Les chrétiens doivent-ils prier pour le pardon ? (John MacArthur)

Récemment, j’ai reçu un bulletin d’un de ces ministères reconnus pour enseigner que les chrétiens ne devraient jamais rechercher le pardon de Dieu. Dans un article en page couverture, le fondateur du ministère écrit :

Vous avez probablement entendu des gens qui prient ainsi : Et Seigneur, nous te demandons de nous pardonner tous nos péchés. Mais, un instant ! Pourquoi des chrétiens pardonnés demandent-ils le pardon à Dieu ? Ne croient-ils pas qu’ils sont pardonnés ? Et s’ils croient l’être, pourquoi alors demandent-ils sans cesse à l’être ? Leurs prières révèlent leur incrédulité.

Quelques paragraphes plus loin, il suggère ce qu’il croit être une meilleure façon de prier :

Combien de fois avez-vous entendu quelqu’un prier comme ceci : « Et Seigneur, je te remercie de ce que je me tiens devant toi comme un homme complètement pardonné. Je te remercie d’être aussi pur que la neige » ? Ces mots sont rares, mais ils réjouissent vraiment le cœur de Dieu, puisqu’ils démontrent la foi que cet homme place en Dieu, qui dit que nous sommes pardonnés en Christ (Ép 4.32). Vous ne pourrez jamais être à l’aise avec Dieu, si vous pensez qu’il est de plus en plus mécontent de vous. Pour vous sentir en sécurité, vous devez croire qu’il ne retient aucun péché contre vous. Voici un énoncé audacieux : il est impensable pour un chrétien de demander pour la énième fois le pardon de Dieu pour un grand péché, puis de se blottir près de lui. Il aura l’impression d’abuser de la patience de Dieu.

Il y a un problème majeur avec cette approche du sujet du pardon : c’est exactement le contraire de ce que l’Écriture enseigne.

Ce que l’Écriture enseigne

Christ a clairement enseigné à ses disciples à dire en priant : 

« pardonne-nous nos péchés » (Lu 11.4). 

Ceux qui sont contre le fait de prier pour le pardon essayent généralement de justifier cette expression de la prière du Seigneur, en suggérant qu’elle appartient à une autre dispensation, soit à celle de l’Ancienne Alliance sous la loi mosaïque, soit à une quelconque dispensation légale encore à venir. Ils croient que Jésus enseignait la loi et non la grâce quand il a donné le « Notre Père ». Ils insistent donc sur le fait qu’enseigner aux gens à prier Dieu pour le pardon, c’est comme vivre sous la loi et non sous la grâce. Et s’attendre à ce que les chrétiens prient selon le modèle du « Notre Père », est, selon eux, légaliste.

Un homme, qui défend ce point de vue, m’a écrit une lettre dans laquelle il dit :

La prière du Seigneur appartient à l’époque de l’Ancienne Alliance, alors que la loi et non la grâce était en usage. Y a-t-il un croyant aujourd’hui qui s’imagine réellement que le pardon de Dieu dépend de notre manière de pardonner, et qu’ainsi, nous gagnons son pardon en pardonnant aux autres ? Est-il vrai que si je ne pardonne pas, Dieu ne me pardonnera pas ? Les chrétiens ont-ils à craindre que Dieu n’accordera pas son pardon aux croyants qui refusent de pardonner à ceux qui leur ont fait du tort ? Nous devons en conclure que les dispositions de la prière du Seigneur relèvent de la loi et non de la grâce. Le pardon conditionnel ne s’applique pas aux chrétiens.

Une justice imputée par la foi seule

Ce point de vue révèle une incompréhension fondamentale. Le pardon n’est pas offert en termes différents à l’époque de l’Ancien et à l’époque du Nouveau Testament. Même sous l’Ancienne Alliance, le salut était toujours accordé par grâce et non par la Loi. Les croyants étaient justifiés par la foi seule, non par les œuvres. Tout le propos de Paul dans Romains 4 démontre que les sauvés de tous les temps sont rachetés exactement de la même manière qu’Abraham : sur la base d’une justice imputée par la foi seule (v. 1-5). Cela inclut les saints de l’Ancien Testament vivant sous la loi de Moïse, comme David (v. 6-8). Leurs péchés sont pardonnés de la même manière que le sont les nôtres, et ils ont aussi été revêtus d’une justice parfaite qui leur a été imputée par la foi.

En d’autres mots, limiter le « Notre Père » à l’époque de l’Ancien Testament, ou à toute autre dispensation, n’altère en rien le fait évident que Jésus enseignait aux personnes déjà justifiées qu’elles devraient prier pour le pardon de Dieu.


Cet article est tiré du livre : Le pardon de John MacArthur