Les dangers qui guettent les jeunes chrétiens (John C. Ryle)
Chaque âge et chaque condition a ses tentations et ses pièges particuliers, et il est bon de les connaître. Celui qui est averti d’avance est armé d’avance. Si je réussis seulement à vous persuader de vous tenir en garde contre les dangers que je vais signaler, j’aurai rendu à vos âmes un service important.
1. Gardez-vous de l’orgueil
L’orgueil est le plus ancien péché du monde. Il existait même avant lui. Satan et ses anges sont tombés par orgueil ; ils n’étaient pas satisfaits de leur premier état, et c’est ainsi que l’enfer fut pourvu par l’orgueil de ses premiers habitants. Ce fut l’orgueil qui chassa Adam du paradis. Il ne fut pas content de la place que Dieu lui avait assignée. Il voulut s’élever, et il tomba. C’est ainsi que le péché, la souffrance et la mort firent par l’orgueil leur entrée dans le monde.
Nous sommes nés orgueilleux
L’orgueil existe naturellement dans tous les cœurs : nous sommes nés orgueilleux. L’orgueil nous rend satisfaits de nous-mêmes ; nous nous trouvons bien tels que nous sommes ; il ferme nos oreilles aux avertissements, il repousse l’Évangile. Mais il ne règne nulle part avec autant de puissance que dans le cœur des jeunes gens.
Combien de fois ne voit-on pas des jeunes gens opiniâtres, altiers, ne pouvant supporter un conseil ! Combien qui refusent de prêter la moindre attention à ce que dit une personne plus âgée qu’eux ; pleins d’eux-mêmes et croyant tout savoir ; ils regardent les gens âgés, et leurs parents surtout, comme des êtres bornés, tristes et lourds. Ils croient n’avoir eux-mêmes besoin d’aucune instruction ; ils se fâchent si on leur en parle, et se flattent de tout savoir, de tout comprendre.
Le Fils prodigue
Tel fut l’enfant prodigue de la parabole, qui voulut absolument avoir sa part des biens qui devaient lui échoir, et se diriger par lui-même. Il ne put se soumettre à vivre tranquillement sous le toit de son père, mais il voulut aller dans un pays éloigné et être son propre maître, semblable à ce petit enfant qui abandonne la main de sa mère et veut marcher seul ; bientôt, il fut puni de sa folie : il ne devint plus sage que quand il eut mangé des carouges avec les pourceaux — et il y en a beaucoup comme lui.
Regardez au grand exemple que nous a donné notre Seigneur Jésus-Christ : il lavait les pieds de ses disciples et disait : « Vous devez faire comme je vous ai fait » (Jn 13.15). Il est écrit que, « quoiqu’il fût riche, il s’était fait pauvre pour nous, afin que, par sa pauvreté, nous fussions rendus riches » (2 Co 8.9) ; et encore :
« Il s’est anéanti lui-même en prenant la forme d’un serviteur et se rendant semblable aux hommes, et ayant perdu comme un homme il s’est abaissé lui-même » (Ph 2.7,8).
Jeunes gens, si vous voulez être sages, si vous voulez être heureux, gardez-vous de l’orgueil.
2. Tenez-vous en garde contre l’amour du plaisir
La jeunesse est la saison des passions fortes ; c’est le temps où nous avons en général le plus de santé, de force, et où la mort nous paraît lointaine ; où jouir de la vie semble à première vue le premier de tous les biens. La jeunesse est le temps où l’on se préoccupe le moins des inquiétudes et des soucis terrestres, et où l’on pense le plus au plaisir. Si vous demandez à des jeunes gens quel est celui qu’ils servent, la plupart pourront vous répondre : « Je sers les convoitises et les plaisirs. »
Jeunes gens, le temps me manquerait si je voulais vous parler de tous les fruits amers de l’amour des plaisirs et de toutes les voies de perdition dans lesquelles il pourrait vous entraîner. Tout ce qui cause un sentiment d’exaltation charnel, qui attire nos pensées et tient notre esprit dans un continuel tourbillon, tout ce qui plaît aux sens et est agréable à la chair, voilà les choses qui exercent le plus grand empire sur votre vie, et ils doivent cet empire à l’amour du plaisir. Tenez-vous donc sur vos gardes et ne soyez pas, comme ceux dont parle Saint Paul, « amateurs de voluptés plutôt que de Dieu » (2 Ti 3.4).
Considérez ce que dit l’apôtre Pierre :
« Abstenez-vous des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme » (1 Pi 2.2).
Elles détruisent la paix de l’âme, ruinent sa force et la retiennent dans une rude captivité.
Le septième commandement
Et ici je n’hésite pas à avertir tous les jeunes gens de se rappeler le septième commandement : de se garder de l’adultère, de la fornication et de toute impureté.
La violation du septième commandement laisse sur l’âme des cicatrices plus profondes qu’aucun autre péché que l’homme puisse commettre. C’est un péché qui compte des milliers de victimes de tous les âges. Il a fait tomber plusieurs des saints hommes des temps passés : Lot, Samson et David en offrent d’effrayants exemples. C’est le péché que l’homme commet le sourire sur les lèvres, qu’il déguise et adoucit en lui donnant les noms de mondanité, de légèreté, d’entraînement, d’irrégularité. Mais c’est le péché qui réjouit le plus Satan, car il est, lui, « un esprit impur », et c’est celui que Dieu a surtout en abomination et qu’il déclare « qu’il jugera » (Ro 13.4).
Jeunes gens, « fuyez la fornication » (1 Co 6.18), si vous aimez la vie.
« Que personne ne vous séduise par de vains discours, car c’est à cause de ces choses-là (la fornication, l’impudicité) que la colère de Dieu vient sur les enfants rebelles » (Ép 5.5,6).
3. Gardez-vous de l’irréflexion et de l’imprudence
L’irréflexion est la cause de la perte éternelle de bien des milliers d’âmes. Les hommes n’aiment pas à réfléchir. Ils ne veulent pas regarder dans l’avenir, ils ne veulent pas regarder autour d’eux, ils ne veulent pas arrêter leurs pensées sur la fin de leur vie, ni sur les conséquences certaines de la voie qu’ils suivent, et ils finissent par se réveiller et par trouver qu’ils sont damnés pour n’y avoir pas réfléchi.
Jeunes gens, ce danger est particulièrement le vôtre ; vous connaissez peu de chose des périls qui vous entourent, et alors vous marchez sans précautions. Vous craignez la fatigue d’une réflexion raisonnable et suivie, et par suite vous prenez de mauvais partis, et vous vous jetez tête baissée dans le malheur. Le jeune Ésaü veut absolument avoir le potage préparé par son frère, et il lui vend son droit d’aînesse ; il n’avait jamais réfléchi combien il en aurait besoin un jour.
Les jeunes Siméon et Lévi voulurent absolument venger leur sœur Dina, et tuer les habitants de Sichem. Ils n’avaient pas réfléchi combien ils causeraient par là de trouble et d’angoisse à leur père Jacob et à sa famille. Job semble avoir été tout spécialement effrayé de cette irréflexion pour ses enfants ; car il est écrit que, quand ils revenaient d’une fête et que les jours de leurs festins étaient achevés, Job les faisait venir et les purifiait, et, se levant de bon matin, il offrait des holocaustes pour chacun d’eux, « car, disait-il, peut-être que mes enfants auront péché et blasphémé contre Dieu dans leurs cœurs » (Job 1.5) ; et Job faisait toujours ainsi.
Jeunes gens, apprenez à être réfléchis, à considérer ce que vous faites et où vous allez. Prenez votre temps pour réfléchir avec calme. Entretenez-vous en silence avec votre propre cœur, et ne vous perdez pas par pur manque de réflexion.
4. Gardez-vous de mépriser la religion
C’est encore là une grande source de dangers parmi vous. J’ai toujours observé qu’il n’est personne qui fasse profession de respecter si peu extérieurement la religion, que les jeunes gens ; personne qui prenne si peu de part aux services religieux, qui soit si peu attentif aux moyens de grâce, qui fasse si peu d’usage de la Bible, qui se mêle si rarement au chant des cantiques, qui écoute si mal les prédications.
Le mépris des choses saintes est la grande route de l’incrédulité ; une fois qu’un homme a commencé à se railler du christianisme ou de ce qui s’y rattache, je ne suis jamais surpris d’apprendre qu’il soit devenu entièrement incrédule.
Jeunes gens, avez-vous sérieusement envisagé l’abîme ouvert sous vos pas si vous persistez à mépriser la religion ? Rappelez-vous ces paroles de David :
« L’insensé a dit en son cœur : Il n’y a point de Dieu » (Ps 14.1).
Quel autre, qu’un insensé, peut avancer ce blasphème ? D’ailleurs, il l’a dit, mais il ne l’a jamais prouvé. Rappelez-vous que, s’il y eut jamais un livre qui fût vrai d’un bout à l’autre, c’est la Bible. Ce livre a défié les attaques de tous ses ennemis et tous ses critiques. La Parole de Dieu a été éprouvée de plusieurs manières : plus elle a été critiquée, plus il en est ressorti avec évidence qu’elle est l’œuvre même du Saint-Esprit.
Ne vous moquez jamais de la religion, ne faites jamais des plaisanteries sur les choses sacrées, ne vous riez pas des gens sérieux qui se préoccupent du salut de leurs âmes. Le temps viendra où vous trouverez bienheureux ceux dont vous vous serez moqués ; alors votre rire sera changé en tristesse, et votre moquerie en remords.
5. Gardez-vous de la crainte de l’opinion des hommes
La crainte de l’homme fait tomber dans le piège (Pr 29.25).
Cette pensée, « que diront de moi mes amis ? », détruit un bon nombre de bonnes inclinations dans leur germe. La crainte d’être remarqué, moqué, tourné en ridicule, empêche de nombreuses bonnes habitudes de prendre racine. Bien des gens liraient volontiers leur Bible, s’ils l’osaient : ils savent que c’est un devoir ; mais que diront les gens ? Bien des genoux peut-être plieraient ce soir même pour prier, qui sont arrêtés par la crainte des hommes. Que diraient ma femme, mon frère, mon ami, mon compagnon, s’ils me voyaient prier ? Hélas ! quel détestable esclavage, et combien il est commun ! « Je craignais le peuple », disait Saül à Samuel ; et c’est ainsi qu’il transgressa le commandement de l’Éternel (1 S 15.24).
Jeunes gens, je désire vous voir délivrés de cette servitude, et vous voir peu soucieux de l’opinion des hommes, quand le sentier du devoir est clair. Croyez-moi, c’est une grande chose que de savoir dire non : c’était le côté faible du bon roi Josaphat ; il consentit trop facilement à agir de concert avec Achab, et il en résulta beaucoup de malheurs (1 R 22.4). Apprenez à dire non, sans vous laisser arrêter par la crainte d’être trouvés d’un caractère difficile. Quand les pécheurs cherchent à vous enlacer, sachez dire courageusement : « Non ! »
Rappelez-vous ces paroles de Jésus :
« Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus ; mais plutôt craignez celui qui peut perdre l’âme et le corps dans la géhenne » (Mt 10.28).
Prenez donc bon courage, jeunes gens ! Ne vous inquiétez pas de ce que le monde pense ou dit ; vous ne serez pas toujours de ce monde. L’homme peut-il sauver votre âme ? Non. L’homme sera-t-il votre juge lors du grand et redoutable jour des rétributions ? Non. L’homme peut-il vous donner une bonne conscience pendant la vie, une bonne espérance dans la mort et une bonne réponse au matin de la résurrection ? Non, trois fois non ! À tout cela, l’homme ne peut rien.
Tels sont les avertissements que je vous donne, serrez-les dans votre cœur ; ils méritent que vous y pensiez sérieusement. Je serais bien surpris, s’ils ne vous étaient pas de la plus grande nécessité ; Dieu veuille qu’ils ne vous aient pas été donnés en vain !
Cet article est tiré du livre : Exhortations aux jeunes chrétiens de John Charles Ryle