L’Écriture, le fondement solide de notre foi (John Piper)
Une confiance non fondée n’honore pas celui qui en est l’objet
Jonathan Edwards est profondément convaincu, comme à mon avis nous devrions tous l’être, que si notre foi ne s’enracine pas dans « une certitude ou une conviction raisonnable », son fruit équivaut simplement à une vertu ordinaire (non surnaturelle).
Je laisserai Edwards s’expliquer sur ce point, mais laissez-moi d’abord vous donner une illustration : imaginez que dans la rue, vous rencontriez un homme que vous ne connaissez pas ; il vous remet un sac contenant 50 000 euros en espèces et vous demande de déposer cette somme à la banque pour lui. Il précise que ses informations bancaires sont dans une poche du sac. Vous êtes surpris ; en effet, vous ne connaissez pas du tout cet homme. Vous lui demandez : « Pourquoi me faites-vous ainsi confiance ? » Supposez qu’il réponde : « Sans raison ; je prends le risque, c’est tout. » Quel effet la foi de cet homme aura-t-elle sur vous ? Est-ce qu’elle vous honore ? Non, absolument pas. Sa foi prouve seulement qu’il est insensé.
Mais imaginons qu’il dise : « Je sais que vous ne me connaissez pas, mais je travaille dans la même entreprise que vous, et je vous observe depuis un an maintenant. J’ai eu de multiples preuves de votre intégrité. J’ai parlé à des gens qui vous connaissent bien. Si je vous confie cet argent, c’est que j’ai de bonnes raisons de croire que vous êtes honnête et fiable. » Quel effet la foi de cet homme aura-t-elle sur vous ? Elle vous honore. Pourquoi ? Parce qu’elle repose sur la preuve réelle que vous êtes effectivement honorable. Le fruit d’une telle foi n’est pas la stupidité, mais la sagesse. Cette foi et cette sagesse honorent la personne à qui on accorde sa confiance.
Pourquoi vous êtes-vous fié à ma Parole?
Il en est de même avec Dieu. Si Dieu demande : « Pourquoi vous êtes-vous fié à ma Parole ? » et que nous répondons : « Sans raison, j’ai juste voulu prendre un risque », Dieu n’est pas honoré, et nous sommes insensés. Edwards a donc raison d’affirmer qu’à moins que notre foi s’enracine dans « une certitude ou une conviction raisonnable », son fruit équivaut simplement à une vertu ordinaire (non surnaturelle). Mais quelle est cette certitude, cette conviction ? Comment notre foi dans la Bible trouve-t-elle cette solide fondation ?
Voici l’explication d’Edwards :
Par conviction raisonnable, j’entends une conviction fondée sur une preuve réelle, ou sur ce qui constitue une bonne raison, ou simplement un terreau propice à la naissance d’une conviction. On peut être profondément persuadés que la religion chrétienne est la vérité, alors que notre conviction ne repose sur aucune preuve, mais entièrement sur notre éducation et sur l’opinion des autres. De la même manière, de nombreux mahométans sont profondément persuadés que leur religion est la vérité parce que leurs pères, leurs voisins et leur nation le croient. Cette foi en la vérité de la religion chrétienne a les mêmes fondements, et est de même nature, que la foi des mahométans dans leur religion.
Bien que l’objet de la foi des chrétiens soit meilleur, leur foi n’est pas de nature supérieure. En effet, si l’objet de la foi se trouve être la vérité, la foi en cet objet n’est pas le fruit de cette vérité, mais de l’éducation reçue. Une telle conviction ne valant pas plus que celle des mahométans, les affections qui en découlent ne sont pas meilleures en soi que les affections religieuses des mahométans.
Edwards est donc convaincu que la foi salvatrice authentique doit être fondée sur « une preuve réelle, ou sur ce qui constitue une bonne raison, ou simplement un terreau propice à la naissance d’une conviction ».
L’Écriture nous incite à avoir un fondement solide pour notre foi
L’Écriture va indubitablement dans ce sens. L’apôtre Jean déclare : « Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit mais mettez les esprits à l’épreuve pour savoir s’ils sont de Dieu » (1 Jn 4.1). Autrement dit, ne soyez pas crédules. Cherchez « une preuve réelle », « une bonne raison », « un terreau propice ».
De même, il aurait été édifiant d’entendre certaines des prédications missionnaires de Paul ; en effet, comme le rapporte Luc, l’apôtre avait une coutume intéressante : « Paul y entra, conformément à son habitude. Pendant trois sabbats, il discuta avec eux à partir des Écritures en expliquant et démontrant que le Messie devait souffrir et ressusciter. “Ce Jésus que je vous annonce, disait-il, c’est lui qui est le Messie.” » (Ac 17.2,3.) Paul croyait donc qu’il était légitime et approprié de discuter, d’expliquer et de démontrer dans le but de conduire quelqu’un à une foi solidement ancrée.
Luc loue explicitement les Juifs de Bérée parce qu’après avoir écouté Paul, ils ont passé au crible de l’Écriture l’enseignement nouveau que l’apôtre leur avait donné : « Ces derniers avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique. Ils accueillirent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact » (Ac 17.11). Ils croyaient qu’ils avaient de bonnes raisons de faire confiance à l’Écriture. Il fallait donc que toute autre affirmation se revendiquant être la vérité soit en accord avec la vérité de l’Écriture.
Célébrer l’objet de sa foi
On pourrait rétorquer : « Cela implique donc que savoir et croire sont équivalents ? » Non. Le fait de croire – dans le sens d’avoir une foi qui sauve – comprend toujours la notion de célébrer de tout cœur l’objet de sa foi. Ce n’est pas toujours le cas avec le fait de connaître quelque chose. Il importe tout de même de noter que le Nouveau Testament ne présente pas la connaissance et la foi comme deux possibilités opposées. La foi se fonde sur la connaissance et mène à une connaissance plus profonde. Regardez de quelle manière Jésus a prié pour ses disciples : « Maintenant ils savent que tout ce que tu m’as donné vient de toi. En effet, je leur ai donné les paroles que tu m’as données, ils les ont acceptées et ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé » (Jn 17.7,8).
Dans la même perspective, Paul écrit aux Corinthiens : « Et comme nous avons le même esprit de foi que celui exprimé dans cette parole de l’Écriture […] nous croyons, et c’est pour cela que nous parlons. Nous savons en effet que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi par Jésus » (2 Co 4.13,14 ; voir 5.1). Dans sa première épître, Jean rend ainsi témoignage : « Ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché concernant la parole de la vie, nous vous l’annonçons » (1 Jn 1.1). Sa foi est donc fondée sur des preuves bien réelles. Plus loin, il ajoute : « Or nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru » (1 Jn 4.16).
Par conséquent, lorsque Jonathan Edwards déclare que la foi salvatrice doit se fonder sur « une preuve réelle, ou sur ce qui constitue une bonne raison, ou simplement un terreau propice à la naissance d’une conviction », il ne fait que réitérer ce que les Écritures elles-mêmes affirment.
Cet article est tiré du livre : Une gloire particulière de John Piper