L’erreur de négliger l’amour érotique (Sharon James)

Tite devait exhorter les femmes plus âgées à apprendre aux plus jeunes à aimer leurs maris. Si l’amour n’était qu’un «sentiment qui s’empare du cœur», la tâche des aînées serait un non sens. L’amour véritable implique un acte de la volonté, la décision de faire passer d’abord l’intérêt de l’autre. Une jeune épouse ne comprend pas son mari automatiquement. Elle n’est pas prédisposée naturellement à la patience et l’amabilité envers lui. Elle a besoin d’encouragements et d’aide de la part de celles qui ont des années d’expérience derrière elles.

L’amour entre conjoints est exclusif et fidèle. L’amour érotique fait partie de la création bonne de Dieu ; il a pour but d’unir le mari et sa femme en une seule chair (Genèse 2:24). Dieu a voulu que l’amour conjugal soit passionné, tendre et jaloux (dans le bon sens du terme). Cet amour érotique exclusif doit durer toute la vie :

«Bois les eaux de ta citerne, celles qui sortent de ton puits… Et fais ta joie de la femme de ta jeunesse, biche des amours, gazelle pleine de grâce : Sois en tout temps enivré de ses charmes, sans cesse épris de son amour» (Proverbes 5:15-19).

Une erreur dans l’histoire de l’Église

On a peine à croire que, dans l’histoire de l’Église, certains ont dévalorisé l’amour sexuel, alors qu’un livre entier de la Bible le célèbre ! On dit parfois que la Bible décrit quatre sortes d’amour, dont l’«agape» est la forme supérieure et l’érotisme la forme inférieure. Don Carson rectifie le malentendu à ce sujet : «C’est une juste analyse de la manière dont ces mots ont été utilisés dans le grec classique, mais ne correspond pas du tout au tableau biblique.» D’abord, l’amour érotique décrit dans le Cantique des cantiques possède plusieurs caractéristiques de l’amour «agape» : les deux sont constants, altruistes, durables, protecteurs et plus forts que la mort. Le mot utilisé pour désigner l’amour dans l’Ancien Testament revêt librement différentes nuances de signification, notamment l’amour sexuel passionné, la loyauté et l’amitié, ainsi que la relation entre Dieu et son peuple. Les deux Testaments passent allègrement de l’amour conjugal à l’amour divin (Osée ; Jérémie ; Éphésiens 5.32 ; Apocalypse 19.7). Le Cantique des cantiques montre que l’amour érotique inclut :

  • un désir désintéressé paradoxal de procurer du plaisir associé à la jouissance égoïste dans le plaisir procuré
  • une passion d’être uni à l’être aimé et de le posséder, non dans une domination destructrice, mais une liberté mutuelle
  • une aspiration à l’interaction, l’interdépendance et le partage
  • un paradoxe dans l’aspiration insatiable et la satisfaction dans le désir
  • un don de soi qui prend et une prise qui est don de soi

Ne pas rabaisser l’amour érotique

Il n’y a rien de «chrétien» à rabaisser l’amour érotique dans le mariage. Une étude même superficielle du Cantique des cantiques indique que l’épouse connaît la jouissance et le manifeste, qu’elle assure son mari qu’il est désirable et lui procure du plaisir. L’apôtre Paul le confirme :

«Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit, et de même la femme à son mari. La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et, pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est momentanément d’un commun accord, afin d’avoir du temps pour la prière ; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence» (1 Corinthiens 7.3-5).

C’est une façon plutôt prosaïque de décrire la mutualité et l’égalité qui émane de la poésie du Cantique des cantiques, ou même de l’exclamation poétique d’Adam lorsque Dieu lui présenta sa femme (Genèse 2.23). Toute présentation du mariage chrétien comme une structure hiérarchique rigide ne tient absolument pas compte des expressions ardentes et de l’extase que reflète le Cantique des cantiques ; dans cette œuvre, le bien-aimé et la bien-aimée, l’homme et la femme se livrent librement et sans honte aux jeux de l’amour.


Cet article est tiré du livre : Le dessein de Dieu pour la femme de Sharon James