Les bonnes choses de la vie spirituelle ne s’obtiennent pas aisément (Thomas Watson)

Cette vie et ses divers domaines s’avèrent beaucoup moins faciles que la plupart des hommes ne sont prêts de l’imaginer.

Bien sûr, nul n’est besoin d’apprendre à un homme comment pécher. Cela lui est naturel, et donc très facile. Le péché s’échappe de son cœur comme l’eau jaillit de la source. La méchanceté est une chose aisée et l’enfer n’exige aucune violence pour qu’on s’en saisisse.

En revanche, les choses spirituelles doivent être apprises. Couper la peau n’est pas difficile, mais percer une veine ou éviter une artère requiert de l’adresse. L’homme n’a pas besoin d’apprendre le métier de pécheur, mais il n’atteint pas l’art du contentement chrétien sans un saint effort : « J’ai appris. » Cette difficulté découle de deux raisons principales.

Les choses spirituelles s’opposent à la nature humaine

Tout ce qui les concerne se situe aux antipodes de cette nature, en particulier dans deux domaines. Tout d’abord, celui de la foi, car l’homme n’accepte pas naturellement d’être justifié par la justice d’un autre. Il lui est dur de se reconnaître insensé pour obtenir la sagesse, et de tout perdre afin d’être sauvé. Le domaine de la pratique ne concorde pas non plus avec la nature de l’homme.

Le renoncement à soi s’oppose à son caractère.

Il est dur d’abandonner sa propre sagesse et de se voir comme un aveugle, de renoncer à sa propre volonté afin de la fondre en celle de Dieu. Il est difficile de s’arracher l’œil droit, de décapiter et crucifier ce péché favori qui repose le plus près du cœur. La nature de l’homme refuse de mourir à l’égard du monde et de découvrir le contentement au sein du besoin. Elle ne veut pas se charger de sa croix pour suivre Christ, non seulement dans les voies dorées de la gloire, mais aussi sur le chemin ensanglanté du sacrifice. L’homme n’adopte pas facilement la vie spirituelle lorsque celle-ci se revêt de l’habit de deuil et se dépouille de tout joyau. Tout cela s’oppose à sa nature et il lui faut l’apprendre.

L’examen de soi s’oppose aussi à la nature humaine.

Celle-ci n’accepte pas volontiers que le cœur et la vie soient démontés et mis en pièces, comme le ferait un horloger. Cet exercice se dresse comme une sorte d’inquisition spirituelle, de tribunal de la conscience, qui cherche à percer ce qui repose au plus profond de l’âme.

Il n’est pas aisé pour l’homme de se saisir de la lampe de David et de traquer le péché là où il se tapit (Psaume 119:105). Mais il doit aller plus loin encore et siéger en juge pour passer la sentence sur soi-même (2 Samuel 24:17). Ces choses s’opposent à sa nature, et il ne les atteindra jamais sans s’exercer à les apprendre.

La réformation de vie s’oppose encore à la nature humaine.

Un homme ne marche pas à l’opposé de lui-même, en suivant un courant contraire à sa nature, sans que sa vie n’ait été transformée. Quiconque avance dans la voie de la vie spirituelle ne suit plus le cours habituel de la nature.

Il faut exercer une force violente pour qu’une pierre s’élance vers le haut, car sa nature ne la propulse pas dans cette direction. De même, l’âme de l’homme a besoin d’un effort puissant pour se tourner vers le ciel.

Cet homme doit apprendre auprès de Dieu où puiser cette force, car la chair et le sang n’ont aucune capacité dans ce sens. Le naturel ne peut pas plus chasser la nature que Satan ne peut se chasser lui-même. 

Les choses spirituelles surpassent la nature humaine

Certains domaines de la nature sont difficiles à découvrir, comme par exemple la cause derrière toutes circonstances. Il faut, pour les saisir, s’adonner à des recherches et des études. 

Que dire alors du domaine spirituel, qui appartient à une sphère supérieure à celle de la nature et au-delà de l’étude approfondie de l’homme ? Qui découvrira par lui-même des doctrines comme celles de la Trinité, de l’union hypostatique en la personne de Jésus, ou du mystère de la foi qui croit contre toute espérance ?

Dans de tels domaines, seule la lumière de l’Esprit divin peut allumer notre chandelle. L’apôtre appelle cela « les profondeurs de Dieu ». L’Évangile regorge de joyaux qui sont cependant inaccessibles à la raison et aux sens naturels. Les anges des cieux eux-mêmes désirent plonger leur regard dans ces choses, mais ne peuvent les comprendre sans que Dieu ne les leur révèle (1 Pierre 1:12).

Implorons donc l’Esprit de Dieu afin qu’il nous enseigne, car nous devons l’être de manière « divine ». L’eunuque éthiopien lisait Ésaïe, mais il ne comprenait rien avant que Philippe ne vienne se joindre à lui. Dieu doit nous enseigner si nous voulons apprendre.

Nous avons besoin de lumière

On peut lire les chiffres sur le cadran solaire, mais il faut que le soleil brille pour nous donner l’heure. Pareillement, même si nous lisons la Bible entière une centaine de fois, nous n’en apprendrons cependant rien jusqu’à ce que l’Esprit de Dieu brille en notre cœur (2 Corinthiens 4:6). Supplions donc cet Esprit divin ! Dieu se réserve la prérogative royale d’enseigner :

Moi, l’Éternel, ton Dieu, je t’instruis pour ton bien (Ésaïe 48:17)

Les pasteurs peuvent nous faire la leçon, mais seul Dieu enseigne. Nous avons perdu l’ouïe et la vue. En conséquence, nous gisons dans une complète incapacité d’apprendre. Depuis le jour où Ève écouta le serpent, notre race a été plongée dans la surdité. Depuis l’instant où elle regarda avec envie l’arbre de la connaissance, nous avons été aveugles. Mais, quand Dieu vient enseigner, il ôte ces obstacles (Ésaïe 35:5).

Nous sommes morts par nature (Éphésiens 2:1). Qui ira se préoccuper d’instruire un mort ? Pourtant, voici que Dieu entreprend de faire comprendre des mystères à des hommes morts ! Il est le Pédagogue par excellence. C’est là la raison pour laquelle la prédication de sa Parole agit avec tant de différence sur l’un ou sur l’autre.

Nous avons besoin de l’Esprit

Deux hommes écoutent le message, assis côte à côte. L’un fait l’objet d’une œuvre efficace, mais l’autre demeure insensible comme un enfant mort-né sur la poitrine de sa mère, sans chercher à se nourrir. Quelle en est la raison ? Le vent céleste de l’Esprit a soufflé sur le premier, mais n’a pas touché le second. L’un a reçu l’onction de l’Esprit qui lui enseigne toutes choses (1 Jean 2:27), alors que l’autre n’a rien connu. L’Esprit de Dieu parle avec douceur, mais de manière irrésistible quand il veut. Seuls ceux dont le front a reçu le sceau divin peuvent se joindre à la doxologie céleste et chanter le nouveau cantique de l’Agneau (Apocalypse 14:6). Les hommes réprouvés en sont incapables. Ceux qui veulent connaître et manier les mystères du salut doivent avoir reçu ce sceau de l’Esprit.

Que notre prière s’élève vers Dieu pour lui demander d’insuffler son Esprit dans sa Parole. Laissons sa promesse transporter et fortifier notre prière :

Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent (Luc 11:13)

Apprendre Christ ne vient pas naturellement, mais doit être appris avec beaucoup de diligence et de détermination.


Cet article est tiré du livre : Le contentement est un don de Dieu de Thomas Watson