Les 4 symptômes de l‛irrévérence (John Benton)

Après avoir porté contre les prêtres l’accusation de ne pas honorer Dieu et de ne pas lui rendre l’hommage qu’il mérite, Malachie anticipe et muselle toute protestation d’innocence. Paraphrasons ses propos à la fin du verset 6 et au début du suivant : «Allez-vous demander en quoi vous avez déshonoré Dieu ? Allez-vous demander en quoi vous avez profané le culte qui lui est dû ? Eh bien, je vais vous le dire !» Et dans les versets 8 à 14, le prophète se met à dresser un constat de leur irrévérence dans le culte. 

1. C’est un culte sans valeur (Malachie 1:7,8) 

Dans l’Ancien Testament, l’autel de l’Éternel se situait aux portes de l’enceinte intérieure du temple. C’est là que les prêtres mettaient à mort les victimes qu’ils offraient en sacrifice. Au début, chaque adorateur offrait lui-même sa propre victime (cf. Lévitique 4:29,30). Par la suite, les prêtres se chargèrent de cette fonction. Du temps de Malachie, ce qui se produisait à l’autel de l’Éternel était la contradiction suprême en ce qui concerne le culte. Israël offrait des sacrifices qui ne lui coûtaient rien ! Ils offraient en sacrifice à Dieu ce dont ils ne voulaient pas eux-mêmes. Les animaux aveugles, malades, boiteux, ceux dont ils voulaient se débarrasser : voilà ce qu’ils offraient à Dieu.

Pour qu’il s’agisse d’un vrai sacrifice, il faut que j’abandonne quelque chose qui a pour moi une vraie valeur. C’est ainsi que j’exprime ma consécration à Dieu. En revanche, «sacrifier» un animal malade équivaut à offrir à quelqu’un le contenu de ma poubelle en cadeau d’anniversaire ! Cette attitude consiste à «offrir» à Dieu les restes de ma vie et à dire : «Ça ira bien pour Dieu ; qu’il s’estime même heureux que je lui donne ça !» C’est l’attitude qui dit : «Ma carrière d’abord, mes loisirs ensuite, et Dieu peut prendre ce qui reste (s’il reste quelque chose).»

En termes pratiques, mon attitude envers Dieu égale souvent celle que j’ai envers l’église locale qui, malgré tous ses défauts, est le corps de Christ. La vérité tient en ce que les prêtres, qui avaient la charge d’offrir les sacrifices à Dieu, auraient dû refuser de tels animaux quand le peuple les apportait. La loi de Moïse interdisait formellement l’offrande d’animaux aveugles, infirmes ou malades (Lévitique 22:18-25 ; Deutéronome 15:21). Au lieu de cela, les prêtres continuaient à offrir ces sacrifices qui n’impliquaient pas de sacrifice.

Soit leur vision de Dieu était faussée à tel point qu’ils ne pouvaient plus voir combien ces choses offensaient le Seigneur et le provoquaient à la colère, soit ils ne voulaient pas indisposer ceux qui apportaient ces offrandes. «Ne perturbons pas l’assemblée ; ne «secouons pas la barque» – après tout, ce sont eux qui me versent mon salaire !» Dieu a horreur lorsque les pasteurs et les anciens voient le péché dans l’église et se contentent de laisser faire. 

2. C’est un culte irréfléchi (1:8,9) 

En «sacrifiant» des animaux malades, les prêtres n’appliquaient même pas le bon sens le plus commun à ce qu’ils faisaient. Il s’agissait d’un rituel irréfléchi, et Dieu les met en face de la réalité. Imaginons la luxueuse salle à manger du palais du gouverneur perse de Jérusalem. Cet homme vient de passer une journée longue et fatigante. Après avoir pris un bain et s’être changé pour le dîner, il se prépare à prendre son repas du soir.

Voici que le maître d’hôtel entre dans la grande salle à manger et, prononçant les mots : «Avec les compliments du chef», il retire le couvercle du plat d’argent et présente au gouverneur un gigot d’agneau puant, faisandé, et grouillant d’asticots ! Comment croyez-vous que cet homme va réagir ? «Non, dit Dieu, vous auriez trop peur de lui apporter une chose pareille ! Alors pourquoi me l’apporter à moi ?» Les applications de cette attitude aujourd’huisautent aux yeux.

Certains chrétiens, qui n’oseraient jamais être en retard au travail quand ils peuvent l’éviter, n’accordent aucune importance à la ponctualité aux réunions de leur assemblée. D’autres, qui n’oseraient jamais trafiquer leur feuille d’impôts, font toutes sortes de compromis avec leur conscience au sujet de ce qu’ils donnent à Dieu. Comment peut-on avoir moins de respect pour le Roi des rois que pour les pouvoirs politiques qu’il désigne ? Au verset 8, le prophète ironise : imaginez que vous invitiez votre patron à un repas, alors que vous espérez obtenir de lui une promotion.

Lui offririez-vous de la viande venant d’un animal malade ? Si vous le faisiez, comment pensez-vous qu’il réagirait ? Pourtant, vous dites : «Priez Dieu maintenant, pour qu’il ait pitié de nous !», alors que vous le traitez avec exactement ce genre de mépris ! Le bon sens le plus élémentaire aurait dû leur montrer que Dieu ne peut absolument pas accepter un tel culte, qui atteint le comble de la négligence et de l’irrévérence !

Mais non, ils réfléchissaient si peu à leur culte qu’ils n’avaient même pas vu cela. «Tant que nous nous acquittons du rite dominical, tout ira bien.» Des cantiques où on n’engage pas son cœur, des prières dépourvues de signification, un esprit et des sentiments centrés sur tout ce qu’on veut sauf Dieu ! Est-ce qu’il en est ainsi pour nous ? 

3. C’est un culte méprisant (1:12,13) 

Ces sacrificateurs offraient un culte souillé, profane et corrompu. Il est cependant intéressant de noter que cette corruption ne vient qu’après la qualité inférieure des animaux offerts en sacrifice. La corruption de ces sacrifices vient tout d’abord de l’attitude d’esprit des sacrificateurs qui les offrent. Dieu accuse ces prêtres de le traiter de façon méprisante, lui et les choses qui lui appartiennent. Ils le «dédaignent». Malachie utilise pour ceci une expression familière.

Nous dirions qu’ils «faisaient la grimace», ou «faisaient les dégoûtés». Nous avons là des hommes qui méprisent le travail que Dieu leur a confié. Ils considèrent leur tâche comme un fardeau pénible. Et aujourd’hui, nous avons tel pasteur qui, à cause de toutes ses études en faculté de théologie, trouve que telle petite église d’un quartier populeux ne correspond vraiment pas à son niveau.

«J’ai été appelé à de plus grandes choses que cela avec les dons que j’ai !» Ou bien, nous avons tel ancien qui ne désire plus accomplir sa tâche (1 Pierre 5:2). «Ce travail m’ennuie et me prend tout mon temps !» Voilà tel homme qui dit en secret : «Quelle corvée que d’être diacre !» Voici tel parent chrétien qui se lasse de prier tendrement avec les enfants.

Voici tel chrétien qui n’oserait pas exprimer à haute voix ce qu’il dit dans son for intérieur : «Quel ennui et quelle fatigue que de donner ces dimanches au Seigneur, sans parler de devoir se lever pour aller au culte !» Pensons encore à ces responsables qui ne sont pas simplement fatigués dans le travail (ce qui pourrait se comprendre), mais fatigués du travail. Cette attitude ennuyée et méprisante pollue tout le culte de Dieu. Elle exhale une puanteur qui atteint les narines de Dieu et le rend malade.

4. C’est un culte hypocrite (1:14) 

Souvent, les gens crient à Dieu dans la prière quand ils se trouvent dans une impasse. Voici un Israélite qui, dans un moment de détresse et de désespoir, ne sachant comment s’en sortir, crie au Seigneur et lui dit : «Ô Seigneur, si tu m’aides maintenant et si tu me sors de cet embarras, je te sacrifierai le meilleur bélier de mon troupeau.» Le Seigneur l’entend, l’exauce et lui vient en aide.

Mais, maintenant que ce problème est passé, ce même homme se met à dire : «Oh, je suis sûr que ça aurait marché de toute façon ! Je n’ai pas vraiment besoin de donner ce que j’ai de meilleur, simplement à cause d’une promesse idiote faite dans un moment de détresse. Ce n’était pas si grave que ça, mais je vais tout de même lui donner un petit quelque chose, histoire de sauver la mise.»

Quelle hypocrisie éhontée que ce culte qui consiste simplement à sauver les apparences ! Cela équivaut à voler Dieu. Essayons de nous représenter ce que Dieu voyait dans le culte d’Israël. Les sacrifices offerts au temple venaient de gens qui ne désiraient pas vraiment donner à Dieu quoi que ce soit. Ils utilisaient des animaux défectueux pour leurs sacrifices. Des prêtres qui eux-mêmes méprisaient leur travail les offraient, et le tout était un rituel indifférent, dépourvu de toute vie.

II n’est pas étonnant que Dieu ait eu à l’esprit de fermer le temple ! (1:10) Nous avons là les symptômes d’une religion creuse, sans cœur, hypocrite qui vient s’ajouter à un manque de respect et de révérence envers Dieu.

Lorsque celui-ci avait racheté la nation de l’esclavage où elle se trouvait en Égypte, il avait pris Israël comme son «fils premier-né» (Exode 4:22). Les Juifs avaient toujours mis leur fierté dans cette relation filiale qu’ils avaient avec Dieu. Ne nous étonnons donc pas qu’il dise maintenant : «Si je suis père, où est l’honneur qui m’est dû ?»


Cet article est adapté du livre : « Où est l’honneur qui m’est dû ? » de John Benton