Le vrai leadership chrétien : servir comme un esclave du Christ

Cet article est tiré du livre : Actes 20 de Alexander Strauch

Paul appelle ses amis bien-aimés à se souvenir du modèle de vie qu’il a été. Mais comment a-t-il vécu parmi eux ? À quoi ressemblait sa vie ? Voici sa réponse : « depuis le premier jour où je suis entré en Asie […] [j’ai servi] le Seigneur en toute humilité, avec larmes, et au milieu des épreuves que me suscitaient les embûches des Juifs » (v. 18,19). Notez que Paul ne fait pas l’étalage de ses nombreux succès, de ses voyages à l’étranger, de sa grande intelligence, de son zèle indomptable, de ses visions célestes, de ses miracles extraordinaires ou de l’autorité divine qu’il représente. Au lieu de cela, la première chose qu’il mentionne, c’est son humble service pour le Seigneur Jésus-Christ. Ce fait est très intéressant. Ce qu’il dit ici donne le ton au reste de son discours.

Servir le Seigneur comme son esclave

Le verbe grec pour « servir » est celui que l’on utilisait pour dire « servir comme un esclave » (δουλευω [douleuō]). Dans certaines de ses lettres, Paul se désigne lui-même comme un « esclave » (δοῦλος [doulos]) du Seigneur Jésus[1]. Depuis sa rencontre transformatrice avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, Paul prêche que « Jésus est Seigneur » :

Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ; c’est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs [litt. esclaves] à cause de Jésus (2 Co 4.5).

Paul comprend qu’il a été racheté par le Seigneur Jésus-Christ, et qu’il est donc maintenant sa propriété. Il peut dire avec joie : « j’ai été saisi par Jésus-Christ » (Ph 3.12). Paul n’est pas son propre maître ; il est un esclave volontaire et joyeux du Seigneur Jésus. Tout ce que Paul a fait à Éphèse peut se résumer à « servir le Seigneur ». En effet, c’est ce qu’il fait tout au long de sa vie, et il n’est pas de meilleur maître que nous puissions servir que notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ !

Êtes-vous un esclave du Seigneur Jésus-Christ ?

Considérez-vous votre vie et votre ministère comme un service humble et servile pour votre Seigneur et votre Maître, Jésus-Christ ? Vous devriez ! L’Écriture dit : « vous ne vous appartenez point à vous-mêmes […] Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (1 Co 6.19,20). Pour le croyant, la vérité est la suivante :

En effet, nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même. Car si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur. Car Christ est mort et il est revenu à la vie, afin de dominer sur les morts et sur les vivants (Ro 14.7-9).

Les meilleurs anciens sont ceux qui se considèrent comme des esclaves du Seigneur Jésus-Christ, nommés par lui et chargés de prendre soin de son peuple racheté par son sang.

Servir le Seigneur en toute humilité

Paul sert le Seigneur « en toute humilité ». C’est la seule façon acceptable de servir le Seigneur, et la seule attitude qui convient à un esclave. L’humilité est une vertu chrétienne distinctive.

L’humilité est la clé pour comprendre le caractère et le style de leadership de Paul. Dans un monde saturé d’orgueil et d’ambitions égoïstes, Paul sert le Seigneur « en toute » humilité[2]. L’humilité imprègne ses actions, ses paroles, ses attitudes et son enseignement. On peut l’observer dans ses interactions avec ses collaborateurs et dans ses relations en tant que dirigeant auprès de ceux qui le suivent.

Apprendre de Jésus

Tout ce que Paul sait de l’humilité et du don de soi dans le service, il l’a appris du Serviteur parfait, celui qui « s’est humilié lui-même » et qui « s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur » (Ph 2.5‑8).

Paul a appris l’humilité par l’enseignement répété de Jésus sur la « grandeur » et le fait d’être « le premier » dans le royaume de Dieu. La nouvelle définition que Jésus a donnée de la grandeur et du statut de dirigeant a régi tout le style de ministère de Paul. Jésus a averti ses disciples à plusieurs reprises de ne pas se conformer aux idées et aux pratiques du monde en matière de statut, de pouvoir et d’autorité. Jésus a renversé la pyramide du leadership. Le dirigeant est le serviteur de tous, et non leur patron !

Une des leçons remarquables que Paul a apprises de son « Maître et Seigneur » est qu’un dirigeant semblable à Christ doit être prêt à s’abaisser humblement et à laver les pieds sales des autres, tout comme le ferait un esclave :

Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait (Jn 13.12‑15).

L’exemple inoubliable de Jésus s’abaissant pour laver les pieds des disciples nous enseigne que :

Le symbole d’un leadership authentiquement chrétien n’est pas la robe pourpre d’un empereur, mais le tablier rugueux d’un esclave ; ce n’est pas un trône d’ivoire et d’or, mais une bassine d’eau qui sert à laver les pieds[3].


[1] Ro 1.1 ; 1 Co 7.22 ; 2 Co 4.5 ; Ga 1.10 ; Ph 1.1 ; Tit 1.1.

[2] BDAG, s. v. « ταπεινοφροσύνη », p. 989, « humilité, modestie » ; voir Ép 4.2 ; Ph 2.3 ; Col 3.12 ; 1 Pi 5.5. Voir NIDNTTE, s. v. « ταπεινός », 4.448-454 ; Walter Grundmann, s. v. « ταπεινός » dans TDNT, 8.1-26.

[3] John R. W. Stott, The Cross of Christ [La croix de Jésus-Christ], trad. libre, Downers Grove, InterVarsity, 1986, p. 288.