L’Épouse que Satan aime insulter (Greg Morse)

Note du traducteur à l’intention des lecteurs :

Dans l’article suivant, Greg Morse fait hommage au théologien C.S. Lewis et son livre « Tactique du diable ».

Dans ce dernier, C.S. Lewis invente des lettres fictives que deux démons s’échangeraient : Screwtape et Wormwood. Dans ces dernières, Screwtape conseille Wormwood, son apprenti, à mieux tenter les chrétiens.

Le but de C.S. Lewis était bien sûr d’avertir les chrétiens sur les dangers spirituels de la vie chrétienne de façon humoristique.

Greg Morse reprend ici le flambeau et invente une nouvelle lettre que Wormwood envoie à Globdrop.

Mon cher Globdrop,

J’ai eu le malheur de recevoir la protestation que tu as appelée une lettre. Ma phrase préférée est celle où tu nous demandes comment nous (tes supérieurs) pouvons nous attendre à ce que tu (un moins que rien) mènes des âmes à l’enfer avec toutes ces bombes qui explosent nuit et jour devant ta caserne ?

Tu supposes que Glubgore et notre bataillon de canons sont engagés dans un exercice de tir sans fin. Cette erreur, ta grande erreur, est quelque peu compréhensible. Le quartier général a peut-être, je l’admets, exagéré notre position actuelle dans la guerre. Ils n’ont pas voulu perturber le moral, vois-tu, et donc leurs rapports de ces derniers siècles rendent peut-être impensable que la secousse désagréable à nos portes puisse être, en réalité, le fait que les troupes ennemies nous tirent dessus. Mais il en est ainsi. Les humains, bien qu’ils soient pour la plupart inoffensifs, peuvent faire beaucoup de bruit. Ils frappent à la porte ; leurs canons sonnent.

Ne perds pas ton sang-froid, mon neveu. Je me souviens de mon malaise initial lorsque Screwtape m’a permis de poser mon premier regard au-delà du mur, en écrivant : « nous la voyons étendue à travers tout le temps et l’espace et enracinée dans l’éternité, terrible comme une armée avec des bannières. » « Cela, confessait Screwtape, est un spectacle qui met mal à l’aise nos tentateurs les plus audacieux. » Bien que tu puisses supposer que nous sommes en position défensive, deux mille ans ont passé, neveu, et notre drapeau flotte toujours fermement au-dessus de nos têtes.

Et il flottera toujours fermement au-dessus de nos têtes. L’ennemi n’avancera pas ; le bruit est la seule chose que nous devons craindre. Pourquoi ? Screwtape a fait allusion à l’une des principales raisons dans sa toute prochaine phrase : « Mais heureusement, elle est invisible aux yeux de ces humains. » Ils ne peuvent pas se voir comme c’est le cas pour nous. Où serions-nous si c’était le cas ?

L’Église (invisible)

Lorsque les humains les observent sur leurs bancs, que voient-ils ? Voient-ils ce que nous voyons : des poignées de saints vêtus de l’armure aveuglante de leur Ennemi – casques, boucliers et épées dorés – une horreur qui crispe même nos tentateurs les plus audacieux ?

Quand ils se rassemblent, qu’entendent-ils ? Tu te plains de tous les bruits et cris de guerre – mais eux, est-ce qu’ils se plaignent ? Entendent-ils la nuée de témoins derrière eux, les saints vivants à côté d’eux, leur terrible commandant devant eux qui les pousse à avancer ? Que cela ne soit jamais le cas ! Ils ont l’intention de reprendre cette bannière stérile, celle de l’Église triomphante, mais nous devons leur montrer d’autres slogans, plus exacts.

L’Église insignifiante

Même leurs meilleurs soldats peuvent être trompés au point de regarder ses camarades maladroits avec des regards peu impressionnés. Alors qu’il regarde nos ennemis les plus féroces dans la congrégation, montre-lui la famille Arnett qui se faufile tard dans l’Église (une fois de plus) ; laisse-le sentir l’odeur de ce stupide M. Jones qui pue toujours comme ses chats ; amplifie le joyeux bruit de Mme Johnson, qui chante toujours faux ; éteins toute conviction qu’il pourrait être en présence de quelque chose de grand. Interroge-toi suffisamment fort que pour qu’il puisse entendre : comment ce groupe pourrait-il être une menace à tout ce qui ne va pas dans le monde ?

L’Ennemi, dans son arrogance sans égale, nous aide sur ce point en choisissant surtout les faibles, les humbles, les méprisés du monde. Il mène sa guerre contre les canards et les écureuils, nous laissant les lions et les ours. En se battant avec ces cuillères émoussées, bien sûr, il veut nous ridiculiser.

L’Église impuissante

Périodiquement, fais surgir le doute dans l’esprit de ton homme quant à la façon dont les prières maladroites de ces personnes, leur foi simple, leurs petits actes d’amour et leur obéissance ordinaire – stimulée d’une manière ou d’une autre par quelque chose comme la prédication de cet homme – pourraient vraiment faire une différence dans le monde.

Demande-lui comment cet assemblage de jouets inadaptés pourrait vraiment être le grand temple de l’Esprit du Dieu vivant. Est-ce vraiment la grande réponse de Dieu au mal ? La vieille veuve Ortiz ne peut même plus voir les mots de sa Bible – sera-t-elle responsable de notre perte ?

Mets en évidence tous les mouvements réels (du monde) en faveur du changement qui se produisent en dehors des limites étroites de ce que l’on appelle le « contrefort de la vérité ». Attise en lui la démangeaison de susciter un réel changement et permets-lui de reconnaître l’impuissance de l’Église à s’engager dans tout ce qui a une réelle importance. Faites-le réclamer à cor et à cri la lutte contre l’obscurité terrestre avec plus de la même chose, mais sans jamais impliquer les puissances cosmiques qui se cachent derrière.

L’Église en train de mourir

Ensuite, il faut lui montrer que l’Église est gravement blessée. La montrer en train de mourir.

Bien sûr, à notre grande honte, elle est « mourante » depuis des siècles, et pourtant elle ne « meurt » jamais. Les humains, qui ignorent tout de l’histoire, ne se rendent pas compte à quel point cela nous contrarie.

Plus nous l’avons malmenée dans le Colisée romain, ou brûlée pour éclairer les rues, ou encore coupé des têtes sur des plages étrangères, plus elle a grandi. Lorsque nous la persécutons le plus violemment, nos portes commencent à trembler avec le plus de force. Elle n’est jamais plus féroce, nous l’avons découvert presque trop tard, que lorsqu’elle est couverte de son propre sang.

Nous nous battons avec une guerrière, mon neveu, qui gagne de plus en plus de bras, d’oreilles et d’yeux à chaque coup porté sur elle. Même lorsque la période de notre persécution est la plus sanglante, elle semble en meilleure santé grâce à ce fait même en fin de compte. Qui est cette personne qui devient plus forte quand elle est blessée ? Les humains ne doivent jamais le savoir.

L’Église hideuse

Faites en sorte qu’insulter l’Église devienne un sport, surtout chez les plus spirituels. Appelez-là une pute de toutes les façons possibles.

L’Ennemi, aussi inutile soit-il, prétend s’être livré pour elle afin de l’habiller des plus beaux vêtements et de l’embellir intégralement.  Il la revendique comme sa famille, son propre corps, son épouse, et se vante de l’avoir « remplie de son Esprit », « réformé ses façons de vivre » et « rendue précieuse pour lui » (toute la propagande de l’Ennemi, bien sûr). Nous ne pouvons pas laisser ces mensonges s’installer. Ne les laissez pas penser du bien d’elle.

L’Église, avec toutes les croisades, les abus, les divorces, le racisme, la pornographie, l’adultère et la difformité (ceci parmi les « professés » de l’Église, bien sûr) dont elle a fait preuve, doit les mener à s’en excuser à profusion. Suggérer, et cela constamment, qu’il n’y a pas de différence réelle entre ceux qui appartiennent à l’Ennemi et ceux qui nous appartiennent. Ne leur laissez pas voir cette splendeur écoeurante, cette horrible grandeur, cette puissance perverse, cette transformation réelle en eux qui s’est maintenue malgré tous nos missiles à travers les âges.

Jouez le rôle du diable

Globdrop, bien que cette armée nous ait causé des désagréments, bien qu’il semble que nous nous battions temporairement le dos contre le mur, pour garantir notre campagne, nous devons empêcher leur sang de s’agiter à la vue de l’éternité. Voile qui ils sont et l’effet de ce qu’ils accomplissent tout en continuant à dévoiler les bizarreries, les contrariétés, l’affreuse mondanité du quotidien et de la semaine.

Assure à ton homme que cette mission est petite, que les enjeux sont moindres, et que ceux qui sont avec lui sont les plus petits de tous – il n’y a presque rien qui doive être pris trop au sérieux. Rien de valeur ne se dégage de leurs prières, de leurs prédications, de leur évangélisation, de leurs rassemblements – du moins, rien qui ne l’emporte sur le jeu sportif de l’après-midi.

Ton oncle qui s’inquiète,

Wormwood


Cet article est une traduction de l’article anglais « The Bride Satan Loves to Insult » du ministère Desiring God par Timothée Davi.