Les chrétiens devraient-ils épargner en vue de la retraite ? (John Piper)

Tout notre argent est l’argent de Dieu, et cette réalité profonde soulève toutes sortes de questions sur le fait d’être de bons intendants des dons de Dieu, comme cette question d’un auditeur du podcast nommé Collin, qui se trouve dans une situation délicate alors qu’il envisage une carrière de conseiller financier.

« Pasteur John, que diriez-vous à un jeune homme ou à une jeune femme qui désire poursuivre une carrière de conseiller financier ? Un chrétien devrait-il servir les autres en les aidant à planifier financièrement leur retraite, ou pensez-vous que cela promeut un gâchis impie de la retraite ? Je veux aider les autres à gérer leur argent pour l’amour de Christ, mais la perspective faussée de notre société sur la retraite me fait réfléchir à deux fois avant d’entrer dans cette profession. Un chrétien peut-il servir les autres et les aider à planifier leur retraite – même une retraite américaine très typique – avec une conscience claire ? La planification financière est-elle une vocation chrétienne digne de ce nom ? »

Dieu possède tout

Si je ne croyais pas que la planification financière était une vocation chrétienne digne, je n’aurais pas parlé à la réunion annuelle de « Kingdom Advisors » (trad. Conseillers du Royaume) il y a quelques semaines. En fait, si Collin n’est pas familier avec le « Ron Blue Institute », il parraine cet événement encourageant la planification financière chrétienne depuis une trentaine d’années. Je l’encouragerais, lui et d’autres, à se renseigner à leur niveau.

Ron Blue y consacre sa vie depuis des décennies. En fait, je me suis assis à côté de lui lors d’un dîner, et je lui ai demandé : « Pouvez-vous décrire en une phrase ce que vous avez fait pendant 30 ans ? » Il n’a même pas hésité. Il a dit : « Dieu possède tout. » C’est ça.

En d’autres termes, ça ne vous appartient pas. Votre argent n’est pas le vôtre, point final. Ce qui vous met dans une position très, très précaire. Ça appartient à Dieu, et vous l’avez dans votre banque et dans votre poche. Attention. Vous pourriez devenir un voleur ou un mauvais gestionnaire.

Dieu vous a donné la possibilité de l’obtenir, bien entendu. C’est la raison pour laquelle nous faisons l’erreur de penser que c’est à nous. Il vous appelle à être un intendant, un gestionnaire, pas un propriétaire. Il vous appelle à l’administrer pour ses desseins, pas pour vos propres desseins.

Nous achetons ce que nous aimons

L’argent est une monnaie, n’est-ce pas ? C’est-à-dire que c’est un moyen d’échange culturellement accepté pour ce à quoi vous accordez de la valeur. Vous ne voulez pas du papier. À quoi ça sert ?

Vous ne pouvez pas le manger. Vous ne pouvez pas manger le métal dans votre poche appelé pièces. Vous ne pouvez pas manger les octets sur Internet. C’est supposé être ce que vous avez à la banque (j’espère que c’est là, en tout cas). Tout se fait par banque en ligne maintenant. Qu’est-ce que l’argent de toute façon ? C’est juste du papier. C’est du métal. Ce sont des octets sur Internet.

Mais la façon dont vous le déplacez, ce pour quoi vous l’échangez, indique ce à quoi vous tenez. Par conséquent, l’argent devient un moyen d’adoration, de témoignage et d’amour, ou d’égoïsme. Nous pouvons chasser de notre esprit toute pensée selon laquelle l’argent est intrinsèquement mauvais. Il est intrinsèquement dangereux, car Jésus a dit qu’il est difficile pour les riches d’entrer dans le royaume des cieux.

L’argent exerce un pouvoir énorme pour essayer de nous asservir à ce monde. Mais si nous naissons de nouveau avec de nouvelles valeurs, de nouvelles préférences, de nouvelles choses que nous chérissons et que nous valorisons, alors l’argent peut devenir un instrument avec lequel nous montrons comment nous valorisons Dieu plus que l’argent.

Une bonne ossature est nécessaire

Faites beaucoup de bien aux gens par rapport à Dieu en devenant un conseiller financier. Cela devrait vouloir dire, je pense pour un chrétien, que vous avez vu ces choses dans la Bible et que vous voulez aider d’autres personnes à les voir et à agir en conséquence.

Vous avez vraiment besoin de clarté dans vos convictions si vous allez faire ça, parce que vous rencontrerez de nombreux challenges. Vous dites, Collin : « la perspective faussée de notre société sur la retraite me fait réfléchir à deux fois avant d’entrer dans cette profession. » Bien, bien. Je suis content que vous y réfléchissiez à deux fois. J’espère que vous y réfléchissez cent fois et qu’à chaque pensée vous vous tournez vers votre Bible pour obtenir sagesse et conseils.

Je vous suggère d’y penser de cette façon. Le fait même qu’il existe une perspective faussée de la retraite, même chez les chrétiens, est une raison de devenir un conseiller financier, un conseiller financier chrétien, imbibé de la Bible. C’est une raison d’en devenir un plutôt qu’une raison de ne pas en devenir un, à moins que vous n’ayez pas de conviction ou d’ossature.

Des objectifs qui volent en éclats

Les gens ont besoin d’aide. Les gens riches ont besoin d’aide. Ils ont l’air puissants, mais ils ont besoin d’aide. Ils ont besoin d’être libérés des présupposés de notre culture. Vous pouvez être d’une grande aide à cet égard si vous avez le courage de parler aux gens très riches de ce qu’ils devraient faire de leur argent. Mais vous devez établir cela sans tarder : vous ne serez pas un conseiller financier typique qui se contente de découvrir les objectifs de ses clients et qui les aide ensuite à les réaliser.

Vous voudrez façonner ces objectifs. Si ce n’est pas ce que vous voulez faire, alors ne devenez pas un conseiller financier chrétien. Vous ne seriez qu’une méduse dans le courant de la culture. Si vous n’avez pas le courage de faire cela avec des gens très puissants, alors n’allez pas dans ce domaine. Soyez un dauphin, pas une méduse, quand vous parlez aux riches.

Je pense qu’un conseiller financier chrétien devrait essayer d’aider les gens à avoir une vision de ce que peut être la retraite à partir d’une vision chrétienne du monde et de la vie.

Dans la Bible, il n’existe pas de retraite du ministère. Tout chrétien est un serviteur qui répond aux besoins des gens par ses dons. À la retraite, vous pouvez arrêter de faire une vocation rémunérée. Notre culture appelle cela la retraite. Ce n’est pas un bon mot. Mais vous ne vous retirez jamais du service actif. Dans un monde comme le nôtre, qui est si brisé, si nécessiteux, vous ne prenez jamais votre retraite.

Sortir des sentiers battus

Je viens de lire l’histoire de George Müller hier, qui a consacré sa vie aux nécessiteux, aux orphelins en particulier, pendant une cinquantaine d’années, jusqu’à l’âge de soixante-dix ans. Pendant les vingt années suivantes, il a fait ce qu’il voulait faire.

Il a voyagé dans 49 nations du monde en prêchant l’évangile, puis après avoir eu 90 ans, il est revenu à la maison et a repris le pastorat. Il est mort à l’âge de 95 ans.

Quelle vision folle, merveilleuse, belle, contre-culturelle de la soi-disant retraite. Donc, Collin, quand vous finissez en demandant : « Un chrétien peut-il servir les autres et les aider à planifier leur retraite – même une retraite américaine très typique – avec une conscience claire ? » Ma réponse est non, non, non, non.

Votre but n’est pas de conseiller une retraite américaine typique. Vous voulez que les gens se libèrent de ça. Vous encouragerez les gens à ne pas privilégier le jeu et les loisirs, mais à privilégier le service et le ministère. Vous deviendrez un spécialiste, et j’aurais besoin de votre aide. Beaucoup pourraient avoir besoin d’un spécialiste pour aider les gens à savoir comment utiliser leur argent à bon escient afin de maximiser ce genre de saison de fin de vie active et axée sur le ministère.


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts