L’Ecclésiaste, ce livre réaliste (Jeremih Dauchet)
« Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. » Ecclésiaste 1.2
L’Ecclésiaste, voici un livre que j’affectionne tout particulièrement. J’apprécie essentiellement la lucidité et le réalisme de l’auteur. Il est l’un des 3 livres bibliques de la Sagesse aux côtés de Job et des Proverbes. « L’Ecclésiaste », de l’hébreu Qohéleth signifie « l’homme de l’assemblée ; celui qui parle à l’assemblée ». Ici, le Qohéleth, le prédicateur, n’est pas un enseignant qui expose la loi mais un sage qui donne ses conseils. C’est un livre très poétique composé de 12 chapitres qui se lit très rapidement. Nous devons malgré tout prendre le temps de méditer chacun des textes, qui nous parlent encore au XXIème siècle.
Ces passages regroupent plusieurs thèmes qui s’associent les uns aux autres en gardant Dieu au centre de toutes choses.
• La vanité
Le mot hébreu de vanité est hebel qui signifie « souffle, vapeur ». Dans ce livre il y a plusieurs manières d’associer et d’interpréter ce mot.
▪︎Le sens premier est la mort pour tous, une vie éphémère et temporaire.
« Car le sort des fils de l’homme et celui de la bête sont pour eux un même sort ; comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre, ils ont tous un même souffle, et la supériorité de l’homme sur la bête est nulle ; car tout est vanité. » Ecclésiaste 3.19.
Ainsi nous pouvons aussi parler de l’incertitude qu’exprime l’Ecclésiaste. Nous ne pouvons contrôler notre propre vie et notre propre mort. Tout cela dépend exclusivement de la souveraineté de Dieu. (Ecclésiaste 8.8 ; Eccl. 9.12)
▪︎Le second sens est le péché de l’homme. Le problème de l’être humain, c’est nous-mêmes et notre nature pécheresse.
« Non, il n’y a sur la terre point d’homme juste qui fasse le bien et qui ne pèche jamais… Seulement, voici ce que j’ai trouvé, c’est que Dieu a fait les hommes droits ; mais ils ont cherché beaucoup de détours. » Ecclésiaste 7.20 ; 29
Comme le dit Paul Washer : « Étant donné notre nature, nous sommes moralement corrompus, enclins au mal et hostiles envers le Dieu Juste. » [1]
C’est aussi ce que nous dit l’apôtre Paul ; La création souffre à cause de la vanité du péché. (Romains 8.20-22)
▪︎enfin, l’injustice, la douleur et les incompréhensions font aussi parties des vanités mentionnées par l’Ecclésiaste. L’auteur exprime la violation du droit de la justice (Ecclésiaste 5.7 ; Eccl. 3.16) ; il nous parle de la douleur et du chagrin (Ecclésiaste 2.23) et de la perplexité face à son incompréhension. (Ecclésiaste 3.11 ; Eccl. 6.2)
Voici une grande partie des vanités que nous pouvons recenser dans le livre de l’Ecclésiaste.
• La joie
En relisant ce livre, j’ai été surpris de voir qu’à travers ses lettres, l’Ecclésiaste était un véritable prédicateur de la joie. Malgré sa vision très réaliste de sa vie sur son malêtre, ses frustrations et ses incompréhensions, il reste lucide sur la vision de Dieu et proclame la joie que Dieu nous donne.
« J’ai donc fait l’éloge de la joie, puisque le seul bonheur de l’homme sous le soleil consiste à manger, à boire et à se réjouir ; voilà ce qui l’accompagne dans sa peine, durant la vie que Dieu lui donne sous le soleil. » Ecclésiaste 8.15
« Va manger ton pain dans la joie et boire ton vin dans la gaité, puisque Dieu prend déjà plaisir à ce que tu fais ! … Jouis de la vie avec la femme que tu aimes pendant toute la durée de ta vie sans consistance que Dieu t’a donnée sous le soleil. » Ecclésiaste 9.7-9
Le Qohéleth nous encourage à vivre cette joie, à la maintenir et à la préserver avec la sagesse de Dieu. Même si nous vivons dans un monde tordu et déroutant, il nous appelle malgré tout à nous réjouir des plaisirs de la vie en les reconnaissant comme un don de Dieu. Cette joie est encore possible aujourd’hui, mais en Dieu seul.
« Si donc un homme vit longtemps, qu’il se réjouisse pendant toutes ces années, tout en se souvenant des jours sombres, car ils seront nombreux. Tout ce qui arrive n’est que vanité. » Ecclesiaste 11. 8
« Jeune homme, réjouis-toi dans ton adolescence, livre ton cœur à la joie durant ta jeunesse, marche en suivant les voies de ton cœur et les regards de tes yeux ! Cependant, sache que pour tout cela Dieu t’appellera en jugement. » Ecclésiaste 11.9
Nicolas Blocher nous dit suite à ce verset : « Dieu t’ordonne de te réjouir, de profiter de ta jeunesse. Et comment peux-tu te réjouir autrement qu’en servant Dieu. Comme le dit l’Ecclésiaste, la jeunesse passe vite et elle est suivie de jours plus difficiles. C’est pour cette raison que tu dois en profiter. » [2]
Nous pouvons profiter de la joie de Dieu, non par nos propres efforts qui ne sont que vanité et voués à l’échec, mais par la grâce Dieu.
• La sagesse
L’Ecclésiaste nous expose dès les premiers chapitres le thème de la sagesse. En effet la sagesse humaine a l’avantage sur la folie ; mais elle ne peut cependant faire disparaître la vanité de la vie.
« J’ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse, mais aussi la folie et la stupidité. J’ai découvert que cela aussi, cela revient à poursuivre le vent. Ecclésiaste 1.17
« J’ai vu que la sagesse a sur la folie le même avantage que la lumière sur l’obscurité : le sage a ses yeux bien en place, tandis que l’homme stupide marche dans l’obscurité. Toutefois, j’ai aussi reconnu que le même sort est réservé à l’un et à l’autre. » Ecclésiaste 2 : 13-14
L’auteur en conclut que la sagesse, tout comme la joie, ne peut se trouver qu’en Dieu. Il nous montre que la vie sur terre peut être différente si celle-ci est placée en Lui. La véritable sagesse se trouve dans la crainte de Dieu.
« Le seul bonheur, pour l’homme, consiste à manger, à boire et à se donner du plaisir dans son travail, mais cela aussi, je l’ai bien vu moi-même, dépend de Dieu. En effet, qui peut manger et jouir de quelque chose, en dehors de moi ? Oui, à l’homme qui lui est agréable il donne la sagesse, la connaissance et la joie, mais au pécheur il réserve la tâche de récolter et d’amasser des biens afin de les donner à celui qui est agréable à Dieu. Cela aussi, c’est une vanité et cela revient à poursuivre le vent. » Ecclésiaste 2.24-26
• La crainte de Dieu
Le prédicateur de Sagesse nous exhorte à mener une vie de foi dans la crainte de Dieu. Il nous invite à la pleine confiance en la souveraineté de Dieu.
« J’ai reconnu que tout ce que Dieu fait durera toujours, sans qu’on puisse ajouter ou enlever quoi que ce soit, et que Dieu agit de cette manière afin qu’on éprouve de la crainte devant lui. » Ecclésiaste 3.14
Par l’obéissance et la reconnaissance due à Dieu, l’Ecclésiaste nous rappelle une magnifique certitude : sa justice divine et l’espoir d’une ferme et éternelle assurance en Lui. Si donc nous craignons Dieu, nous n’avons plus rien à craindre de la vanité de ce monde.
« En effet, le pécheur peut faire 100 fois le mal et continuer à vivre. Mais je sais aussi que le bonheur est pour ceux qui craignent Dieu parce qu’ils éprouvent de la crainte devant lui. » Ecclésiaste 8.12
« Écoutons la conclusion de tout ce discours : Crains Dieu et respecte ses commandements, car c’est ce que doit faire tout homme. En effet, Dieu amènera toute œuvre en jugement, et ce jugement portera sur tout ce qui est caché, que ce soit bon ou mauvais. » Ecclésiaste 12.13-14
• Conclusion
Ce livre nous permet de savourer les bontés de Dieu et de nous souvenir de notre créateur qui a insufflé en nous la vie. Dieu nous fait voir la lumière de sa grâce en Christ et son jugement viendra avec certitude. Réjouissons-nous de cette grâce de miséricorde que Dieu nous offre face à la vanité de ce monde. Notre véritable joie se trouve en Christ sauveur. La crainte de Dieu nous conduit à son approbation et à la confiance que nous avons en lui à accepter sa providence avec sagesse. Tout comme l’Ecclésiaste, soyons lucides et réalistes sur notre propre nature humaine et notre besoin essentiel de la grâce de Dieu. Nous jouissons de la grâce commune mais il nous est indispensable de vivre de la grâce spéciale par la foi en Jésus-Christ.
Romains 8.38-39 ; Philippiens 4.6-7
« Un jour viendra où Dieu jugera chacun selon les standards de justice et d’équité les plus stricts qui soient, récompensant le bien et punissant le mal. » – Paul Washer [3]
« L’Ecclésiaste ne conclut pas son livre sur le désespoir, mais nous exhorte plutôt à apprendre à assumer la vanité de la vie en craignant Dieu. » - Woody Lewis [4]
Notes :
[1] Paul Washer – L’Evangile de Jésus Christ — Impact Editions-Trois Rivières — 2019 ; p.15
[2] Nicolas Blocher et Benjamin Eggen – Une vie de défis — BLF Éditions-Marpent-2019 ; p.26
[3] Paul Washer – L’Evangile de Jésus Christ — Impact Editions-Trois Rivières — 2019 ; p.13
[4] Woody Lewis – L’Ecclésiaste, vivre avec sagesse — Éditions Clé-Lyon — 2019 ; p.35