Les différences entre les visions musulmane et chrétienne de la souveraineté de Dieu (John Piper)
Dans un autre épisode, nous avions mentionné que Pasteur John était revenu des Émirats arabes unis. Vous connaissant, Pasteur John, je suppose que vous êtes revenu avec des pensées théologiques fraîches qui couvent dans votre esprit. Y a-t-il donc quelque chose de théologique que vous voulez partager de votre voyage ?
L’une des choses qui ne cessent de mijoter depuis mon retour – et c’est probablement l’enseignement théologique et missiologique le plus important que j’ai reçu au cours de ce voyage, qui a fait office de leçon pour moi – est issue d’une conférence que je donnais sur la souveraineté de Dieu. Je veux dire que j’ai vraiment insisté sur la souveraineté absolue de Dieu sur toutes choses. Il contrôle toutes choses pour le bien de son peuple et la gloire de son nom. Et un interlocuteur a levé la main et a dit : « Cela ressemble beaucoup à la vision musulmane de la souveraineté de Dieu ». Et vous entendez, ici aux Émirats arabes unis, « Si Dieu le veut, si Dieu le veut, si Dieu le veut », tout le temps. Et dans la vision musulmane, Dieu peut faire tout ce qu’il veut. Et ils utilisent en fait le nom de « Capricieux » pour Dieu.
La nature capricieuse d’Allah
Je me trouvais dans la deuxième plus grande mosquée du monde, devant le plus grand mur des cent noms de Dieu, sous le plus grand lustre de son genre, debout sur le plus grand tapis tissé à la main (c’est ainsi qu’on le décrit quand on y est). Et mon ami Mike était là pour tout m’expliquer. Il me montrait les noms en arabe les uns après les autres. Et il m’a dit : « Celui qui est là-haut est généralement traduit par capricieux, ce qui veut dire que Dieu est libre ; il peut faire tout ce qu’il veut. »
Voici ce que j’ai réalisé pendant que j’essayais de réfléchir à tout cela : quelle est la différence entre ma vision de la souveraineté biblique de Dieu et la vision musulmane de Dieu comme étant capricieux ? Les autres noms de Dieu qu’ils ont sur ce mur sont Sage et Juste et Bon et Compatissant. Et je me suis dit : « Au fond, le nom de Capricieux les rend pratiquement insignifiants, parce que si Dieu peut faire tout ce qu’il veut – c’est-à-dire si vous vous tenez devant lui et qu’il peut vous envoyer en enfer ou au ciel de façon capricieuse, sans référence à sa bonté, sans référence à sa justice, sans référence à sa compassion – alors à quoi servent ces noms ? Ils n’ont aucun sens s’il y a ce sentiment général de caprice. »
Et je pense que dans la rue, cela régit vraiment beaucoup de ce que ressentent les musulmans. Ils savent que Dieu est comme ça et, par conséquent, « que sera, sera » : au bout du compte, je ferai de mon mieux avec mes cinq actes de dévotion, mais il peut faire de moi ce qu’il veut, et je peux aller au ciel, ou je peux aller en enfer.
Justice et droiture
Voici donc un nouvel éclairage. Au centre de notre religion, au centre du christianisme, se trouve Romains 3.25 qui se lit comme suit :
« C’est lui [Christ] que Dieu a destiné à être, par son sang pour ceux qui croiraient, victime propitiatoire, afin de montrer sa justice, parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience. »
C’est là que se trouve maintenant le centre de notre foi. Dieu a envoyé Christ, et il l’a envoyé mourir afin d’être une victime propitiatoire – c’est-à-dire pour ôter sa propre colère. Dieu nous a aimés en écartant de nous sa propre colère en faisant en sorte que Jésus, par son sang, absorbe la colère qui était due à nos péchés. Voilà le cœur de l’Évangile chrétien. Et il dit que la raison pour laquelle il l’a fait était de montrer sa justice ou sa droiture. Pourquoi avait-il besoin de montrer sa justice et sa droiture ? « Parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience. »
Dieu justifie sa justice
Maintenant, réfléchissez à cela et à ce que cela signifie pour la souveraineté de Dieu. Dieu avait laissé impunis les péchés commis auparavant. Il avait pardonné à Abraham et à David son adultère et le meurtre d’Urie (voir 2 Samuel 11). Il avait laissé ces péchés impunis. À quoi cela ressemblait-il ? Eh bien, Paul a dit qu’il avait l’air injuste, parce qu’il avait l’air d’accepter de rabaisser sa gloire, ce à quoi le péché consiste :
« Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3.23).
Ainsi, Dieu agit ici comme si le rabaissement et le déshonneur de sa gloire n’avaient pas d’importance. Et cela est injuste de la part de Dieu. Il est injuste de sa part de traiter la gloire infiniment précieuse de Dieu comme si elle n’avait aucune valeur. Et donc, Dieu, afin de faire valoir sa justice et de démontrer sa juste allégeance à la valeur de sa gloire, envoie son Fils pour réparer cela. Or, c’est une chose qui, dans l’Islam, ne serait jamais nécessaire, car Dieu n’a pas à faire quoi que ce soit pour réparer quoi que ce soit. Dieu est libre de prendre une personne comme David et de dire : « Je vais juste laisser ton meurtre d’Urie et ton viol de Bethsabée impunis. Je suis libre de faire cela. »
Les attributs parfaits de Dieu
Ce que je réalise maintenant, c’est que la souveraineté de Dieu telle que la présente la Bible se trouve dans la constellation des autres attributs de Dieu – sa justice et sa miséricorde, sa grâce et sa sagesse, de sorte que lorsque Dieu laisse un viol et un meurtre impunis, quelque chose doit être donné en échange. Quelque chose doit être fait dans l’univers, afin que l’on ne se contente pas de dire : « Eh bien, Dieu est capricieux et il peut faire ce qu’il veut », mais, au contraire, « Dieu est juste, et il est saint, et il ne laisse pas le péché être balayé sous le tapis de l’univers ». Et donc, qu’a-t-il fait ? Il a envoyé son propre Fils dans le monde afin de démontrer la justice de Dieu.
Le résultat est donc que la vision chrétienne de la souveraineté de Dieu et la vision musulmane de la souveraineté de Dieu sont profondément différentes, car dans la vision chrétienne, sa souveraineté est guidée ou façonnée par les autres attributs de Dieu. Les musulmans ont tendance à penser que si Dieu doit faire preuve d’un certain sens de la justice ou d’un certain sens de la droiture, de la miséricorde ou de la compassion, alors il est limité. Mais la réponse est qu’il n’est pas limité parce que ces attributs ne sont pas en dehors de lui, le gouvernant comme des contrôleurs venus d’une autre source. Ils sont à l’intérieur de lui. Ils sont ce qu’il est.
Ce qui rend la souveraineté de Dieu difficile à comprendre
Et donc, cela m’a beaucoup éclairé sur le fait qu’au centre de notre foi se trouve un Dieu actif qui montre comment sa souveraineté cohabite avec sa justice, et je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles les musulmans trouvent l’évangile – la mort substitutive de Christ – si difficile à comprendre. Ce n’est pas seulement que dans leur tradition, Christ n’est pas mort et n’est pas ressuscité d’entre les morts. Je pense que tout cela est tout à fait secondaire par rapport au fait qu’étant donné leur vision de Dieu, une telle chose est absurde, que Dieu, étant aussi libre qu’il l’est, n’aurait jamais besoin d’envoyer son Fils dans le monde pour mourir afin de justifier sa justice.
Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts