L’enfant ne partagera pas la culpabilité des parents (Timothée Davi)
De par l’histoire du peuple de Dieu, nombre passages des Écritures ont et sont encore tout à tour ignorés. Et lorsque certains passages passent à la trappe, des fausses doctrines resurgissent par le biais de ce trou béant. L’une de ces idées est celle de «péché générationnel» où certains chrétiens en viennent à prendre la responsabilité de péchés commis par leurs ancêtres ou à demander à ce que d’autres se repentent pour des péchés commis par leurs propres ancêtres.
Le passage ignoré qui répond à la résurgence de cette fausse doctrine n’est autre qu’Ezéchiel 18 : « Celui qui pèche sera celui qui meurt. L’enfant ne partagera pas la culpabilité des parents.«
Le chapitre répète magnifiquement ce message libérateur et joyeux. Si le père « oppresse le pauvre et le nécessiteux » et l’enfant « n’oppresse personne », « l’enfant ne partagera pas la faute des parents ». (Ez 18.12,16,20). Pas de faute, pas de honte, mais la liberté et la joie d’un Dieu gracieux et miséricordieux.
Les objections à Ezéchiel 18 vient droit dans le cœur confus de ce genre de personnes: « Pourquoi le fils ne partage-t-il pas la culpabilité du père? » (Ez 18.19) Si c’est le cas, alors « la voie du Seigneur n’est pas juste » (Ez 18.25 et 29) disent-ils. Ils contestent la justice de Dieu comme d’autres personnes semblables contestaient la souveraineté de Dieu en Romains 9.
Cependant, la réponse de Dieu à de telles objections est claire et précise: « Je vous jugerai chacun selon vos propres voies… Détournez vous de toutes vos offenses,… Débarrassez vous de toutes les offenses que vous avez commises et obtenez un nouveau coeur et un nouvel esprit… Repentez vous et vivez! » Ezéchiel 18.30-32
Cela va avoir l’air répétitif, mais un langage précis est critique ici. Dieu s’adresse et appelle des individus en tant qu’individus pour des péchés individuels que ces individus ont commis. En d’autres termes, vous ne pouvez pas vous repentir pour des péchés que vous n’avez pas fait. Le péché est un acte personnel qui découle de la corruption du coeur d’un porteur de l’image et du nom de Dieu contre le Dieu duquel il porte l’image et le Nom ou contre un prochain qui porte cette image et ce Nom.
Le message de l’évangile proclame d’une voix forte: « Vous, oui vous, repentez vous de votre vie de péché, venez et implorez la compassion et la grâce de Dieu car il est bon. Si une mauvaise personne se détourne de tous les péchés qu’elle a commis… et fait ce qui est juste et bon, alors la personne vivra sûrement… Aucune des offenses que vous avez commises ne sera retenues contre vous (et encore moins alors les offenses de vos parents ne seront retenues !)… Mais si une personne juste se détourne de la justice et commet un péché… Aucune des choses justes que cette personne a fait ne sera remémorée (et à combien plus forte raison la justice des parents ne sera pas remémorée à son bénéfice) » Ezéchiel 18.21-24
L’Evangile considère les individus comme responsables pour leurs actes individuels. Si vos parents étaient nazis et que vous ne l’êtes pas, alors il y a de l’espoir pour vous dans le Seigneur grâcieux de tous. Si vous étiez nazis et que vous vous êtes repentis de votre abominable voie, il y a de l’espoir pour vous dans le Seigneur, le juste et justificateur des méchants.
Alors que nous lisons encore le message d’Ezéchiel 18 aujourd’hui, demandons nous la chose suivante: voulons nous penser et vivre selon les idées des hommes ou de Dieu? Devons-nous penser et vivre selon les idées des hommes ou de Dieu? Voulons nous garder certains frères et soeurs redevables et coupables de péchés qu’ils n’ont pas commis? Nos vues de la justice sont-elles plus hautes et plus sages que les siennes?
Puisse la fondation de nos repentances et de nos fautes être le péché odieux que nous commettons nous même chaque jour et puisse la fondation de notre espérance être:
L’amour fidèle du Seigneur ne cesse pas; ses compassions ne sont pas à leur termes; il y a toujours de nouveaux matins; grande est sa fidélité – Lamentations 3.22-23
Réjouissez vous, soyez heureux car « l’enfant ne partagera pas la faute des parents ». Vous ne partager la culpabilité et la faute de vos parents. Dans l’Evangile, il y a une fondation pour la liberté et la joie dans le Seigneur.
Loué soit le Dieu juste et gracieux qui nous justifie et nous libère dans son Fils si bien que, étant né d’en haut par son Esprit, nous puissions vivre comme étrangers et pèlerins en ce monde, attendant ardemment la cité céleste de notre naissance céleste, le joyau de la nouvelle création, la Jérusalem Céleste, le lieu de repos éternel de notre Dieu saint, aimant et heureux.
Pour aller plus loin dans la réflexion, j’ai ajouté ces quelques paragraphes après avoir écrit l’article ci-dessus. C’est mon souhait que cet ajout et le texte ci-dessus formeront un tout uni défendant cette vérité de l’Ecriture comme il se doit. Voici l’ajout en question :
Pour répondre aux quelques critiques, voici ma thèse qui je pense permet d’affirmer comme vérités à la fois les nombreux textes affirmant la responsabilité individuelle et ceux pointant à une responsabilité de groupe : « le péché est avant toute chose une affaire de responsabilité individuelle. Cependant, la Bible nous parle aussi d’une responsabilité de groupe, mais lorsqu’elle le fait, le péché du groupe est toujours vécu et pratiqué par l’individu, de sorte que personne n’est condamné pour un péché qu’il n’a pas lui-même commis, accepté ou toléré ». C’est la position de John Piper, de la déclaration « Social Justice and the Gospel » et c’est la mienne aussi. Elle me semble réconcilier les nombreux textes des deux côtés.
Ainsi l’on peut lire d’une part :
Exode 20, 5-6 : « Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fais miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements. »
Et d’autre part :
Lévitique 20. Le chapitre entier parle de diverses peines associées à divers crimes et à chaque fois la même phrase revient : « son sang retombera sur lui. »
Deutéronome 24, 16 : « On ne fera point mourir les pères pour les enfants, et l’on ne fera point mourir les enfants pour les pères ; on fera mourir chacun pour son péché. »
2 Rois 14, 6 : « Mais il ne fit pas mourir les fils des meurtriers, selon ce qui est écrit dans le livre de la loi de Moïse, où l’Eternel donne ce commandement: On ne fera point mourir les pères pour les enfants, et l’on ne fera point mourir les enfants pour les pères; mais on fera mourir chacun pour son péché. » Le roi applique la Torah.
Ézéchiel 18, 20 (et le chapitre entier) : « L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui. » Le prophète ne fait que rappeler la Torah.
Est-ce que l’on porte la responsabilité des péchés de nos parents dès lors ? Oui et non.
D’autres passages de l’Écriture offrent la clef de compréhension biblique qui lie ces deux vérités : Exode 20, 5-6, le texte même qui souligne la responsabilité de groupe, Jérémie 16, 10-13 et Matthieu 23, 26-29 répondent à cette question.
Les péchés des pères sont punis chez les enfants en ce qu’ils deviennent les péchés qu’ils commettent eux-mêmes. C’est crucial. Exode 20, 5 le souligne bien : « Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fais miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements. » « De ceux qui me haïssent », non pas les descendants de ces personnes qui ne me haïssent pas, mais « de ceux qui me haïssent ». Quand les péchés du père sont infligés aux enfants, c’est parce que les enfants sont devenus coupables des mêmes péchés de leurs pères. Les péchés du père sont les péchés des enfants. Ainsi, aucun enfant innocent n’a jamais été puni pour les péchés d’un père ; seuls les enfants coupables sont punis et sont coupables des péchés mêmes que leurs pères ont commis.
Ainsi en est-il en Matthieu 23 où Jésus dit aux pharisiens qu’ils sont coupables, non pas tant à cause de leurs pères, que parce qu’ils pratiquent les mêmes péchés qu’eux et dès lors une malédiction de groupe, une responsabilité de groupe demeure sur eux en ce qu’eux-mêmes ils l’actualisent… en rejetant et voulant tuer Jésus !
En bref, comme la déclaration « Social Justice and the Gospel » le dit très clairement : « Nous nions que, en dehors du lien avec Adam, quiconque est moralement coupable du péché d’un autre. Bien que les familles, les groupes et les nations puissent pécher collectivement et que les cultures puissent être prédisposées à des péchés particuliers, les générations suivantes partagent la culpabilité collective de leurs ancêtres seulement si elles approuvent et acceptent (ou tentent de justifier) ces péchés. Devant Dieu, chaque personne doit se repentir et confesser ses propres péchés afin de recevoir le pardon. Nous nions en outre que l’appartenance ethnique d’une personne établisse quelque lien nécessaire avec un péché en particulier. »