dit un jour : « Seigneur, je te suivrai partout où tu iras » (Luc 9:57). Qu’auraient fait la plupart des prédicateurs ou évangélistes en pareil cas ? Ils l’auraient immédiatement inclus dans leurs statistiques et lui auraient dit : « Mon ami, je vous attendais ; venez. » Et ils lui auraient confié une classe d’école du dimanche moins de deux semaines plus tard. Jésus, lui, est honnête ; notez bien sa réponse :

Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un lieu où il puisse reposer sa tête (v.58)

Ce n’est vraiment pas la meilleure façon de gonfler des statistiques, mais c’est une démarche honnête.

La vie chrétienne n’est pas une promenade d’agrément. Il est difficile d’être un vrai chrétien, et cela coûte. Quand Jésus recommande aux hommes de calculer le prix, il ne parle évidemment pas du prix de la rédemption (qui est infini). Nous ne sommes pas rachetés par des « choses périssables, par de l’argent ou de l’or… mais par le sang précieux de Christ » (1 Pierre 1 : 18,19). Cela coûte d’être chrétien, pas de le devenir.

En conclusion

L’évangélisation faite par l’homme tend à mettre en relief les joies, les bénédictions et l’espoir du ciel, mais elle masque souvent le prix qu’il en coûte de suivre Christ. Cela montre combien il est dangereux de répandre des demi-vérités en les présentant comme des vérités entières. On aboutit aux pires perversions.

Songez à la souffrance que l’Église aurait pu s’épargner si les humains avaient été aussi honnêtes que le Seigneur dès le début de leur évangélisation. La quantité serait certainement inférieure, mais la qualité probablement meilleure et plus féconde.

Dans l’évangélisation inventée par l’être humain, de nombreuses réponses sont fausses parce que l’invitation ne contient pas d’emblée toute la vérité. Il y a un lien entre l’invitation lancée et la réponse attendue. Autrement dit, il y a un lien entre la semence jetée et la moisson récoltée.


Cet article est tiré du livre : Votre évangélisation est-elle biblique? de Ernest Reisinger